Selon le directeur général du Centre de services scolaire des Patriotes (CSSP), Luc Lapointe, l’organisation n’avait pas le choix de recourir à cette option « pour asseoir chaque élève » avant l’arrivée de la nouvelle école prévue dans les prochaines années. Et l’importante superficie de la cour de l’école Le Tournesol fait en sorte que l’impact sera moins significatif dans les prochaines années. « On agrandit souvent de l’intérieur, ce qui fait qu’on perd des locaux pour le service de garde, des classes d’anglais et de musique. Ces six locaux modulaires viennent donc répondre à un besoin », assure M. Lapointe. Le début des travaux préparatoires doit se faire à la fin de l’année scolaire, mais l’essentiel des travaux est prévu pour les vacances estivales.
Ce projet ne semble pas faire l’unanimité auprès du corps professoral de l’école. Une publication sur les réseaux sociaux, depuis supprimée, dénonce la décision du CSSP pour diverses raisons. « Ces modules seront installés dans la cour du troisième cycle. Il n’y aura pas de modules sanitaires, mais un corridor relié à la porte du service de garde. Les toilettes du gymnase seront utilisées par les élèves des modules. Il y a trois urinoirs et deux toilettes fermées pour les garçons et quatre toilettes fermées pour les filles. Ce n’est pas beaucoup », écrit une enseignante qui a requis l’anonymat.
Mais elle trouve particulièrement aberrant le fait que les travaux doivent débuter pendant la période des examens et que les modulaires ne doivent pas être utilisés avant l’année scolaire 2023-2024. « Avec les modules temporaires, il n’y aura plus de place pour nos élèves et il n’est pas possible d’utiliser le parc pour les plateaux de jeux, car le terrain ne peut être déneigé. Où les grands pourront-ils bouger? Tout ça pour des modules vides? », critique la publication. Cette enseignante estime que d’autres pistes de solution auraient pu être explorées, mais que le CSSP « impose ce projet » sans possibilité de discussion. « Le bien-être des enfants est loin de peser lourd dans la balance », croit-elle. Invitée à commenter ce projet, la direction de l’école Le Tournesol n’a jamais donné suite à la demande d’entrevue de L’ŒIL.
Du côté du Syndicat de Champlain, on reconnaît que « la clientèle en croissance dans le secteur ainsi que l’implantation possible des classes de maternelle 4 ans rendent l’ajout de modulaires à l’école Le Tournesol nécessaire afin de répondre aux besoins de la clientèle, et ce, jusqu’à la construction de la nouvelle école en 2024-2025 » et on précise que « l’équipe syndicale n’a pas reçu d’appel de membres enseignants mécontents au sujet des modulaires ». Élisabeth Charron, vice-présidente par intérim, section des Patriotes enseignants, ajoute que le Syndicat a cherché en vain des avenues différentes à proposer au CSSP. « Les modulaires sont inévitables dans les circonstances. »
Luc Lapointe insiste sur le côté temporaire de cette mesure. « La seule chose qui sera permanente, c’est le déplacement de poteaux de basketball. Il y a eu une rencontre du conseil d’établissement et les parents comprennent assez bien l’importance de ce projet. Je sens que c’est très bien reçu en général. » Il souligne au passage que le CSSP ne manque pas d’expérience avec les locaux modulaires et que la collaboration demeure très bonne avec la Ville de Belœil pour que les locaux temporaires respectent bien le plan d’urbanisme du secteur.
Du côté de la Ville, la conseillère municipale Renée Trudel reconnaît avoir entendu des questions et les préoccupations de citoyens du secteur quand les détails du projet ont été dévoilés. « On les comprend, même s’il s’agit d’une mesure temporaire. Des locaux modulaires, ce n’est pas parfait, mais les questions ont été redirigées par le CSSP et on espère que les gens ont eu des réponses à leurs interrogations et comprennent les raisons qui mènent à cette décision, même s’ils ne l’appuient pas nécessairement. »
2024 toujours dans la mire pour une nouvelle école
Dans un dossier connexe, le CSSP garde le cap sur son projet d’accueillir des élèves dans une nouvelle école à Belœil pour la rentrée 2024. Le directeur Luc Lapointe reconnaît toutefois que l’échéancier est très serré. « On travaille toujours étroitement avec la Ville pour identifier le bon terrain; il ne reste que quelques terrains disponibles encore envisagés et des démarches doivent aussi être faites auprès des propriétaires. On espère être en mesure d’annoncer le terrain retenu dans les prochaines semaines. À partir de ce moment-là, il faut prévoir 12 mois pour confectionner les plans et devis, puis 18 mois pour construire. C’est serré et il ne faut aucun pépin pour espérer ouvrir l’école pour septembre 2024. Si on manque cette fenêtre, on va perdre un an », indique le directeur général.
M. Lapointe espère que la future école, de même qu’un éventuel projet de reconstruction et d’agrandissement de l’école Le Petit-Bonheur, aussi à Belœil, pourront répondre à plus long terme aux besoins dans le secteur. « Le projet a évolué et on aimerait ajouter 13 classes à l’école Le Petit-Bonheur, ce qui augmenterait de plus du double sa capacité. »
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D’autres travaux
Le Centre de services scolaire des Patriotes a adopté le Plan d’investissement visant à entretenir, rénover, agrandir ou construire des bâtiments pour la prochaine année. Il comporte une enveloppe de 30 M$ pour des travaux qui doivent être réalisés durant l’été avant l’année 2023-2024. Dans la région, les principaux travaux au programme sont la réfection majeure à l’école secondaire Ozias-Leduc à Mont-Saint-Hilaire (d’un montant estimé à 4,7 M$), la réfection majeure à l’école secondaire Polybel à Belœil (environ 1,5 M$) et la réfection du gymnase à l’école primaire de l’Aquarelle à Mont-Saint-Hilaire (environ 265 000 $).