18 janvier 2023 - 07:00
En français
Par: L'Oeil Régional
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Je suis un amoureux du français. Je travaille en français, j’aime la musique franco, la littérature franco, le cinéma franco. Je veux un Québec francophone. Donc, la protection du français, j’en suis.

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Mais…

Je ne comprends pas toute cette controverse entourant le statut linguistique d’Otterburn Park. Je comprends pourquoi tous les médias de Québecor ont attaqué la CAQ de tolérer que des Villes comme Otterburn Park, avec seulement 7 % d’anglophone, puissent garder leur statut bilingue. Je comprends aussi pourquoi le Parti québécois crie à la mort du français. C’est leur rôle. Mais je m’inscris peut-être en faux, mais je crois qu’ils ne comprennent pas la portée de cette particularité de la loi 96.

En entrevue, une résidente d’Otterburn Park me dit qu’il est important que la Ville abandonne son statut linguistique. « On se bat pour des questions de principe et de valeurs. »

Oui. Mais non. La protection de notre langue doit être une priorité. Mais j’invite les citoyens d’Otterburn Park en opposition au maintien du statut (et Québecor et le PQU) à un peu de pragmatisme.

Le statut bilingue, c’est une simple disposition de la Charte de la langue française qui permet à une Ville d’utiliser le français et une autre langue dans ses communications : aucune obligation, aucune imposition. Rien contre les francophones. Il ne faut pas y voir un geste de soumission ni un geste de recul.

Concrètement, à Otterburn Park, ce geste se traduit par l’impression de quatre bulletins municipaux dans l’année. Fin de l’histoire.

Otterburn Park a une histoire anglophone. Vraie, la population anglophone aujourd’hui ne représente qu’un faible pourcentage de la population. Et dans ce lot, nous avons probablement d’irréductibles anglophones qui se sont entêtés avec les années à ne pas apprendre la langue française et je sympathise avec les citoyens qui condamnent cette forme d’affront. Ça me fâche aussi.

Mais il y a parmi ces anglophones quelques aînés qui, pour une raison ou une autre, se débrouillent essentiellement en anglais. L’année dernière, je disais ceci : « Gardons le statut encore quelques années, pour nous permettre de communiquer (très minimalement) avec le peu d’anglophones unilingues qu’il reste, et nous pourrons ensuite abandonner le statut dans 5 ou 10 ans. En même temps qu’on tournera la page sur un chapitre de l’histoire anglophone d’Otterburn Park. » Ma réflexion est la même aujourd’hui.

Et je suis d’accord avec la mairesse Mélanie Villeneuve. Sa décision de maintenir le statut est purement locale. Ce n’est pas un pied de nez au combat pour sauvegarder la langue française; c’est simplement une technicalité pour nous permettre de communiquer avec une petite partie de la communauté un temps. Organiquement, le statut va finir par disparaître, probablement au prochain recensement ou au suivant.

Et soyons honnêtes; la publication de quatre bulletins anglophone, qui je rappelle, ne sont pas distribués dans nos maisons, n’a aucun impact sur la musique que nous écoutons, sur notre virage vers les Netflix de ce monde et sur l’appropriation de l’anglais par notre jeunesse. Nous avons de nombreux défis avec notre langue au Québec et je pense qu’en combattant le statut linguistique d’Otterburn Park, nous ne mettons pas les efforts aux bons endroits.

Seul bémol. Les élus auraient pu faire un meilleur travail de communication pour souligner qu’elle avait l’intention de reconduire le statut bilingue. On doit redoubler d’efforts quand il s’agit de questions délicates.

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