Peintre, sculptrice et céramiste aguerrie, France Malo s’est fait connaître au fil des années pour le « mouvement art sport », particulièrement l’art cycliste, qu’elle a grandement aidé à créer et à populariser. « J’ai été nommée en 2016 l’artiste offi- cielle de la Fédération québécoise des sports cyclistes (FQSC) avec qui j’ai une belle collaboration. Ça fait des années que je développe mon sujet du corps humain actif et je suis fière de constater que, depuis 10 ans, cette forme d’art a gagné beaucoup en popularité et que les sportifs veulent maintenant davantage de couleurs sur leurs maillots », mentionne cette grande sportive.
« Je me considère comme une coloriste, mais peindre en couleur, c’est un peu mon sport! C’est très physique et je me mets constamment dans l’état du sportif que je peins. Quand je fais du noir et blanc, c’est comme me reposer », compare France Malo sur ses différentes approches quant à la peinture sportive. Cette « sculptrice qui peint » précise qu’elle ne travaille presque jamais ses œuvres à partir de photos.
Jamais se répéter
Mais France Malo est loin de se limiter à l’art sportif, elle qui a touché à pratiquement tous les médiums en arts visuels au fil de sa longue carrière, incluant l’encre de Chine, la céramique, le bronze, et le verre. « Il faut que j’apprenne toujours. Me répéter, ça ne m’intéresse pas. Je suis toujours à la recherche de nouvelles expériences artistiques, autant pour améliorer mon art que pour mieux comprendre le monde à travers mon coup de pinceau », résume-t-elle. Elle travaille d’ailleurs depuis quatre ans sur une nouvelle série de peintures sur l’architecture contemporaine, qu’elle a bien hâte de révéler au grand jour.
« Dans ma jeunesse, un grand-maître m’a dit que la vie, ce n’est pas une ligne droite : c’est plein d’expérimentations, de détours, de culs-de-sac. Il faut que ça se ressente dans nos œuvres », se remémore l’artiste qui croit que la clé en art est d’« allumer sa curiosité ». « Mon évolution s’est faite sur plusieurs années, au fil des rencontres, des voyages, des déménagements, des adaptations… Rien ne m’est arrivé gratuitement! Quand on me demande le temps que ça me prend pour créer une œuvre, je réponds que ça m’a pris 45 ans », ajoute celle qui a vécu plusieurs années à l’étranger, mais qui est toujours revenue « à ses racines profondes », dans la région.
C’est avec tout ce bagage qu’elle a été accueillie parmi les grands-maîtres en beaux-arts de l’AIBAQ, un honneur qu’elle accepte volontiers après avoir été admise comme académicienne en 2009, maître en 2011 et artiste de l’année en 2013. « Le titre de grand-maître veut dire que tu maîtrises beaucoup de choses et que tu en inventes aussi. C’est comme aller à l’université faire son doctorat, mais au lieu de le faire en 3 ans, ça m’en a pris 45! (rires) Mais je reste convaincue que c’est ce que je devais faire et ce titre me donne la permission de faire ce que je veux comme je le ressens. » France Malo estime aussi que cette distinction lui permet de poursuivre sa mission artistique et sociale dans le milieu du sport et lui permet de continuer sa mission de donner davantage de visibilité aux artistes en arts visuels, le « parent pauvre » du milieu des arts.
Pour France Malo, ce titre veut aussi dire qu’elle a enfin atteint le stade de se sentir accomplie dans toutes les sphères de sa vie. « C’est toujours une bataille de conjuguer sa vie d’artiste et sa vie de femme. Les deux sont loin d’être pareils. Mais le titre de grand-maître me confirme en quelque sorte que je suis arrivée au point où mes deux parties sont enfin comblées après toutes ces années », lâche-t-elle, sereine.
Après la peinture, l’écriture
France Malo maîtrise déjà plusieurs formes d’art, mais elle a tout récemment ajouté une autre corde à son arc, celle de l’écriture. « J’ai l’impression d’avoir un peu fait le tour de ce qui était possible dans les arts visuels, mais en ajoutant l’écriture à mon processus, je me redécouvre une passion aussi forte que quand j’ai commencé la peinture. » En fait, elle trouve que les deux formes d’art ne sont pas si lointaines l’une de l’autre. « La peinture, c’est déjà un peu comme écrire une histoire », croit-elle. On peut donc s’attendre à voir ses écrits publiés dans les prochains mois.
À l’ère de la COVID
Rencontrée cet hiver, quelques semaines à peine avant que la planète se mette sur pause pour limiter la propagation de la COVID-19, France Malo ne manquait pas de projets de voyage cette année, notamment en Asie, en Italie et dans l’Ouest américain. Sans surprise, ils ont dû être annulés. « Le voyage devient autre, intérieur; revenir à l’essentiel », résume-t-elle avec philosophie.
Elle s’est tout de même tenue très occupée ces derniers mois avec deux projets touchant à ses implications sportives, incluant des activités auprès de la FQSC et de l’entreprise Apogee Sport. Elle a collaboré avec cette entreprise pour produire la collection Apogee-Malo, des masques où son art est bien en évidence. Comme artiste, France Malo est fière d’« apporter un peu de couleur dans cette sombre réalité » qu’est la pandémie.