Cette citation est tirée d’une lettre signée par l’historien Alexandre Dumas, publiée le 15 mai dernier dans le journal progressiste Pivot. Elle a beaucoup circulé dans mes réseaux sociaux.
Alors que Québecor annonçait récemment des suppressions de postes et appelait à un soutien accru aux diffuseurs privés, cette lettre, co-signée par près de 7000 personnes issues de divers milieux, critique fermement la demande de financement public adressée par Pierre Karl Péladeau au nom des médias de Québecor.
Rappelons que l’entreprise demande qu’on élargisse l’aide à la presse. En fait, les deux paliers de gouvernement offrent déjà des crédits d’impôt pour soutenir la presse écrite. M. Péladeau aimerait que cette aide soutienne aussi le secteur télévisuel. Il n’a pas tort de rappeler que la télévision demeure l’un des principaux moyens par lesquels le public s’informe, ce qui inclut notamment TVA et LCN.
En cette ère de fuite des annonceurs vers d’autres plateformes, de blocage des nouvelles par la toute-puissante Meta, et de nombreux autres défis, je fais partie de ceux qui croient que les gouvernements doivent soutenir la presse écrite, mais aussi la création d’information de manière générale. Une bonne information de qualité reste un droit, je crois.
Revenons à la lettre. Les signataires dénoncent les médias de Québecor, en particulier certains de leurs chroniqueurs, qu’ils jugent responsables d’intimidation, de désinformation et de discours haineux, tout en refusant de se soumettre aux règles déontologiques journalistiques comme celles du Conseil de presse. Le cas de Richard Martineau, ayant publiquement ridiculisé un adolescent, est cité comme exemple de dérive. Selon les auteurs, le modèle d’affaires de Québecor repose sur la monétisation de la mauvaise foi et ne devrait pas être soutenu par des fonds publics. Ils appellent donc à refuser tout financement aux entreprises qui abusent de leur pouvoir médiatique pour intimider.
Sur ce point, je vous laisse juger. Par contre, je partage une opinion avec certains signataires de la lettre, notamment l’ancienne députée solidaire Catherine Dorion. Peu importe l’opinion qu’on a de son passage en politique, je me souviens très bien de sa prise de position en 2019, que je partage encore aujourd’hui. Elle disait que l’argent public destiné à soutenir les médias ne devrait pas être utilisé pour rémunérer des chroniqueurs. L’argent public devrait prioritairement financer le travail des journalistes de terrain.
Je suis moi-même las d’ouvrir les pages d’un quotidien pour y lire davantage d’opinions que d’articles journalistiques. Et souvent, il est difficile pour un lecteur de distinguer ce qui relève de l’opinion, de l’éditorial, de la publicité, de la chronique, du reportage ou de la simple nouvelle. Avec l’arrivée des réseaux sociaux, les médias traditionnels ont voulu s’adapter en mettant de l’avant l’opinion et le commentaire. Mais peut-être qu’au-delà du financement, une partie de la solution pour la survie des médias traditionnels, au-delà de Québecor, réside dans un retour à une mission plus… traditionnelle : celle d’informer d’abord, plutôt que de tenter d’influencer.
Pour lire la lettre Il faut qu’on parle de Québecor : pivot.quebec.