Cette augmentation a de quoi tenir les policiers occupés. D’ailleurs, la salle d’enregistrement vidéo de la Régie, une étape nécessaire dans de telles affaires pour éviter que la victime n’ait à raconter son histoire plusieurs fois et pour étudier la réaction de la victime, est constamment sollicitée.
Parmi ces dénonciations, les policiers dénotent que la majeure partie des dénonciations sont pour des crimes d’époque, dont les faits reprochés datent des années 1990 ou avant.
Cette augmentation est directement liée à la vague des révélations d’inconduites sexuelles qui ont récemment touché plusieurs personnalités publiques comme Éric Salvail, le producteur Harvey Weinstein ou le réalisateur Sylvain Archambault, de même que la vague de dénonciations en ligne #Moi Aussi.
Des discussions
Au Centre de femmes l’Essentielle, l’organisatrice communautaire Catherine Véronneau observe que la foulée des dénonciations a généré beaucoup de réflexion et de discussions chez les femmes. Quoique le Centre n’a pas enregistré plus de demandes d’aide depuis le début de ce mouvement, l’intervenante constate une hausse de 55 % des demandes de service et d’aide pour «violence», incluant les violences sexuelles, conjugales ou autres (économiques, familiales, etc.) depuis les trois dernières années. Mme Véronneau note d’ailleurs que cette problématique arrive au premier rang des demandes d’aides depuis les deux dernières années.
Si le sujet génère beaucoup de discussions, elle constate toutefois que le manque de ressources en la matière est criant.
Du côté de l’Entraide pour Hommes, qui vient en aide aux hommes en difficulté ou en situation de violence conjugale, la directrice générale Geneviève Landry, qui s’attendait pourtant à ressentir un impact chez sa clientèle, constate que la vague #Moi Aussi ne semble pas avoir causé des réflexions ou de discussions au sein des usagers.
Les centres d’aide débordés
Deux semaines après la sortie du mot-clic #Moi Aussi, le Regroupement québécois des Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) avait constaté une hausse des demandes d’aide dans ses points de service variant de 100 % à 533 %, selon le centre. En moyenne, les demandes avaient triplé.
Selon les statistiques internes du regroupement, 43 % des femmes attendent plus de 13 ans avant de demander de l’aide dans les centres du CALACS, notamment en raison de la honte, la culpabilité et les peurs associées à la violence sexuelle. Dans 96 % des cas signalés aux CALACS, la victime connaît son agresseur.