Ces dernières semaines, Belœil a fait la manchette lorsqu’il a été annoncé qu’elle perdait sa directrice générale par intérim Cathy Goyette, au profit de Saint-Basile-le-Grand qui se cherchait une nouvelle direction générale permanente. La perte de cette employée qui a été au service de Belœil pendant 20 ans fait d’autant plus mal qu’elle n’est pas la première : Belœil a aussi vu partir son greffier adjoint, Alexandre Doucet-McDonald, ces derniers mois, et deux cadres, le directeur général Michaël Tremblay et la greffière Marilyne Tremblay, sont en arrêt de travail depuis mai dernier, sans indication de leur date de retour.
« Cathy Goyette, c’est un gros morceau qui part. Ici, les directions sont assez jeunes et ce sont donc des personnes qui peuvent rester là un bon bout. Lorsque tu as des attentes ou que tu vises plus haut, tu regardes tes possibilités et c’est sûr qu’avec ce qui s’en vient avec Northvolt (à Saint-Basile), c’est quelque chose d’intéressant. Alexandre et Cathy adorent Belœil, mais ils sont partis pour grandir dans leurs compétences professionnelles », commente Nadine Viau, confirmant qu’elle aurait assurément préféré les garder, mais que l’organigramme ne permettait pas de leur offrir de façon permanente le poste souhaité à Belœil.
Si cette situation est loin d’être idéale pour une Ville qui multiplie les projets d’envergure, Mme Viau se veut plutôt rassurante. « Le moteur est vraiment bien huilé et on a des gens d’expérience et de qualité à la Ville. Oui, deux de nos directeurs sont en arrêt de travail, mais ils vont revenir. » Elle reconnaît avoir très hâte à leur retour, surtout que la période d’élaboration des budgets à l’automne est une « période charnière » très importante pour une Municipalité, surtout avec les gros projets qui se dessinent à l’horizon (voir autre texte). « C’est certain que c’est un méchant mauvais contexte [de perdre deux directeurs intérimaires à quelques mois de différence], je ne peux pas dire que je ne suis pas inquiète de ça. C’est en ébullition et tous les ronds sont allumés, alors on doit voir quels feux on éteint en premier. » Elle semble toutefois confiante d’un retour à la normale plus tôt que tard et ne s’inquiète pas de voir une vague de départs au sein de l’administration.
Communication et transparence
Durant l’entretien, la mairesse s’est défendue de manquer de transparence dans différents dossiers. Selon elle, la trop petite équipe aux communications n’arrivait pas toujours à bien répondre aux besoins, ce qui a pu créer cette impression que la Ville cachait des choses, notamment dans le dossier du budget 2024. « Dès le jour 1 des discussions des budgets, on savait qu’il fallait expliquer les réserves financières en amont, alors j’ai trouvé dur de passer pour quelqu’un qui souhaitait camoufler l’information. » Elle maintient toujours son interprétation que les réserves financières, qui ont été introduites pour la première fois cette année, devaient être comptabilisées à part du compte de taxes, même si cela donnait une distorsion assez importante dans les poches des propriétaires. Pendant que la Ville annonçait une hausse des taxes de 4,8 %, la hausse ressentie était beaucoup plus près de 10,7 % puisque 0,04 $ par tranche de 100 $ d’évaluation étaient ajoutés au compte de taxes de tous les propriétaires. De plus, la communication a été déficiente quand est venu le temps d’annoncer qu’il était possible de signer un registre pour contester l’implantation d’une des taxes spéciales pour les réserves financières. L’embauche de nouvelles ressources aux communications devrait aider à mieux informer les citoyens dans le futur, espère la mairesse.
Nadine Viau rappelle que la transparence faisait partie de la plateforme de son parti, mais admet qu’il est peu probable que le conseil vote d’ici la fin du mandat une résolution pour améliorer la transparence des données, notamment en rendant automatiquement publics les documents dévoilés via une demande d’accès à l’information. Elle en profite pour saluer le travail de la greffière par intérim, Me Marie-Pier Savard, arrivée en juin dernier, qui en a énormément sur les épaules.
Année chaude en vue
Nadine Viau anticipe que la dernière année du mandat sera marquée par davantage de résistance de la part des élus de l’opposition face à certains projets. « La réalité est qu’il y a trois partis autour de la table. On a mis en place des moyens de communication pour assurer que tous les conseillers aient un espace de discussion, mais à la fin, c’est une question d’ouverture et de fermeture de leur part. » Même si elle admet que cela va généralement bien et que les différents points de vue aident souvent à améliorer une résolution ou un règlement, les sujets tendus minent la dynamique à la Ville. « Quand il y a différentes visions, on peut aller plus loin. Il y a parfois des questions qui peuvent faire sourire sur le coup, mais si la question est posée autour de la table, ça veut dire qu’il y a aussi des citoyens qui se la posent. Je le prends donc comme un plus pour le projet. […] Mais quand il y a un climat de tensions, c’est difficile, autant pour moi que pour l’administration, ce qui finit par miner le projet. »
Elle s’attend ainsi à davantage de tensions entre les élus à l’approche des élections et sent même que la joute électorale est déjà entamée.