On commence à avoir hâte que l’annonce soit faite, parce que l’expression « secret de Polichinelle » ne convient plus tout à fait. C’est dans toutes les pages des journaux d’ici et d’ailleurs, le montant de 7 milliards a été avancé, nos maires voyagent à l’étranger pour s’informer et une opposition se mobilise tranquillement. Même si tout le monde nous dit que « quelques fils restent à être attachés », nous pouvons convenir que le projet est en marche.
Les maires de McMasterville, Martin Dulac, et de Saint-Basile-le-Grand, Yves Lessard, doivent être les premiers à avoir hâte qu’une annonce soit faite. Même s’ils sont dans le coup depuis un moment par la force des choses, la venue d’une usine de batteries n’est pas une décision municipale. C’est un projet porté par le provincial, avec une forte enveloppe budgétaire fédérale.
Les deux hommes se retrouvent donc dans une position insoutenable, entre l’arbre et l’écorce. Ils doivent penser à leur population, s’informer sur les impacts d’une telle usine et, surtout, respecter la confidentialité du projet. Et laisser le soin au premier ministre Legault d’en faire l’annonce. C’est un peu pour cette raison que le maire Dulac devait marcher sur des œufs en parlant de son voyage en Suède en mission d’exploration. Je le remercie d’avoir quand même commenté ce voyage dans les limites du possible.
Les deux maires ont selon moi toujours répondu à nos questions. Depuis mai dernier que les médias tentent d’obtenir des réponses. Depuis le mois de mai que je les gosse chaque fois que je les croise pour obtenir une bribe d’info, une date, un détail sur la question de zonage. Chaque fois, je sens le tiraillement entre informer la population et respecter la confidentialité. Je crois qu’ils ont réussi à bien naviguer jusqu’à maintenant, en dévoilant un peu de détails sans prétendre que le projet n’arrive jamais ni même compromette sa confidentialité.
C’est un peu pour ça que je me porte à leur défense devant un des arguments des opposants au projet. Certes, les citoyens de Saint-Basile et de McMasterville peuvent avoir des craintes devant l’envergure du projet. J’en suis totalement. Mais un des arguments soulevés par les signataires de la pétition contre l’usine publiée sur Change.org est que les gens ne sont pas au courant. Et bien non. Ceux qui ne sont pas au courant, et bien ils n’ont pas ouvert notre journal depuis des semaines ou n’ont pas suivi les nouvelles. Les élus en ont parlé dans des communications officielles et les médias ne cessent de couvrir ce projet. À un moment donné, c’est bien beau de jouer la carte du manque de transparence, mais c’est aussi de notre responsabilité individuelle et personnelle de s’informer un peu. J’avoue que les réseaux sociaux ne nous aident pas beaucoup en ce moment…
Et il est aussi vrai que même si tout le monde sait que l’usine s’en vient, rien n’est encore « officiel » pour le moment. Donc, avant de nous opposer ou crier au scandale, patientons encore quelques jours et laissons encore à Polichinelle l’illusion de son secret.