L’ŒIL RÉGIONAL: La pièce est inspirée de ta rencontre avec un petit garçon, lors d’une tournée en France. Tu y as rencontré une classe qui montait une de tes pièces grâce à Caroline Guyot [la co-metteure en scène]. Parle-moi du vrai Edgar.
SIMON BOULERICE: «Ça ne me tentait pas cette journée-là. Et quand ça ne me tente pas, il arrive toujours quelque chose de génial.
Lorsque je suis arrivé, lorsque j’ai ouvert la porte, j’ai vu un petit cowboy parmi les enfants qui parlait plus que tout le monde, qui était flamboyant et lumineux. Tout de suite, il y avait un intérêt. J’avais l’impression qu’il faisait partie de mon répertoire de personnages, même s’il existe. J’aime les petits poètes, les enfants flamboyants et qui sortent du lot.»
D’un côté, on retrouve Henri, le grand frère plus discret qui se sent invisible à côté de son petit frère. De l’autre, Edgar, le cadet flamboyant pour qui c’est l’Halloween tous les jours. Henri essaie de s’affirmer, mais il ne sait peut-être pas qui il est vraiment. Qu’est-ce qui t’inspirait dans les relations fraternelles?
«Je suis convaincu qu’il n’y a jamais d’équité dans une famille, même si les parents essaient et c’est préoccupant quand tu es enfant. Je me souviens que lorsque j’étais enfant, ma sœur a eu une parade qui valait 50$ et je n’avais rien eu en échange et j’étais fâché. J’étais blessé. J’attendais mon dû. Je trouve que dans l’enfance, il y a beaucoup de ça. Tu sens que tu vis une grande injustice alors que ce n’en est pas une.»
Si Edgard a des besoins particuliers, tu n’en fais jamais mention dans la pièce. Pourquoi?
«Je ne voulais pas en faire une pièce à message. Je voulais mettre l’accent sur la flamboyance et le côté poète. Je ne voulais pas que les parents soient présents; je voulais que ce soit juste sur la fratrie. Il y a tellement de formes d’autisme que je ne voulais pas en nommer. Pour moi, c’est encore plus vaste. Pour des spectateurs enfants, ça ne peut être qu’un petit frère flamboyant.»
Tu t’es aussi inspiré de la relation de deux enfants de ton amie, dont l’un a des besoins particuliers. Qu’est-ce qui t’intéressait dans ces relations?
«Ce que j’aimais, c’est la tendresse du grand frère sur le petit frère. Il agit comme une mère ou un père avec lui. C’est peut-être une manière pour l’enfant de protéger les parents en prenant le relais. Ce sont des grands frères parfois catapultés dans des rapports d’adultes. Je voyais ça, que je trouvais très inspirant. »
Le costume prend beaucoup de place dans le quotidien d’Edgar. Il devient aussi une partie prenante du décor. Comment as-tu transposé cet aspect dans la pièce?
«C’est un théâtre qui déploie l’imaginaire. On voulait instaurer que Edgar crée les costumes à partir de rien parce que c’est la pierre angulaire du personnage. […]Ça a été le défi chaque fois, de trouver comment créer le costume à partir de ce qu’on pourrait trouver dans une penderie d’enfant. […]Pour montrer aux enfants qu’on peut créer à partir de ce qu’on a chez nous.»
L’Arrière-scène présentera une représentation familiale d’Edgar Paillettes le 19 novembre à 15h. La pièce met en scène Milène Leclerc, Sébastien René et Joachim Tanguay. Il s’agit d’une co-production entre l’Arrière Scène et la Manivelle Théâtre, une compagnie française.