L’année dernière, dans le cadre du programme québécois de lutte contre les carpes asiatiques, les équipes du Ministère ont détecté des molécules d’ADN dans les différents échantillons prélevés dans le fleuve Saint-Laurent et dans la rivière Richelieu. Le biologiste et responsable de la division pour les espèces aquatiques envahissantes au MFFP, Olivier Morissette, souligne qu’il y a eu plusieurs autres détections depuis la mise en place de ce programme en 2016.
La technique de détection utilisée ne permet pas d’avoir des informations sur l’abondance de l’espèce ni sur l’état du spécimen ou même le sexe ou l’âge. « Ça nous donne simplement une preuve supplémentaire de la présence de l’espèce. On peut seulement conclure à une présence. […] Le programme du Ministère est en place pour faire une surveillance hâtive de cette espèce-là. On se prépare à ces arrivées-là. On sait que l’espèce est présente et se reproduit dans un des Grands Lacs, le lac Érié. Il y a des preuves. L’espèce pourrait aussi rejoindre le fleuve Saint-Laurent. C’est pour ça que le Québec travaille à l’avance sur ces problématiques-là pour nous préparer et suivre la situation de près », ajoute le biologiste.
En 2020, une carpe de roseau a été capturée dans le bassin de Chambly. Il s’agissait de la deuxième capture de l’espèce au Québec. La première avait eu lieu dans le fleuve Saint-Laurent à la hauteur de Contrecœur. « C’est une espèce qui peut avoir beaucoup d’impact. Ça nous préoccupe de l’avoir capturée. On reste vigilants. S’il y a des lieux de rassemblement ou de forte densité, on pourra agir avec nos équipes », assure M. Morissette.
Une nuisance pour d’autres espèces
La carpe asiatique pourrait nuire au chevalier cuivré, une espèce menacée qui vit dans la rivière Richelieu. L’espèce envahissante affectionne les grandes rivières où on retrouve de forts courants comme c’est le cas dans la rivière Richelieu. C’est à ces endroits où elle se reproduit. La carpe se nourrit aussi des herbiers, les mêmes qui sont préférés par les chevaliers cuivrés. Une carpe de roseau consomme près de 40 % de son poids en plantes par jour.
« Il pourrait y avoir des effets directs et indirects sur le chevalier cuivré, qui utilise des habitats similaires à la carpe. La carpe de roseau est herbivore. Les grands individus consomment beaucoup. C’est une espèce connue pour avoir des conséquences sur ses habitats et en diminuer leur qualité », souligne M. Morissette.
Les équipes du MFFP suivent l’évolution de la carpe de roseau afin de se préparer à son arrivée. Il y a deux ans, elles ont assisté des équipes américaines dans leurs activités de contrôle et de captures de l’espèce dans la rivière Sandanski. « Nos équipes seront prêtes à appliquer les mêmes protocoles de contrôle et de pêche », assure le biologiste.