4 juin 2024 - 05:00
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Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

En anglais, on distingue une maison (house) de sa demeure, son chez-soi et les émotions qui s’y rattachent (home). Nous n’avons pas tellement l’équivalent ici, c’est-à-dire une distinction entre la bâtisse et l’endroit que l’on chérit.

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J’ai vécu à plusieurs endroits (house), mais tous n’ont pas eu pour moi l’effet d’être un chez-soi (home). Je dirais même que j’ai ressenti cet effet seulement à quelques reprises, comme dans la maison de mon enfance, la maison où j’ai élevé mes enfants. Tranquillement, je transforme la maison où je vis en « home », mais c’est un processus qui demande du temps.

J’ai accepté de me faire marcher sur la tête par des locataires parce que je savais que la location était temporaire, même si temporaire peut parfois se traduire en années. Mais dans ma demeure, ma maison, mon chez-moi, c’est non. C’est un endroit sacré. Je ne choisis pas le mot à la légère. Quand le reste du monde prend le bord, la maison, « my home » devient un rempart, un sanctuaire.

J’ai un peu abordé le sujet la semaine dernière en parlant du voyage des élus de Belœil à Copenhague pour mieux réfléchir à la conception du prochain et dernier quartier de la ville. Je soulevais aussi « avoir vécu dans des quartiers mal pensés, des secteurs densifiés avec pour seul but d’entasser le plus de gens possible dans des bâtiments sans âme, sans couleur ni saveur. Rien de plus triste ».

J’y reviens pour deux choses. D’abord, parce que la saga de la maison insalubre prend enfin fin à Otterburn Park. C’est un dossier délicat parce qu’il met en scène une dame avec des problèmes personnels. C’est probablement pour la protéger que son courtier immobilier m’a dit que la pauvre dame avait été victime d’acharnement. Je n’ai rien dit au téléphone, mais je ne pouvais pas lui donner raison. Pendant plus de 10 ans (c’est long!), des voisins ont enduré des odeurs nauséabondes et un état des lieux lamentable. C’est inacceptable que les lois municipales n’aient pas permis à la Ville d’agir avant.

Et on revient encore cette semaine avec le dossier du parc Charles-Larocque et des paniers de basket. La décision de retirer les paniers, disais-je il y a quelques semaines, était sûrement la bonne. Mais c’est une solution qui ne peut faire que des perdants. C’est triste de retirer aux jeunes et aux moins jeunes un plateau sportif, mais il faut avoir vécu à côté d’un terrain de basket pour comprendre le bruit incessant d’un ballon rebondissant au sol. Nous avions eu le même débat du bruit avec le parc canin ou encore le terrain de dek hockey au parc Alfred-Nielsen, il y a quelques années.

Je ne dis pas qu’il nous faut des quartiers sans vie ou sans bruit. Mais rendus à une certaine heure, les résidents d’un secteur ont droit à une certaine quiétude. Et aussi d’une protection contre les bruits répétitifs.

J’en reviens à la nature sacrée de notre chez-soi; c’est pour cette raison que j’ai tendance à toujours me ranger aux côtés des gens qui se sentent brimés dans ce type de conflit, si l’argumentaire dépasse bien sûr celui du « pas dans ma cour ».

Le même argument que j’utilise pour soutenir le voyage à Copenhague. Pour qu’à l’avenir, on pense nos quartiers de façon à bien y accueillir des gens, pas juste les entasser pour répondre à un problème de logement ou de densité à l’hectare. Y injecter un peu de sacré!

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