1 novembre 2023 - 07:00
Durs temps pour les MDJ
Par: L'Oeil Régional
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Les revers s’accumulent pour les maisons des jeunes (MDJ) du Québec et de la région, et nos articles cette semaine ne contribuent pas à leur rayonnement. Dans nos pages, nous avons un texte sur des accusations de problèmes organisationnels contre la Maison des jeunes Ott’Ado et une explosion des coûts pour la rénovation du bâtiment de la Maison des jeunes des 4 Fenêtres (MDJ4F).

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Bien sûr, les deux situations ne sont pas semblables, mais elles surviennent à quelques jours près de la sortie publique du Regroupement des maisons des jeunes du Québec (RMJQ) qui déclare faire face à un grave problème de sous-financement persistant. Le RMJQ estime que le manque à gagner s’élève à environ 72 millions de dollars annuellement. Selon ses chiffres, le budget moyen d’une maison des jeunes en 2023 est seulement d’environ 156 000 $, ce qui représenterait un tiers de ce qui est nécessaire pour son bon fonctionnement. De plus, la difficulté à retenir le personnel est un problème majeur, en grande partie en raison des salaires inférieurs à 20 $ de l’heure pour des professionnels formés. Le RMJQ affirme que des subventions plus élevées du gouvernement du Québec permettraient aux MDJ d’offrir de meilleurs salaires et de consolider leurs activités.

Pas de chance, les problèmes financiers des maisons des jeunes ont peu fait la une des journaux. Quelques jours plus tard, on ne parle plus que des négociations dans le secteur public, et le financement des MDJ a été relégué aux oubliettes.

Le problème est pourtant loin d’être nouveau. L’année dernière, à pareille date, le directeur de la MDJ4F, Francis Lafortune, rappelait dans L’ŒIL que son organisme faisait face à une réduction de son offre de services en raison de la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur communautaire. Les salaires et les conditions de travail ne peuvent pas rivaliser avec ceux des réseaux de la santé et de l’éducation, ce qui entraîne un exode de travailleurs vers ces secteurs. En conséquence, le nombre d’animateurs-intervenants employés est réduit, ce qui entraîne parfois la fermeture de points de service et la mise en suspens de certains projets.

Dans une entrevue accordée à La Presse, le directeur général du RMJQ, Nicholas Legault, pense que l’enjeu du financement est en partie lié à l’image des maisons des jeunes, vues souvent comme des lieux pour traîner, jouer au baby-foot ou s’écraser sur des divans. « Mais tout ça, ce n’est que du matériel et le prétexte pour nos équipes de travail pour rentrer en relation avec les jeunes. On passe par le loisir pour pouvoir créer la relation, travailler sur l’accompagnement des jeunes afin qu’ils deviennent autonomes et se responsabilisent », explique-t-il.

Mais l’image publique des maisons des jeunes est encore loin d’être suffisamment reluisante, malgré les efforts. Je suis persuadé que des parents de la génération qui me précède voient encore malheureusement les maisons des jeunes comme des repaires de « poteux » ou de « bums ».

Tout ça pour dire que nos maisons semblent souffrir en ce moment, et il serait peut-être temps de s’y intéresser. On parle quand même de nos ados qui viennent de sortir d’une pandémie qui les a un peu amochés…

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