L’an dernier, les policiers ont pris en défaut 220 conducteurs pour avoir conduit en état d’ébriété : il s’agit d’une hausse de 35 par rapport à l’année précédente. Il s’agit aussi de la première fois depuis 2019 que ce nombre dépasse la barre des 200. Notons qu’aucune mesure sanitaire et de confinement n’a été en vigueur en 2023, contrairement aux trois années précédentes.
Le total d’infractions de 2023 est également le troisième plus élevé depuis sept ans. En effet, seules les années 2016 (258) et 2018 (248) ont été plus occupées pour les policiers en matière d’arrestation pour conduite avec les facultés affaiblies.
Pas de surprise
Les différents intervenants analysent de manière différente ce retour à la normale. D’un côté, la RIPRSL avance que ces statistiques démontrent la présence constante des policiers sur le réseau routier. « Le risque pour les conducteurs qui conduisent avec les facultés affaiblies par l’alcool ou la drogue de se faire prendre est bien réel. Ils sont susceptibles d’être pris en flagrant délit par les policiers ou dénoncés par d’autres usagers de la route qui communiquent avec nous. Il y a déjà des barrages pour contrôler la capacité de conduire des conducteurs qui peuvent être planifiés ou spontanés tout au long de l’année », souligne le sergent Jean-Luc Tremblay, porte-parole à la RIPRSL.
De l’autre côté, l’ancien pilote automobile Bertrand Godin, qui agit comme porte-parole de la campagne de sensibilisation de l’entreprise Labatt, n’est nullement surpris. Il avance même que les chiffres ne disent pas tout. « On ne sait pas combien de personnes inaptes à conduire ont pu passer entre les mailles. On note qu’il y a deux types de personnes qui prennent le volant avec les facultés affaiblies. Tu as les indisciplinés qui ne vont jamais suivre les règles. Puis, tu as les personnes qui prennent un verre ou deux et se pensent vraiment en mesure de conduire au moment de prendre la décision de conduire. Il peut arriver que les personnes se fassent pincer sans savoir que leur taux d’alcoolémie était élevé. »
Des solutions diverses
Pour enrayer cette situation, l’organisme Éduc’alcool rappelle fréquemment l’importance de bien planifier sa soirée quand une personne veut consommer de l’alcool. « Ça se prépare, ces soirées, pour bien s’assurer du retour sécuritaire. Le fait d’avoir un conducteur désigné pour la soirée est une bonne solution. Nous aimerions d’ailleurs que les différents établissements augmentent leur offre de boissons sans alcool pour le chauffeur désigné », déclare la directrice générale de l’organisme, Geneviève Désautels.
Bertrand Godin va jusqu’à proposer d’imposer la tolérance zéro pour tous les conducteurs. « Comme ça, il n’y aurait plus d’ambiguïté. Tu bois, tu ne prends pas ton véhicule, peu importe la quantité. Les policiers n’auraient qu’à se concentrer sur les indisciplinés qui défient les règles. »
Une solution qui peut être envisageable quand on sait que maintenant c’est tolérance zéro jusqu’à l’âge de 21 ans pour les détenteurs de permis de conduire. « Les jeunes sont moins pires que leurs parents. Ils n’ont pas de chance à prendre. Et rendus à 21 ans, ils sont déjà habitués à conduire et à ne pas consommer. L’habitude reste ainsi ancrée », renchérit Mme Désautels.
