Fruit d’une initiative du Caucus écologiste municipal, auquel Mme Villeneuve siège, le recueil réunit les réflexions d’une dizaine d’élus et d’anciennes figures municipales à travers le Québec. Ces élus veulent brosser un portrait nuancé, mais positif, de l’engagement local, à contre-courant des récits de démissions et de climat toxique qui ont marqué l’actualité récente. « On voulait montrer un côté plus encourageant de la politique municipale, malgré le cynisme et le contexte », explique Mélanie Villeneuve, en entrevue avec L’Œil Régional.
La genèse d’une idée collective
L’idée du livre a germé lors d’échanges informels entre membres du caucus, puis s’est structurée autour d’un comité de coordination. « Il y a bien des idées qui se brassent dans un 5 à 7, souligne M. Guertin avec humour. Mélanie était aux premières loges, moi j’ai participé au comité d’élaboration et d’idéation du projet. » Rapidement, l’appel lancé à d’autres collègues a permis de rassembler une diversité et de thèmes.
Pour les deux élus, la date de publication n’est pas étrangère au calendrier politique. « Oui, c’était en prévision des élections [de novembre] », admet Marc-André Guertin. Sans être un « manifeste électoral », l’ouvrage se veut tout de même une incitation à l’engagement politique pour les citoyens qui hésiteraient. « C’est probablement une des choses les plus exigeantes que j’ai faites de ma vie, mais aussi très gratifiante », confie Marc-André Guertin, malgré les défis.
Gouvernance et humilité
En entrevue, Marc-André Guertin et Mélanie Villeneuve rappellent s’être lancés en politique municipale avec une vision axée sur la transition écologique. Leur implication au conseil, expliquent-ils, s’inscrit dans cette volonté de transformer graduellement les pratiques, d’ancrer des valeurs environnementales dans la gestion municipale et de démontrer que cette approche peut cohabiter avec, notamment, les impératifs économiques.
Dans leur chapitre commun, M. Guertin et Mme Villeneuve ont toutefois voulu souligner qu’au-delà de leurs bonnes intentions, le milieu de la politique municipale est complexe, souvent rigide et la machine administrative peut être lourde et décourageante pour les candidats. Ils invitent les futurs candidats à faire preuve d’humilité et accepter que le travail d’élu est un apprentissage constant, mais un travail satisfaisant.
« Pour prendre une bonne décision, il faut admettre qu’on est des apprenants », résume M. Guertin, qui compare la gestion municipale à un avion déjà en vol où chaque élu embarque pour quatre ans. Mme Villeneuve, de son côté, insiste sur l’importance d’expliquer au public la complexité des processus et le rôle des élus et de l’administration municipale. « La population, il faut qu’elle comprenne que ce sont des démarches longues, et ce n’est pas pour rien non plus. »
Le chapitre revient aussi sur un constat partagé par ls deux élus, soit la résistance au changement, qu’elle vienne des citoyens, de l’administration ou même du conseil municipal. « La résistance, c’est dans la nature humaine. On n’aime pas changer les habitudes », note Marc-André Guertin. Pour atténuer ces blocages, les deux auteurs misent sur la consultation citoyenne et la recherche de consensus.
Mme Villeneuve donne l’exemple de comités de pilotage où des citoyens deviennent ambassadeurs d’une démarche municipale. « C’est bien d’avoir des citoyens qui ont été au cœur du processus, capables de témoigner que ça a été fait de la bonne façon. »
Transition plutôt que révolution
Pour faire un bon travail en quatre ans, le duo propose aux futurs candidats de ne pas faire table rase du passé, mais d’accepter qu’une ville a une histoire. « Une ville, ce n’est pas une startup, une ville c’est un paquebot », compare M. Guertin. Plutôt que de promettre de grands bouleversements, les deux élus valorisent l’idée de transition, faite de petits pas cumulés. « Entre les petits pas et la révolution, pour nous il y a la transition », explique le maire Guertin. « On apprend à capitaliser sur des petits succès, puis on passe à la prochaine étape », ajoute Mme Villeneuve.
L’exemple de l’évaluation annuelle du directeur général à Mont-Saint-Hilaire illustre cette volonté de changement graduel, mais ancré dans la culture organisationnelle. Ou encore la mise sur pied de planification stratégique, pour mieux se détacher de la gestion à court terme. Ces démarches, estiment-ils, peuvent inspirer d’autres conseils municipaux.
Courage! L’engagement politique municipal à l’ère des transitions, présenté chez Les Éditions L’Esprit libre.