La porte-parole de la Ville, Émélie Trinque, indique que l’autorisation pour la coupe des arbres visés, incluant « des épinettes malades, des érables argentés nuisant à la croissance des arbres voisins, un saule pleureur atteint d’une carie importante et un pin blanc compromettant le maintien des activités de golf et la réalisation de travaux liés à un projet d’aménagement autorisé […] a été délivrée après une analyse rigoureuse et une inspection menée par un technicien en environnement spécialisé dans l’évaluation des arbres, conformément à la réglementation municipale en vigueur et du Règlement de contrôle intérimaire de la Communauté métropolitaine de Montréal ». En guise de compensation, la Ville a demandé au Club de planter un nouvel arbre pour chaque arbre abattu. Mme Trinque ajoute que « des discussions ont eu lieu et se poursuivent afin de sensibiliser le Club de golf Belœil aux enjeux entourant l’abattage d’arbres sur son terrain et la volonté de la Ville de Belœil de maintenir et d’augmenter la canopée sur l’ensemble du territoire ».
Un groupe de citoyens, surnommé le « Collectif citoyen de la protection des espaces verts de Belœil », considère toutefois que le permis n’aurait jamais dû être émis alors que la majorité des arbres, matures voire centenaires, étaient toujours en parfaite santé selon leurs observations et qu’il aurait été possible de simplement les émonder au lieu de les couper complètement. Représentant le collectif, le paysagiste Stéphane Renaud trouve aberrant de couper des arbres de plus de 60 ans simplement pour favoriser la pratique du golf sur le terrain. « Ont-ils déjà entendu parler des changements climatiques et des enjeux de déforestation? La canopée à Belœil est déjà extrêmement faible et le Golf est le seul parc digne de ce nom qu’on a ici. » Espérant sauver les quelques arbres restant, incluant un pin blanc centenaire, le groupe a demandé un moratoire sur la coupe d’arbres au Club de golf, sans succès. M. Renaud trouve aussi que planter un nouvel arbre est loin de compenser la perte d’un arbre mature. « Avec notre mouvement, on veut envoyer un message : on aime le Club de golf, mais on ne veut pas couper des arbres juste pour des caprices de quelques golfeurs », martèle Stéphane Renaud, lui-même un golfeur.
Pas la bonne cible, selon le Golf
Le directeur général du Club de golf Belœil, Benoit Laroche, se désole de voir de la résistance face à la coupe de quelques arbres sur les « 2000 à 2500 » se trouvant sur son terrain. « On est tous conscients que c’est important de protéger notre canopée et on aime nos arbres : ce sont eux qui font la beauté de notre terrain », soutient-il. Il ajoute que le Club a fait appel à un architecte pour produire un plan directeur qui doit notamment améliorer la sécurité et diminuer les balles perdues vers l’extérieur du terrain, ce qui a donné « un gros coup » avec la coupe de certains arbres qui gênent les activités. Il devrait toutefois y avoir beaucoup moins d’arbres coupés dans les années à venir. « Ce n’est pas un abattage massif qu’on fait. Je pense que ce groupe ne devrait pas s’en prendre à nous », poursuit M. Laroche.
Il anticipe, à l’occasion de l’assemblée générale des membres du Club de golf à venir dans les prochains jours, quelques commentaires de membres réfractaires au changement, mais ne pense pas que c’est un courant majoritaire au sein de ses membres. « Au contraire, je pense que la grande majorité est d’accord avec les changements qu’on apporte et que les gens seront heureux de savoir que ça bouge au Club de golf. »
Selon Benoit Laroche, rien dans le dossier des 20 arbres au Golf n’aurait pu être fait différemment, à l’exception d’une chose : il aurait souhaité entrer en contact plus tôt avec le Collectif citoyen de la protection des espaces verts de Belœil pour leur parler avant que ces derniers interpellent la Ville et le journal. Justement, des démarches ont été entreprises la semaine dernière pour organiser une rencontre entre le groupe, le Golf et des représentants de la Ville. « C’est en se parlant qu’on peut se comprendre », affirme Stéphane Renaud. « On ne pense pas qu’on pourra leur faire changer de position, mais on veut leur parler depuis le début et ça nous fera plaisir de les rencontrer », conclut le directeur général du Club de golf.