13 mars 2024 - 07:00
Circulation sur le boulevard Yvon-L’Heureux Nord
Encore trop tôt pour parler de reconfiguration
Par: Olivier Dénommée
Selon l’étude de circulation réalisée en 2022 sur le boulevard Yvon-L’Heureux Nord, la pire intersection à l’heure de pointe de l’après-midi est celle avec la rue Lechasseur, qui a reçu une cote F autant en direction nord que sud. Photo Robert Gosselin | L’Œil Régional ©

Selon l’étude de circulation réalisée en 2022 sur le boulevard Yvon-L’Heureux Nord, la pire intersection à l’heure de pointe de l’après-midi est celle avec la rue Lechasseur, qui a reçu une cote F autant en direction nord que sud. Photo Robert Gosselin | L’Œil Régional ©

Une étude de circulation sur une portion du boulevard Yvon-L’Heureux Nord, entre les rues Bernard-Pilon et Saint-Jean-Baptiste, a été commandée par la Ville de Belœil et obtenue à la fin de 2022. Depuis, quelques mesures de mitigation ont été mises en place pour améliorer la fluidité, mais il faudra vraisemblablement attendre le développement du nouveau quartier pour parler de reconfiguration du boulevard.
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L’étude de circulation, dont L’ŒIL a obtenu copie, a été réalisée en mai 2022 et s’est notamment intéressée aux conditions de circulation aux heures de pointe du matin (de 6 h à 9 h) et de l’après-midi (de 15 h 30 à 18 h 30). On y constate que, le matin, les conditions sont très bonnes, avec des scores allant de A à C; le retard le plus important est à l’arrêt de la rue Lechasseur en direction sud, qui est de 17 secondes. L’après-midi, les conditions sont toutefois un peu plus difficiles, tout particulièrement à l’intersection de la rue Lechasseur, qui reçoit la cote F (56 secondes de retard en direction nord, 54 en direction sud). L’intersection avec les rues Marcotte et des Chênes et celle avec la rue de Lévis sont aussi problématiques, avec des cotes allant de E à F, toujours dans l’axe nord-sud. Ce constat fait dire à la mairesse Nadine Viau que les résultats de l’étude sont « étonnamment bons » et que celle-ci fait la part des choses entre les perceptions des automobilistes irrités et la réalité observée.

La publication de l’étude a permis à la Ville d’orienter certaines actions à court terme, notamment à l’intersection des rues Marcotte et des Chênes, où l’arrêt a été déplacé pour améliorer la sécurité et la fluidité. En 2024, le Plan triennal d’immobilisations (PTI) prévoit aussi un montant de 35 000 $ pour ajouter une voie de virage à droite à l’intersection de la rue de Lévis. Les travaux devraient être réalisés cet été et rien d’autre n’est inscrit au PTI d’ici 2026.

L’étude ne s’est pas intéressée qu’à la circulation en 2022, et la firme WSP a été jusqu’à faire des projections à plus ou moins long terme. À court terme, la nouvelle caserne de pompiers doit ouvrir sur le boulevard Yvon-L’Heureux, mais la projection n’anticipe pas d’impacts majeurs sur la circulation. À plus long terme, la Ville prévoit toutefois d’importants développements, dont l’ajout de 4000 portes supplémentaires dans un nouveau quartier au nord des Bourgs de la Capitale. Ces développements pourraient avoir des conséquences très importantes sur la circulation dans le secteur, particulièrement durant l’heure de pointe de l’après-midi – dans le pire des scénarios, on s’attend à un retard de 143 secondes à l’intersection Marcotte/des Chênes.

Des discussions pour une reconfiguration du boulevard Yvon-L’Heureux Nord, que ce soit en ajoutant des voies ou des carrefours giratoires, ont lieu depuis un certain temps déjà, mais rien n’est encore décidé du côté de la Ville, bien que l’option des carrefours giratoires semble obtenir davantage d’appuis. « La priorité est la réflexion avec le nouveau quartier. C’est ça qui va beaucoup dicter l’avenir pour le boulevard Yvon-L’Heureux », confirme Mme Viau. Pour elle, il serait donc trop tôt pour faire des annonces sur une nouvelle configuration du boulevard, qui coûtera assurément « plusieurs millions de dollars » aux Belœillois.

Des inquiétudes

Le conseiller du district 4, Vincent Chabot, se fait le porte-voix des citoyens inquiets de voir une dégradation de la circulation à cet endroit si rien n’est fait rapidement. Il note d’ailleurs que l’étude de circulation a été réalisée avant que le dossier Northvolt ne soit devenu un enjeu dans la région. « Sur 10 000 personnes qui vivront dans le nouveau quartier, combien travailleront pour Northvolt? Ceux-ci ne prendront pas l’autoroute 20 pour se rendre à l’usine : ils vont passer par Saint-Jean-Baptiste, Yvon-L’Heureux et Bernard-Pilon. La ville pourrait vite devenir jammée si on ne fait rien », craint-il. Pour lui, une reconfiguration du boulevard avec des carrefours giratoires, jumelée à des éléments de sécurité au bénéfice des piétons et des cyclistes qui circulent et des arbres pour embellir le boulevard, serait idéale. « Il y a des solutions, il faut juste les mettre dans nos priorités », soutient M. Chabot, qui invite ses collègues à mettre le dossier un peu plus haut dans leur pile de priorités.

Son voisin de district, Karim-André Laz dans le district 3, fait une lecture un peu différente de la situation. Il mentionne d’entrée de jeu que l’étude de circulation a été « très bien faite » et que le Service du génie de la Ville se l’est bien appropriée par rapport aux solutions à mettre en place à court terme. Il reconnaît bien sûr que la situation à l’heure de pointe de l’après-midi puisse créer un « inconfort modéré » pour plusieurs personnes à la sortie des classes de l’école Polybel, mais que les mesures de mitigation récentes ont déjà eu un effet positif sur la circulation. Pour lui, la création de nouveaux carrefours giratoires est la bonne solution à long terme, mais il est trop tôt pour les planifier. « Commençons par les petites actions et prenons ensuite le pouls de la situation », commente-t-il.

Nadine Viau et Karim-André Laz reconnaissent tous deux que Northvolt pourrait « bousculer » certaines choses à Belœil, mais qu’il ne faut pas s’attendre à des annonces majeures concernant le boulevard Yvon-L’Heureux dans la prochaine année, à moins d’un changement majeur dans la situation sur le boulevard. « Si on voit que l’analyse qui a été faite est erronée, c’est certain qu’on va refaire le travail », assure M. Laz.

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