Fils d’agriculteurs dans le milieu laitier, Gérard Trudeau s’est plutôt dirigé vers la fonction publique au début de sa carrière. Comptable agréé de formation, il s’est notamment fait remarquer comme directeur adjoint à ce qui s’appelait le Service de police de la communauté urbaine de Montréal, où il a eu le mandat de regrouper les corps de police de 26 municipalités. Il est par la suite revenu à l’agriculture avec des entreprises spécialisées en exportation de bovins laitiers et de production de veaux de lait, mais ce n’est qu’en 1984, à sa retraite de la fonction publique, qu’il s’est véritablement intéressé aux fines herbes, qui étaient encore complètement inconnues au Québec. « Les gens achetaient des épices, mais ne connaissaient pas les herbes fraîches. On a été les premiers à offrir ça ici, souligne-t-il. Je suis particulièrement fier l’hiver, quand il fait -15 dehors, qu’un couple dans sa cuisine puisse mettre une branche de romarin dans sa recette ou une feuille de menthe dans sa boisson! »
Quelques années plus tard, l’entreprise a ajouté les légumes asiatiques (bok choy, coriandre, kale, bette à carde, etc.) à son offre, d’autres produits qui n’existaient pas à l’époque au Québec. Aujourd’hui, les jardins des Fermes Trudeau à Saint-Mathieu-de-Belœil couvrent une superficie de 500 acres (environ 200 hectares) qui servent à alimenter les chaînes de supermarchés. « Le hic, c’est qu’on peut en faire l’été, mais qu’est-ce qu’on fait le reste de l’année? J’ai cherché des endroits qui permettent de produire à l’année et j’ai retenu la République dominicaine, puis le Mexique », explique l’entrepreneur. Si les herbes cueillies à Saint-Mathieu peuvent se retrouver dans l’assiette environ une semaine plus tard, il faut ajouter cinq jours de voyage pour celles en provenance du Mexique. Toutefois, les herbes sont mises en dormance pendant la totalité du voyage, ce qui veut dire qu’elles sont tout aussi fraîches à leur arrivée.
Au fil de ses nombreux voyages, le Belœillois s’est même lié d’amitié avec trois différents présidents de la République dominicaine, alors qu’il leur donnait des conseils pour améliorer la sécurité alimentaire dans leur pays. « J’ai été conseiller d’affaires du président; j’avais mon bureau au palais pendant 7 ans et j’avais le privilège d’être seul dans le bureau avec le président. J’ai fait tout ça bénévolement, je ne voulais pas un sou et je ne voulais surtout pas être mêlé à la politique », raconte Gérard Trudeau, qui parle couramment espagnol.
M. Trudeau a aussi été très impliqué dans le mentorat, désirant transmettre son vécu hors du commun et sa philosophie aux prochaines générations d’entrepreneurs. Il donne notamment des cours à l’École d’entrepreneurship de Beauce.
Une consécration
L’Ordre du Canada sert donc de consécration à la vie chargée qu’a menée Gérard Trudeau – et qu’il a bien l’intention de continuer de vivre en plus de rayonner sur la région et sur le monde agricole. « Qu’est-ce que je vais faire maintenant que j’ai cette reconnaissance? Continuer! », lance-t-il tout sourire.
La cérémonie de remise de médaille doit avoir lieu à Rideau Hall, à Ottawa, à une date qui n’était pas encore connue au moment de mettre sous presse.
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