Dans Garçon désamorcé : roman autistique, le personnage principal reçoit un diagnostic dans la vingtaine. « À partir de là, il va revisiter des événements marquants de sa vie à travers une série de flash-back, mais avec une nouvelle compréhension de lui-même. Ça va expliquer plein de choses, mais aussi soulever d’autres questionnements », raconte l’auteur, qui a lui-même été diagnostiqué autiste il y a quelques années.
Le sujet s’est un peu imposé de lui-même pour celui qui s’intéressait à l’autofiction dans le cadre d’un stage postdoctoral. « Je ne voulais pas nécessairement écrire là- dessus au départ, mais c’est venu naturellement à cause de la forme du livre et je me suis dit que c’était une bonne opportunité d’aborder ce sujet. L’autisme est mieux compris qu’avant, mais c’est souvent vu par une personne qui observe, par les parents ou les enseignants par exemple, plutôt que par la personne autiste elle-même. Je me suis demandé si je pouvais faire entrer les lecteurs dans la tête d’une personne autiste, notamment dans la forme littéraire, et leur faire ressentir ce que c’est. » Cela se traduit notamment par des écholalies, des rituels répétés du narrateur ou encore sa façon de penser très directe.
« J’avais le fantasme d’écrire quelque chose de plus linéaire, mais j’en suis finalement arrivé à un livre écrit par épisodes. Puis, j’ai travaillé avec mes éditrices pour lui donner un certain ordre et des fils conducteurs. Dans le livre, je n’aborde pas que l’autisme, mais aussi l’enfance et les traumatismes familiaux qui peuvent avoir une influence sur une vie. Ça apporte une réflexion sur les origines et la famille », poursuit Gabriel Kunst, qui a écrit ce livre en environ 9 mois, dans la dernière année.
Capturer l’essence
Sorti en mars dernier, Garçon désamorcé : roman autistique a reçu des éloges de personnes avec un TSA qui ont souligné à l’Hilairemontais qu’il était parvenu à « capturer leurs pensées intérieures » et à bien amener de façon littéraire leur façon de voir le monde. « Mais je pense que le livre ne s’adresse pas qu’aux personnes autistes et leur entourage : c’est un roman court (180 pages environ) qui se lit bien, mais qui garde seulement une espèce d’étrangeté pour un lecteur neurotypique. C’est une belle porte d’entrée dans la tête de quelqu’un qui pense différemment et de découvrir cette pensée-là tout en restant dans un contexte littéraire. » L’attention accordée au roman par différentes publications grand public tend à confirmer le côté accessible de cette proposition. « On fait des gains pour mieux comprendre cette réalité, et je sens que mon livre est peut-être sorti au bon moment », ajoute-t-il.
Garçon désamorcé : roman autistique de l’auteur hilairemontais Gabriel Kunst est paru en mars aux éditions Poètes de brousse.
