25 mai 2022 - 07:00
Élections générales à Belœil
Des pancartes bien moins chères pour Oser Belœil
Par: Olivier Dénommée
Selon les factures des différents candidats à Belœil à l'élection de 2021, le parti Oser Belœil de Nadine Viau (photo) a eu de loin les meilleurs prix pour l'impression de ses pancartes électorales.  
Photothèque | L'Œil Régional ©

Selon les factures des différents candidats à Belœil à l'élection de 2021, le parti Oser Belœil de Nadine Viau (photo) a eu de loin les meilleurs prix pour l'impression de ses pancartes électorales. Photothèque | L'Œil Régional ©

La lutte a été féroce entre les trois principaux partis à Belœil pour avoir un maximum de visibilité pendant la campagne électorale de novembre dernier, si bien que pour deux formations, environ la moitié de leur budget électoral a servi à l’impression de pancartes et de matériel promotionnel. Mais selon les analyses des factures effectuées par L’Œil Régional, tous les partis en lice n’ont pas bénéficié des mêmes prix. C’est Oser Belœil, de la nouvelle mairesse Nadine Viau, qui a eu droit aux tarifs les plus avantageux.

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Oser Belœil et Belœil, c’est nous! (équipe Luc Cossette) ont tous deux posé le même nombre de pancartes sur le territoire, soit 438. On note toutefois que la superficie des pancartes de l’équipe Nadine Viau atteignait 4000 pi2, alors que celles de Luc Cossette étaient plutôt de 2712 pi2. Belœil gagnant (équipe Diane Lavoie) ferme la marche avec 228 pancartes, d’une dimension totale de 1536 pi2.

Pourtant, Belœil gagnant a payé presque le même prix qu’Oser Belœil pour l’impression de ses pancartes, soit approximativement 5600 $ en coroplast, alors que Belœil, c’est nous! a dépassé la barre des 8000 $. Ces chiffres s’expliquent par le prix au pied carré obtenu par les différents partis : Oser Belœil a obtenu, et de loin, les meilleurs prix avec un taux fixe de 1,22 $/pi2, plus taxes. Ses rivaux ont pratiquement dû payer le double de ce prix, avec une moyenne de 2,10 $/pi2 dans le cas de Belœil, c’est nous! et un minimum de 2,50 $/pi2 pour Belœil gagnant.

Invitée à expliquer ses tarifs aussi avantageux, Nadine Viau a reconnu que de faire affaire avec les outils de l’entreprise Democratik lui a permis de sauver beaucoup d’argent dans cette campagne. « J’aurais voulu de tout cœur faire affaire avec un fournisseur de Belœil, mais quand j’ai vu leurs prix comparés à ceux de Democratik, le choix s’est imposé à nous. » Comme son parti a utilisé plusieurs services de cette même entreprise, elle a aussi bénéficié d’un prix de gros très intéressant. Elle assure toutefois ne pas avoir « reçu de faveur » de la part de Democratik avec ces prix. Notons tout de même qu’Oser Belœil a aussi obtenu un meilleur prix au pied carré que les deux partis de Mont-Saint-Hilaire qui ont fait affaire avec Democratik pour l’achat de leurs pancartes.

Son parti a aussi bénéficié de plusieurs autres services de Democratik, incluant son logiciel électoral et sa base de données. « On n’avait accès à rien avant qu’on ait l’aide de Democratik. C’est un très bel outil qui nous a sauvé des heures et des heures de travail. […] Et le pointage qu’on avait a correspondu pile-poil au résultat de l’élection! On nous a peut-être critiqués lorsqu’on a publié notre sondage maison, mais le résultat était exact! », note Mme Viau.

Selon elle, si son parti est le seul à avoir travaillé avec cette entreprise qui offre d’aussi bons prix, c’est parce qu’il était le seul à le connaître. Or, les autres candidats sondés avaient au moins déjà entendu parler de Democratik et certains avaient même regardé les prix qu’il offrait pour divers services. « Et c’était trop cher pour mon budget. C’est un service de ligue majeure », répond Luc Cossette, de Belœil, c’est nous!, qui a plutôt utilisé le logiciel Vote Rapide pour gérer sa base de données… qui lui a finalement coûté sensiblement le même prix que le logiciel Democratik. « Le nerf de la guerre, ça passe par les bases de données, leur précision et la façon avec laquelle elles sont gérées. Mon système m’a coûté 1300 $ plus taxes et j’ai dû moi-même entrer les données », note-t-il. Belœil gagnant n’a pour sa part enregistré aucune dépense liée à des logiciels de bases de données.

Graphisme à l’interne
D’autres montants qui frappent l’imaginaire sont les différences dans les coûts associés au graphisme des différents outils publicitaires. Si Belœil gagnant et Belœil, c’est nous! ont tous deux consacré plus de 3000 $ de budget pour cette dépense, Oser Belœil s’en tire avec 860 $ à peine. « On a trouvé quelqu’un de bien qui a fait du bon travail pour pas trop cher [avec un tarif horaire de 40 $], mais on a aussi fait beaucoup de choses à l’interne, notamment par [le candidat du district 1] Julien Tardif, qui est bon en Photoshop. On était assez bien outillés dans notre propre équipe et presque tout ce qu’on trouve en publicité a été fait maison! », précise Mme Viau. Elle dément au passage certaines rumeurs voulant qu’elle ait bénéficié pendant cette campagne de l’aide de l’agence Mobux, entreprise de communications appartenant à Marco Bérubé qui se présente aujourd’hui sous sa bannière pour l’élection partielle dans le district 6.

Les économies d’Oser Belœil dans certains postes de dépenses lui ont permis de se permettre d’autres services que les autres partis étaient tout simplement incapables de se permettre en respectant le plafond des dépenses. Pensons seulement à la location d’une salle servant de QG au parti (1800 $) et à des sondages téléphoniques automatisés commandés peu après que le parti ait été accrédité auprès du DGEQ.

Invariablement, tous les partis sondés affirment la même chose : la campagne d’Oser Belœil était, en tout point, la plus élaborée à Belœil et on ne s’explique toujours pas comment le jeune parti est parvenu à passer sous le plafond des dépenses. Sous le couvert de l’anonymat, au moins un candidat a confirmé avoir déposé une plainte au DGEQ concernant les dépenses d’Oser Belœil, preuve à l’appui. Un autre candidat considérait aussi déposer une plainte.

Malgré les critiques qu’essuie son parti sur la gestion de ses dépenses électorales, Nadine Viau ne semble pas avoir peur d’ouvrir ses livres à la Ville et à Élections Québec pour confirmer que toute sa gestion des dépenses s’est faite dans les règles de l’art. Elle a aussi confirmé qu’elle continuerait de faire appel à Democratik dans le futur, se montrant plus que satisfaite de son efficacité et de son rapport qualité-prix.

***

Trois partis au plafond des dépenses
Les élections de novembre 2021 ont été très coûteuses pour les différents partis de Belœil. Sur les cinq formations politiques qui y ont participé, trois d’entre elles ont pratiquement atteint le montant maximal de dépenses permis par la Loi électorale.

Le plafond est déterminé par le nombre de résidents inscrits sur la liste électorale dans la municipalité ou le district visé. Dans le cas de Belœil, le montant maximal permis était de 29 906,10 $, soit 9282,60 $ pour le siège de maire et de 2559 $ à 2604,30 $ par conseiller, selon le district. Or, les trois plus grands partis, Oser Belœil (parti de la nouvelle mairesse Nadine Viau), Belœil gagnant (celui de la mairesse sortante Diane Lavoie) et Belœil, c’est nous! (du conseiller sortant Luc Cossette) ont systématiquement flirté avec la limite permise pour chaque siège, si bien qu’ils ont tous déclaré plus de 29 000 $ en dépenses.

En comparaison, les autres campagnes étaient toutefois beaucoup plus modestes : Belœil debout, fondé par le conseiller sortant Réginald Gagnon, s’est contenté de dépenses de 8660,70 $, alors que le Parti des citoyens de Belœil, dirigé par Yves Deshaies, en a enregistré 4139,91 $. Le candidat indépendant à la mairie Jean Caumartin a pour sa part réalisé des dépenses de moins de 1700 $.

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