Le débat m’a tellement peu intéressé. L’hystérie collective m’a fasciné. Elle m’a brûlé aussi, au point de songer à me désabonner de Facebook tellement le phénomène a pris de l’ampleur.
Je veux profiter du débat pour souligner deux belles contradictions. D’abord celle du changement. Pourquoi changer la date? L’Halloween, c’est le 31, un point c’est tout, diront certains (alors que d’autres s’époumonent à nous le crier sur des vidéos).
Eh bien… bof. Quelques minutes de recherches viendront vous confirmer que les Québécois n’ont pas toujours fêté Halloween. Et avant de la fêter, comme bien des fêtes, nous nous sommes approprié cette fête à notre sauce. Avant d’être une fête de gobelin et de sorcières, Halloween, c’était All Hallows Eve, la veillée de la fête chrétienne de la Toussaint, ou soir de tous les saints. Comble de l’ironie, la fête de la Toussaint se célébrait habituellement après la Pâque, mais l’Église catholique aurait déplacé la fête au 1er novembre.
Ben drôle ça.
Et encore, avant de découler d’une fête chrétienne, la fête d’Halloween découlerait d’abord d’une tradition qui nous vient des Celtes, selon les historiens. La chrétienté s’est ainsi emparée de la fête de Samain. Pas la première fois que la chrétienté s’empare d’une fête païenne! Bon, je ne vous ferai pas l’histoire au complet, permettez-moi de tourner les coins ronds pour l’exercice.
Force aussi est d’admettre qu’avant les années 1960, les enfants ne couraient pas tellement les rues pour des bonbons dans le Québec francophone.
Facque tu dis que l’Halloween, ça s’est toujours fêté le 31 octobre? Ben dans le fond, tu veux dire que ça s’est toujours fêté le 31 pendant que toi, tu la fêtais. Avant toi, pas tant.
Notre rapport au changement est souvent biaisé. On a souvent tendance à croire que les choses se sont toujours faites d’une façon. Pourtant, il y a à peine 10 ans, qui avait un téléphone intelligent; qui avait une voiture dans sa cour il y a 100 ans?
Ben oui, déplacer la fête un vendredi. Je suis persuadé que nous avons scandalisé les Celtes.
Pour conclure l’aspect de changement, je vous relate une perle que j’ai lue cette semaine sur Internet, que je traduis librement de l’anglais. Ça disait : la définition de la tradition, c’est la pression sociale exercée par des gens morts.
Tirez-en ce que vous voulez.
Deuxième argument. On va en faire des moumounes.
C’est reconnu que l’Halloween est le point culminant de l’enfance, le rite de passage vers la dure réalité de la vie adulte. Une fête sous la pluie qu’il faut pénible, que seuls les endurcis traverseront. Affronter la vie contre quelques confiseries.
Eh ben. Moi qui pensais que c’était juste pour s’amuser!
6 novembre 2019 - 19:30
Des moumounes et des bonbons
Vincent Guilbault
Presque des airs de référendum cette bataille épique sur la date de l’Halloween. Chacun son clan; chacun son opinion surtout.
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