Entre 2010 et 2014, 3292 adultes montérégiens de plus ont eu recours à ce type de médication, pour un total de 5295 personnes en 2014. On note aussi une hausse de 180% des ordonnances reliées au TDAH chez l’adulte, ce qui équivaut à 37 342 visites à la pharmacie de plus en cinq ans.
Psychologue et cofondatrice de la clinique TDAH Montérégie, la Dre Marianne Bélanger souligne que certaines adultes vivent avec un déficit d’attention en le compensant par des stratégies. Mais il arrive qu’à l’âge adulte, un événement déséquilibre la balance entre les stratégies de compensation et les difficultés associées à ce trouble neurologique.
Le diagnostic de TDAH chez l’adulte n’existe d’ailleurs dans le manuel diagnostic (DSM V) que depuis tout récemment, une amélioration que les psychologues réclament depuis longtemps. C’est ce qui pourrait expliquer la hausse de prescriptions de médicaments reliés au TDAH chez l’adulte, croit Mme Bélanger.
La psychologue souligne qu’elle voit de plus en plus d’adultes à sa clinique. Comme 80% du TDAH est expliqué par des facteurs génétiques, elle n’hésite pas à dépister systématiquement les parents lorsqu’un enfant TDAH se présente dans son bureau.
«Quand on évalue ou un traite un enfant TDAH, si le papa ou la maman en a un aussi, on ne peut demander au parent de mieux s’organiser et de développer des routines claires et constantes pour aider son enfant TDAH à fonctionner si lui-même n’est pas capable.»
Pas davantage d’enfants
Chez l’enfant, on note une augmentation de 25% des patients entre 2010 et 2014.
Selon l’information publiée sur le site de l’Institut Douglas, de 3 à 5% des enfants présentent un TDAH. Pourtant, selon des données tirées de l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire de 2011, 14% des jeunes de la Montérégie ont déclaré avoir reçu un diagnostic de TDAH.
Mme Poirier souligne cependant qu’elle n’a pas noté une hausse de demandes de consultation pour des enfants chez qui l’on suspecterait la présence de TDAH à sa clinique au cours des dernières années.
Elle croit d’ailleurs que la sensibilité des enseignants à l’égard des symptômes du TDAH est un bon réflexe puisqu’il permet de mieux intervenir auprès des enfants dont l’attention semble fragilisée, qu’ils soient TDAH ou non.
Le nombre d’ordonnances reliées à une nouvelle prescription a pour sa part bondi de 50% chez les moins de 18 ans. Selon la spécialiste, une partie de la hausse de nouvelles ordonnances pourrait d’ailleurs s’expliquer par le fait que certains enfants passent du Concerta au Vyvanse ou par l’ajustement de médication, ce qui entraîne une nouvelle prescription.
Tous âges confondus, 4679 nouveaux patients ont fait des réclamations à la RAMQ pour une médication reliée au TDAH en cinq ans, une augmentation de presque 60%. Le nombre d’ordonnances reliées à cette médication a augmenté de 83% sur cette même période.