En entrevue avec L’Œil Régional, l’artiste a longuement discuté de son parcours qui l’amène aujourd’hui à présenter une exposition regroupant des œuvres créées sur une vingtaine d’années. Elle a notamment discuté de son enfance à Québec, de sa passion pour l’art qui s’est manifestée dès le primaire et de son entêtement à poursuivre des études en beaux-arts. « Peindre et dessiner m’enthousiasmait déjà à l’époque, j’avais besoin de transmettre mon émotion, mon ressenti à travers l’art. […] Malgré le refus de mon père de payer pour mes études en beaux-arts, je me suis prise en main pour réaliser mon rêve », se souvient-elle. Par la suite, la maternité a aussi mis un frein à sa carrière pendant quelques années, mais jamais elle n’a abandonné son rêve.
Depuis plus de 40 ans, Hélène Goulet ne cesse de peaufiner sa signature, avec une bonne dose d’abstrait. Elle s’est beaucoup intéressée aux paysages à ses débuts, puis davantage aux relations humaines et aux rapports de force. « Ma philosophie, c’est peindre pour voir et pour mieux comprendre ce qui nous habite, nous obsède, nous tourmente… J’ai longtemps été inspirée par la nature, je trouvais ça émouvant, et j’ai créé des paysages selon mon ressenti et mon émotion. La nature était mon thème de prédilection, mais l’humain n’était jamais très loin », commente l’artiste avec du recul.
Mais dans tous les cas, le « langage plastique » est tout aussi important pour elle que le thème abordé. « Le travail avec les couleurs, les formes… C’est à l’artiste de faire vibrer ces éléments-là. La couleur, c’est un peu comme du théâtre : une couleur prend le devant de la scène, les autres viennent en soutien », poursuit Hélène Goulet, citant Johannes Itten parmi ses références incontournables quant à la théorie de « l’objectivité des couleurs ». Les œuvres présentées à la Maison Paul-Émile-Borduas mettent bien de l’avant son audace picturale qui laisse toute la place à l’émotion. D’ailleurs, elle reconnaît que les titres servent à aider les visiteurs à mieux comprendre l’intention derrière chaque œuvre. « Mon art, je veux qu’il ait de l’impact, qu’il touche les gens. Je veux qu’ils soient séduits ou interrogés par celui-ci. Je donne une idée avec le titre, mais je ne veux pas donner la réponse au premier coup d’œil, il y a une part d’inconscient là-dedans. »
Rencontre marquante
Au fil de la discussion, le nom du peintre avant-gardiste Serge Lemoyne est revenu à plusieurs reprises. Il a effectivement eu un grand impact dans la vie personnelle et professionnelle de l’Hilairemontaise, qui est devenue très proche de lui quelques années avant son décès en 1998. « Nous nous sommes liés d’amitié en 1995. On a eu un lien d’admiration et d’affection. J’étais inspirée par lui et son travail et je dirais que ça m’a amenée à développer plus d’audace dans le mien! Il n’avait pas l’air d’avoir d’hésitation dans sa création et ça m’a aidée à me raffermir dans mes propres élans de création. »
Hélène Goulet estime que c’est à peu près à cette époque que ses thèmes ont délaissé les paysages pour aller davantage vers les relations humaines. « Son décès m’a laissé un grand vide et j’ai créé une série de tableaux à la suite de ça, dont la série des “Fleurs outrageantes”, accompagnée de poèmes que j’ai écrits. » Un recueil contenant des poèmes de sa main peut également être consulté dans le cadre de Territoires émotifs.
Encore des choses à dire
L’exposition présente des œuvres remontant jusqu’à 1997, mais les plus récentes ont été créées en 2017. Ces dernières, de plus petit format, se démarquent des autres œuvres par une facture généralement plus douce à l’œil. « C’est la série “Voltige”, ma série la plus récente. J’ai bien l’intention de poursuivre dans cette direction dans mes prochaines œuvres », mentionne Mme Goulet, qui reconnaît avoir quelque peu délaissé son art ces dernières années pour diverses raisons. « Les circonstances des dernières années m’ont fait prendre une pause de la peinture et cette exposition est la troisième pour moi en quelque mois… Je n’ai pas encore eu la chance de peindre depuis que je suis installée à Mont-Saint-Hilaire, mais j’ai encore du ressenti que je veux rendre en image : je compte m’offrir ce plaisir de reprendre la peinture dans les prochains mois », se promet l’artiste.
L’exposition Territoires émotifs de l’Hilairemontaise Hélène Goulet se trouve à la Maison Paul-Émile-Borduas de Mont-Saint-Hilaire jusqu’au 30 octobre.