10 novembre 2021 - 15:18
Nouvelle réglementation pour la vitesse sur la rivière
Difficile de revenir en arrière, pense le député Barsalou-Duval
Par: Vincent Guilbault
Xavier Barsalou-Duval. Photo gracieuseté

Xavier Barsalou-Duval. Photo gracieuseté

Patrick Picard, le propriétaire de la Marina Saint-Mathias.
Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Patrick Picard, le propriétaire de la Marina Saint-Mathias, souligne que les propriétaires de la Marina Chambly, de la Marina Vieux-Belœil, de la Marina du Richelieu 2.0, de Thomas Marine, de la Marina St-Denis et de l’Auberge Handfield se rencontreront pour concerter leurs efforts d’opposition à la réglementation. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Le député Xavier Barsalou-Duval s’attendait à une certaine résistance concernant le changement de réglementation sur la rivière. La limite de vitesse et l’interdiction du wakeboard sur une partie de la rivière Richelieu, dossier que pilote le député fédéral de Pierre-Boucher–Les Patriotes–Verchères, ne font pas que des heureux.

Publicité
Activer le son

Dans sa dernière livraison, L’Œil Régional rapportait le mécontentement de plusieurs opposants à l’imposition d’une limite de vitesse de 10 km/h sur un tronçon de 20 kilomètres de la rivière Richelieu, qui longe les villages de Saint-Antoine, Saint-Denis, Saint-Charles et Saint-Marc-sur-Richelieu. Les opposants, constitués de riverains et de propriétaires de marina, ont sur pied une pétition signée par plus de 2700 personnes sur le site web change.org. Ils se sont d’ailleurs réunis jeudi dernier pour discuter d’un plan d’action.

Les opposants critiquent le processus de consultation qui a mené au dépôt de la demande de limite de vitesse. Le propriétaire de la Marina St-Mathias, Patrick Picard, souligne que les consultations publiques « n’ont pas été bien faites » et que bien des gens ont appris par le journal qu’une limite de vitesse serait imposée. Le groupe fera valoir cet argument pour tenter de bloquer le processus à la Gazette du Canada avant la deuxième lecture du projet. Plusieurs citoyens ont déjà commencé aussi à rencontrer leur maire pour faire renverser la vapeur.

Mais pour le député, le processus a toujours été transparent. « Il n’y a pas de complots contre les bateaux. Il y a une perception que le [processus] a été fait en cachette. Il y a une incompréhension. » M. Barsalou-Duval rappelle que le processus de limitation de vitesse s’est entamé il y a plusieurs années déjà. En 2015, le député provincial Simon Jolin-Barrette (Borduas) et le député fédéral Matthew Dubé (Belœil–Chambly) avaient fait une sortie publique en faveur d’une réglementation de la vitesse, notamment pour des enjeux de lutte contre l’érosion des berges, de tranquillité pour les riverains et de sécurité nautique.

En 2019, Xavier Barsalou-Duval, en compagnie des quatre maires des municipalités riveraines, a déposé au Bureau de la sécurité nautique (BSN) un rapport de 140 pages qui découlait d’une série de consultations publiques tenues en 2017 et d’une pétition de 500 noms qui demandait aussi une série d’actions sur la rivière.

Vitesse
Le député se dit conscient que la limite de vitesse de 10 km/h « est un ralentissement majeur de la vitesse », mais il souligne que cette recommandation provient d’un comité créé pour répondre au questions du BSN et qui incluait des navigateurs issus de l’Association des riverains et amis du Richelieu.

Il ajoute que cette limite est présente sur le lac Saint-Louis et une partie du fleuve Saint-Laurent, à 300 mètres des berges. Du côté de Transport Canada, on confirme qu’il existe au pays des exemples de limites de vitesse sur une rivière.

Le député souligne aussi avoir rencontré les gens de la Sûreté du Québec des postes de Sorel-Tracy et de la Vallée-du-Richelieu et que les agents devraient avoir une « certaine flexibilité » dans l’application de la limite de vitesse, et que l’application ne serait pas « mur à mur ». « Le but, c’est de limiter les vagues, c’est l’élément majeur. »

Xavier Barsalou-Duval pense qu’il est difficile de reculer sur l’élément de la vitesse si tard dans le processus.
La réglementation, approuvée par le Bureau de la sécurité nautique et proposée par le Conseil du trésor, entrera en vigueur lors de sa deuxième publication dans la Gazette du Canada, probablement au printemps ou en été 2022.

Déplacer le problème
Les opposants pensent aussi que d’interdire le wakeboard sur une partie de la rivière va déplacer les plaisanciers sur les autres sections de la rivière, notamment entre Belœil et Chambly. Un constat que partage M. Barsalou-Duval. « Oui, c’est fort probable qu’il y ait un impact. Les amateurs n’arrêteront pas d’en faire, mais ils risquent juste de changer leurs habitudes. »

Il faudra donc avoir une réflexion plus approfondie sur le reste de la rivière, pense-t-il. Surtout, qu’on parle seulement d’un tronçon de 20 km, mais qu’il y a « de l’appétit dans les autres villes pour une réglementation semblable », notamment à Saint-Ours ou à Saint-Roch. Le député rappelle que le caucus du Bloc québécois doit se réunir dans les prochaines semaines pour discuter de l’enjeu de la rivière Richelieu.

Collaboration
De son côté, Patrick Picard affirme que les opposants veulent rencontrer le député prochainement dans un esprit de « collaboration ». « On veut parler à Xavier et surtout, ne pas lui faire perdre la face. On veut une alternative et voir comment on peut s’entraider pour une situation win-win. » Sans donner de date, M. Barsalou-Duval a dit vouloir rencontrer les opposants.

Selon M. Picard, il est possible de réduire la vitesse à des endroits stratégiques, comme près du camping Saint-Charles ou l’île aux Cerfs. Il pense qu’une présence policière accrue enverrait sur la rivière un message aux « cowboys » qui donnent une mauvaise image de l’industrie nautique. « On peut avoir une association entre marina et riverains pour mettre des pancartes afin de responsabiliser les propriétaires de bateaux. On est d’accord qu’il faut protéger le Richelieu et si les gens le respectent, les touristes vont continuer de venir découvrir la région. »

Patrick Picard souligne que la vente de « speedboat » est en baisse, que les bateaux sont de plus en plus silencieux (et électriques) et que les vagues des bateaux n’ont pas autant d’impact sur les berges que les phénomènes naturels comme la montée des eaux. « L’érosion des berges, c’est trop facile comme argument. Avec des plantes et de la roche, je n’ai jamais perdu de berge ici à la marina. »

image