Dès la sortie du premier livre de la série Fanny Cloutier, il y a eu de l’intérêt pour transposer son histoire au cinéma. Yan England est lui-même arrivé dans le processus il y a quatre ans, voyant tout le potentiel pour un tel film. « En lisant le scénario de Stéphanie, j’ai ressenti toute l’aventure, le mystère, le secret familial qui s’en dégageait! En gros, j’avais le même sentiment que Fanny sent à travers son histoire », se souvient-il. Il a voulu en faire un film qui mettrait avant tout des adolescents de l’avant, mais qui s’adresserait à un public de tout âge, comparant le concept à d’autres films cultes comme Les Goonies, Stand by Me (Compte sur moi au Québec), ou encore E.T., l’extra-terrestre.
Le matériel original du livre a été quelque peu altéré pour les besoins du film, mais les premiers commentaires des lecteurs qui ont par la suite vu Fanny laissent entendre que les modifications sont perçues comme un « bonus » par rapport au livre. « Chaque scène doit faire avancer les personnages et on se rend vite compte que chacun des personnages a ses secrets et plusieurs couches dramatiques », résume le réalisateur, assurant que « l’essence » des personnages imaginés par Stéphanie Lapointe est demeurée intacte. L’aventure de Fanny part de Montréal et la mène dans le Bas-Saint-Laurent à la rencontre de la famille de sa mère, décédée tragiquement il y a plus de 10 ans, lorsqu’elle apprend que son père lui cache des choses, incluant l’existence de sa tante dans le village (fictif) de Sainte-Lorette. « Le film s’appelle Fanny parce que tout au long, on est Fanny : on se pose les mêmes questions qu’elle et on se demande qui dit la vérité autour d’elle », poursuit Yan England. On y suit la quête existentielle de Fanny, épaulée par ses deux nouveaux amis, Léonie (Adélaïde Schoofs) et Henri (Léokim Beaumier-Lépine). « Jusqu’où sera-t-elle prête à aller pour trouver la vérité? » lance le réalisateur.
Des habitués
Yan England s’est entouré de plusieurs collaborateurs réguliers pour mener à terme son projet. Parmi ceux-ci, on trouve le directeur photo Jérôme Sabourin, qui a grandi à Belœil, avec qui il collabore régulièrement depuis Les pays d’en haut. Du côté des acteurs, on trouve Milya Corbeil Gauvreau dans le rôle principal, elle qui en est à son cinquième rôle dans un projet de Yan England. « Avec Jérôme, on se connaît depuis tellement longtemps qu’on se comprend sans qu’on ait besoin de se parler! Pour Milya, je sais comment elle travaille, je connais son processus artistique. C’est sûr que de travailler avec des gens qu’on connaît déjà aide à tisser des liens avec l’équipe, mais j’ai aussi eu le plaisir de travailler pour la première fois avec des grosses pointures, comme Éric Bruneau (Hubert, le père de Fanny), Magalie Lépine-Blondeau (la tante Lorette) ou encore Claude Legault (Birgman, le propriétaire grincheux de la marina). »
Le réalisateur voit l’équipe derrière le film comme une véritable « équipe sportive », dont chaque membre a un rôle très précis pour amener l’équipe à la victoire. Il salue par ailleurs l’apport de chacun d’eux. « Tous les noms que vous allez voir dans le générique ont été extrêmement importants, et si on en enlevait même un seul, le film n’aurait pas été aussi bon », souligne Yan England.
Il a aussi de bons mots en particulier pour le compositeur Raphaël Reed, qui a par ailleurs signé la musique de tous ses longs-métrages, créant avec ce film une musique qui « suit le mouvement » constant de Fanny à travers l’histoire. « Il est autant capable d’être dans l’action que dans l’émotion et dans la tension dramatique. Comme Fanny avance continuellement, à la recherche de la vérité, il était important que la musique reflète bien ça. Comme le film a été tourné il y a un an, ça a laissé presque une année de plus à Raphaël pour retravailler la musique et arriver au résultat qu’on peut entendre aujourd’hui. »
Ceux qui auront apprécié la bande sonore de Fanny seront aussi ravis d’apprendre qu’elle est déjà accessible au public sur les plateformes d’écoute en continu.
Au-delà des attentes
Si Yan England est loin d’en être à son premier projet derrière une caméra, il n’arrive toujours pas à prédire la réaction que le public aura en visionnant ses films. L’accueil chaleureux réservé à Fanny, autant dans le Bas-Saint-Laurent qu’à Québec, à Montréal ou à Belœil, lui a toutefois confirmé qu’il a visé juste. « Mon souhait avec ce film a toujours été qu’il tienne les auditeurs sur le bout de leur chaise, et les nombreuses réactions de publics différents ont dépassé toutes mes attentes face au film! Je ne pouvais vraiment pas demander mieux! »
Il invite maintenant les gens qui n’ont pas encore vu Fanny de se dépêcher pour profiter pleinement de l’expérience. « C’est vraiment un film qui est fait pour le cinéma. […] Il faut aller le voir tôt et en parler aux gens autour de nous si on l’a aimé. À la fin, c’est le public qui va décider de la vie que Fanny aura dans les cinémas », soutient-il.
Le film Fanny, d’une durée de 114 minutes, est à l’affiche dans les différents cinémas du Québec, dont au Cinéma Belœil, depuis le 9 mai.