30 mars 2022
Avril, mois de l’autisme
Deux représentations sensoriellement adaptées présentées à L’Arrière Scène
Par: Olivier Dénommée
Arbre, tout un monde est présentée le 10 avril à 15 h au Centre culturel de Belœil. Photo Sylvie-Ann Paré

« Arbre, tout un monde » est présentée le 10 avril à 15 h au Centre culturel de Belœil. Photo Sylvie-Ann Paré

La RSA de Ripopée est présentée le 24 avril à 10 h, au Centre culturel de Belœil. Photo Yves Couillard

La RSA de « Ripopée » est présentée le 24 avril à 10 h, au Centre culturel de Belœil. Photo Yves Couillard

Depuis 2018, le diffuseur de théâtre jeunesse L’Arrière Scène propose chaque année des représentations sensoriellement adaptées (RSA) aux familles d’enfants vivant avec le trouble du spectre de l’autisme ou ayant des besoins particuliers. Une formule qui se veut inclusive pour permettre au plus grand nombre l’accès à la culture et qui sera répétée à deux occasions en avril, mois de l’autisme.

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Les deux pièces en question sont Arbre, tout un monde, présentée le 10 avril à 15 h, et Ripopée, le 24 avril à 10 h, au Centre culturel de Belœil. Dans le cas d’Arbre, tout un monde, il s’agit d’une expérience sensorielle adressée à un public de 4 ans et plus produite par le Théâtre Motus. Ce spectacle est proposé en formule intime : les cinq artistes du spectacle joueront pour seulement cinq enfants à la fois et le spectacle est spécialement destiné aux enfants ayant un trouble du spectre de l’autisme, une déficience intellectuelle ou une mobilité réduite, qui sont invités dans un monde magique, un environnement douillet fait d’arbres, de nids et de cocons où s’entremêlent les textures et les couleurs.

Quant à Ripopée, cette production de L’Aubergine propose du théâtre clownesque pour un public de 5 ans et plus. Quatre artistes se préparent à recevoir leur public, mais les invités sont arrivés plus tôt que prévu et la représentation démarre sur les chapeaux de roues et tout s’emmêle! Entre leurs mains, des objets du quotidien deviennent des outils de création d’un univers loufoque frisant l’absurde.

Beaucoup de chemin parcouru
En entrevue avec L’Œil Régional, Eveline Payette, initiatrice des RSA à L’Arrière Scène et elle-même mère de deux enfants autistes, ne peut que se réjouir du fait que les représentations adaptées permettent d’atteindre un nouveau public depuis leur introduction. « De plus en plus d’endroits offrent des RSA, mais ici, on a été précurseurs au Québec et c’est un engagement que L’Arrière Scène a pris pour rendre accessible la culture au public autiste. » Selon elle, il n’est pas rare que des écoles de Montréal et de la Rive-Nord réservent des places pour les représentations scolaires sensoriellement adaptées parce qu’il n’y a pas encore assez d’offre en ce sens.

Mme Payette remarque aussi que les compagnies de théâtre n’ont plus aussi peur des RSA que lorsque le projet a été proposé pour la première fois. « On constate une belle ouverture de leur part et on les sent en confiance parce qu’elles savent qu’une RSA ne va pas dénaturer leur œuvre. Dans le cas du Théâtre Motus [qui produit Arbre, tout un monde], la pièce est conçue exprès pour un public avec un polyhandicap, incluant des enfants autistes, anxieux, avec des troubles de santé mentale ou une déficience intellectuelle, et le ratio est presque de 1 pour 1 entre les acteurs et le public. Dans le cas de Ripopée, la compagnie a été très ouverte et avait envie de trouver une façon d’adapter la pièce à un autre public. Le défi se trouve dans le fait que, dans le théâtre clownesque, ça parle fort et il y a plein d’onomatopées; mais en préparant le public, en lui expliquant le contexte de l’œuvre et en lui résumant chaque tableau, on va diminuer certains éléments de surprise », explique-t-elle.

Rappelons que les RSA incluent également un éclairage ambiant dans la salle durant le spectacle, une diminution du niveau sonore pendant toute la représentation, l’aménagement d’îlots de calme dans le hall d’entrée pour éviter la surcharge sensorielle, la possibilité d’entrer et de sortir de la salle en tout temps et l’accès à du matériel sensoriel pour les enfants qui en ont besoin. Le tout, avec un ratio réduit. « Le but est d’atténuer les codes sociaux et de donner la chance au public de pouvoir se reposer et de remettre le compteur à zéro au besoin. Pour certaines familles, ces représentations servent de rampes d’accès pour des représentations plus régulières par la suite », note Eveline Payette.

Le défi reste toutefois de rejoindre les familles d’enfants à besoins particuliers, qui ne savent pas toutes que des RSA existent. « Et il faut donner confiance à ces familles, convient Mme Payette. Mais on remarque que les mêmes familles reviennent souvent après avoir assisté à une RSA une première fois. »

Souhait pour le futur
Eveline Payette croit que cette formule peut toujours être améliorée pour être davantage inclusive et souhaite qu’elle devienne de plus en plus normalisée, et pas seulement pour le théâtre jeunesse. « Il y a un grand pan de la population qui n’a pas accès à la culture, et on ne s’en rend pas compte avant de le vivre soi-même. Il y a encore un élitisme en culture et ce sont des choses comme les RSA qui donnent un meilleur accès au théâtre. Je crois que ça évolue dans le bon sens et que c’est appelé à se développer encore. »

Infos : arrierescene.qc.ca.

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