26 août 2021 - 16:12
Deux épées de Damoclès
Par: Denis Bélanger

Deux facteurs clés pourraient avoir des effets néfastes sur les prochaines élections municipales le 7 novembre : le scrutin fédéral du 20 septembre et la quatrième vague de la COVID-19. En fait, c’est le taux de participation qui pourrait fortement en souffrir, à un palier de gouvernance déjà boudé depuis des années par les électeurs.

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D’un côté, la campagne électorale fédérale a été déclenchée le 15 août. Le 20 septembre, les gens vont se rendre aux urnes. Quatre jours plus tard, ce sera le déclenchement des élections municipales qui se tiendront le premier dimanche du mois de novembre. C’est deux mois et demi que les gens vont entendre parler de slogans et d’élections. Deux mois et demi à voir des affiches de candidats un peu partout.

Deux mois et demi, c’est long. Les gens ont le temps de se désintéresser des débats municipaux et de ne pas prendre la peine d’aller voter. Souvenons-nous du contexte de l’un des pires taux de participation aux élections provinciales. Le 8 décembre 2008, 57,1 % des Québécois seulement avaient voté. Que s’était-il passé, moins de deux mois avant, le 14 octobre? Les résidents du Québec avaient exercé leur droit de vote au palier fédéral.

En 2017, le taux de participation à la mairie a été de 44,1 % à Beloeil et 46,3 % à Mont-Saint-Hilaire. Pour l’ensemble du Québec, le taux global était de 44,8 %. Certains partis municipaux doivent déjà se ronger les ongles avec une possible participation à la baisse. Chaque vote aura encore plus son pesant d’or. Avec le nombre de candidats à Beloeil et Mont-Saint-Hilaire, la marge entre la victoire et la défaite risque d’être très mince. Je serai très surpris s’il n’y a aucun recomptage dans l’une de ces deux municipalités.

Un membre d’un parti m’a même confié que les élections fédérales gêneraient la promotion de sa formation politique. Il avait peur de ne plus avoir de place pour installer ses affiches électorales. Il peut être difficile de voter pour quelqu’un si on n’a aucune idée de ce à quoi il ressemble.

De l’autre côté, la propagation du variant Delta inquiète un autre acteur de la vie politique. Il craint que le porte-à-porte devienne interdit par les autorités sanitaires. « Les partis provinciaux et fédéraux n’ont pas besoin du porte-à-porte, mais au municipal, c’est essentiel. Nous nous retrouvons quasiment au même point d’incertitude qu’à pareille date l’an dernier. »

Ce même intervenant craint que la propagation du variant Delta incite les personnes âgées à rester chez elles et les empêche de voter. Plusieurs municipalités vont permettre cette année le vote par correspondance pour les personnes de 70 ans et plus. Mais si les gens trouvent le processus trop compliqué, ils vont simplement laisser tomber. C’est dans la nature humaine d’agir ainsi. Les partis politiques vont avoir tout un travail de vente à faire auprès de cet électorat pour qu’il comprenne que c’est possible de voter différemment.

Imaginez un taux de participation en bas de 40 %. Mes anciens professeurs de science politique souligneraient qu’il y aurait là un problème de légitimité alors que trois personnes sur cinq n’ont pas voté.

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