21 décembre 2022 - 08:04
Belœil
Gel des taxes résidentielles, mais hausse pour les secteurs commercial et industriel
Par: Olivier Dénommée
La mairesse de Belœil, Nadine Viau. Photo Robert Gosselin | L’Œil Régional ©

La mairesse de Belœil, Nadine Viau. Photo Robert Gosselin | L’Œil Régional ©

La Ville de Belœil va à contre-courant de la plupart des autres municipalités de la région en faisant le choix de « geler » le compte de taxes municipales de la résidence unifamiliale moyenne pour l’année 2023. Ce sont toutefois les secteurs commercial et surtout industriel qui vont compenser la hausse du budget de 6,5 % par rapport à la dernière année.

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La Ville a déposé un budget équilibré de ses dépenses et de ses revenus de 49 043 800 $, soit une croissance de tout près de 3 M$. Cette hausse s’explique en grande partie par les quotes-parts, les salaires à la hausse et l’importante inflation affectant le coût des matériaux. De plus, on indique que la Ville n’a coupé dans aucun service. Cette hausse du budget ne devrait toutefois pas se refléter sur le compte de taxes des citoyens puisque le taux de taxe foncière d’un bâtiment résidentiel passe de 0,7172 $ par tranche de 100 $ d’évaluation à 0,4984 $, soit une baisse de 31 % en réponse au nouveau rôle triennal d’évaluation qui voit la valeur d’un bâtiment résidentiel augmenter de 40 %, voire 43 % pour une maison unifamiliale. Ainsi, la maison moyenne qui vaut maintenant 455 800 $ aurait un compte de taxes identique à 2022, soit 3064 $, incluant les tarifs fixes (eau, matières résiduelles, etc.). Le gel demeure toutefois théorique et on estime qu’environ 60 % des propriétaires de maisons à Belœil verront une légère augmentation et 40 % une légère baisse.

La dynamique est bien différente pour les bâtiments non résidentiels et industriels qui, en plus de connaître une hausse de valeur moyenne de respectivement 9,4 % et 25,5 % dans le nouveau rôle d’évaluation, voient leur taux de taxe augmenter de 7 % et de 17 %. La mairesse de Belœil, Nadine Viau, estime que les taux étaient « beaucoup plus bas que la moyenne des villes comparables en Montérégie » et que ce nouveau budget proposait un « réajustement intéressant », sans créer de « pression indue » sur ces propriétaires.

Tous les conseillers n’étaient toutefois pas d’accord avec cette décision et ont demandé le vote sur le budget. Quatre conseillers sur huit ont dénoncé le fait de simplement transférer le fardeau fiscal de la Ville aux entreprises alors que Belœil avait fait des efforts pour les attirer quelques années auparavant. On craint que des entrepreneurs décident de quitter le territoire pour une autre municipalité à proximité qui aurait un meilleur taux de taxation, comme Mont-Saint-Hilaire ou McMasterville. Le conseiller Karim-André Laz, de l’équipe de la mairesse, défend plutôt l’idée de « chercher l’équité externe avec la Montérégie », estimant que même à 1,7665 $ pour le commercial, Belœil se situe toujours sous la moyenne et continuera d’attirer des entreprises sur son territoire.

Malgré le désaccord entre les élus, le budget a été adopté à cinq contre quatre, puisque la mairesse Viau a ajouté sa voix en faveur de celui-ci.

Craintes pour le secteur commercial
L’Œil Régional a tenté d’obtenir des commentaires de la Chambre de commerce et d’industrie Vallée-du-Richelieu (CCIVR) concernant cette importante hausse en 2023 pour les bâtiments commerciaux et industriels. « La décision de limiter la hausse des taxes foncières à 0 % pour l’immobilier résidentiel est une excellente nouvelle dans un environnement difficile, notamment pour les consommateurs dans un contexte où, on le sait, la consommation intérieure est le moteur économique de nos entreprises locales […] Cependant, la hausse du taux de taxation de 7 % des immeubles industriels est une mesure qui risque d’affaiblir nos entreprises locales face au climat inflationniste et au risque de récession en 2023 », a commenté Julie La Rochelle, directrice générale de la CCIVR.

Yan Cloutier, le propriétaire du restaurant Cracheur de Feu, situé dans le Vieux-Belœil, considère quant à lui qu’« il y a une limite à ce qu’on peut absorber » lorsque les coûts augmentent pour les commerçants. Dans le domaine de la restauration par exemple, il croit que cela pourrait se traduire par une hausse des prix ou une diminution des portions. « Et si les taux augmentent trop, c’est certain que certains commerçants vont penser à déménager ou devoir carrément fermer leurs portes. Je suis chanceux, je suis encore capable d’ajouter des tables sur ma terrasse pour compenser, mais pour des commerces qui roulent déjà à pleine capacité et qui arrivent à peine, ça sera difficile. » Selon lui, c’est donc ultimement le citoyen qui va écoper, même si ce n’est pas directement via son compte de taxes.

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