Ce prix annuel est remis à une personne dont le travail dans l’ombre, qu’il s’agisse de prestations, de promotion, d’organisation, de production ou de développement communautaire, mérite une reconnaissance à l’échelle canadienne, et Gilles Garand était le candidat tout indiqué pour le remporter, lui qui a dédié l’essentiel de sa vie à mettre de l’avant cette musique à travers la création de différents événements. « C’est un privilège de la vie de recevoir un prix comme celui-là », reconnaît le principal intéressé, qui a aussi reçu un prix similaire en 2019 de Folk Alliance International.
« J’ai eu droit à une ovation exceptionnelle dans la salle. Tout le monde présent me connaissait et je pense que c’était valorisant pour eux de voir qu’on peut avoir de la longévité dans ce milieu et rester pertinent. […] Le plus grand cadeau, c’est que c’est le milieu dans lequel j’ai évolué pendant plus de 50 ans qui reconnaît mon travail. »
Pendant la remise de prix, le musicien a aussi sorti son harmonica pour jouer le fameux « Reel du pendu », morceau qui a une forte symbolique pour Gilles Garand. « Cette pièce, c’est aussi le reel de la liberté. Il s’agit d’une composition anonyme, mais qui est jouée encore aujourd’hui partout à travers la planète sous différents noms. Au fond, celui qui l’a composé était le premier travailleur de l’ombre! » illustre-t-il.
Le trad entre bonnes mains
Le Prix du Travailleur de l’ombre revient à Gilles Garand au moment où il s’apprête à tirer sa révérence de plusieurs organisations pour pouvoir se consacrer sur ses propres projets musicaux, les laissant entre les mains d’autres personnes aussi passionnées que lui. « Le transfert devrait être complété au courant de l’année. On veut le faire adéquatement, sereinement. Mais je ne vais pas disparaître et les gens savent qu’ils pourront encore me téléphoner au besoin! » Quand à l’attrait pour les musiques folk et trad, il n’est « pas inquiet pantoute » pour son avenir, au contraire. « La scène est tellement exceptionnelle, vivante! C’est encore une niche, mais elle est plus grande! »
Son 78 tours
Aujourd’hui âgé de 78 ans, Gilles Garand est en mode célébration, lui qui souhaite créer son propre « 78 tours ». « J’ai voulu rendre cet anniversaire significatif en faisant un 78 tours sympathique, créatif et un peu fou comme moi! » Il compte d’ailleurs célébrer toute l’année et multiplier les occasions de monter sur une scène et a commencé la semaine dernière par un passage au festival Babel musiques à la Maison de la culture Ahuntsic pour un moment de trad en famille.
Gilles Garand n’était pas encore en mesure d’annoncer d’autres activités, mais il confirme son intention de poursuivre la célébration de son 78 tours d’ici la fin de l’année. « Je cherche encore à faire quelque chose de créatif. On verra ce qui se développe, mais mon but est de faire de l’art vivant dans le plaisir et la complicité! »