25 mai 2023 - 07:00
Récital le 4 juin
Isadorable Roxane Chamberland
Par: Olivier Dénommée
Dans l’œuvre « Consolation no2 », la Belœilloise Roxane Chamberland (de dos) enlace son alter ego Delphine Lefebvre, aussi de Belœil, sujet de l’exposition en marge de son récital Être isadorable. La couronne de fleurs qu’elle porte est en fait créée à partir d’une pointe de ballet décousue. Photo Josée Lecompte

Dans l’œuvre « Consolation no2 », la Belœilloise Roxane Chamberland (de dos) enlace son alter ego Delphine Lefebvre, aussi de Belœil, sujet de l’exposition en marge de son récital Être isadorable. La couronne de fleurs qu’elle porte est en fait créée à partir d’une pointe de ballet décousue. Photo Josée Lecompte

Depuis son dernier grand projet Grand chelem, complété en 2019, l’artiste belœilloise Roxane Chamberland s’est penchée, dans le cadre de sa maîtrise en arts visuels et médiatiques à l’UQAM, sur une réflexion sur son identité de danseuse. C’est à un « récital » unique, un mélange entre une performance et une conférence, auquel l’assistance sera aussi invitée à réfléchir à sa propre relation avec la danse, qu’elle convie le public le 4 juin.
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Le projet Être isadorable est bâti autour du concept d’un récital, qui peut être à la fois un récital de musique, de poésie ou de danse. « C’est un mélange de rituel et de performance-conférence. C’est un rituel dans la mesure où il y a un rendez-vous, avec une heure de début et de fin, que j’amène dans l’univers de l’art performance. Au programme, il y aura parfois des pièces plus mouvementées ou encore la lecture d’un manifeste et un cours 101 de danse. Il n’y aura aucun quatrième mur et je serai en contact constant avec le public », avertit l’artiste.

Le titre du récital se base notamment sur le récit de la vie d’Isadora Duncan, pionnière de la danse libre, et des filles qu’elle a prises sous son aile. « Elle a fondé sa propre école de danse et adopté des orphelines. Elle voulait faire d’elles de meilleurs humains en passant par la danse. C’est un journaliste qui a trouvé le nom Isadorables, contraction d’Isadora et adorable », souligne Roxane Chamberland, qui s’est aussi sentie interpellée par sa biographie. « Dès les premières pages, j’avais l’impression qu’il y avait un lien entre elle et moi! Elle est aussi issue d’une famille d’artistes et c’est une femme qui a fait à sa tête, qui a été autant adulée que huée dans sa carrière. »

Le titre de sa performance ne se limite pas à un clin d’œil à Isadora Duncan : c’est aussi une façon pour Roxane Chamberland de se redéfinir comme danseuse, elle qui ne savait plus depuis des années si elle pouvait encore se dire danseuse. « J’ai fait de la danse classique pendant 20 ans, notamment avec l’école de danse d’Ann Brockman à Belœil. Je me suis construite par la danse, mais la question se posait parce que je ne danse plus depuis des années, du moins pas dans l’idée qu’on s’en fait, soit de participer à des chorégraphies ou des spectacles. Mais je crois que tout mouvement, comme bouger une main ou simplement respirer, peut être une forme de danse. »

Être isadorable est donc, pour Roxane Chamberland, une façon de se réapproprier le droit de dire qu’elle danse à travers ce qu’elle appelle en riant son « vieux corps en transformation ». « Avec ce récital, je veux offrir quelque chose de touchant et de sensible avec une part de deuil sur mon passé de danseuse, mais aussi de la joie et de l’autodérision », résume-t-elle au sujet de ce récital qui devrait durer environ une heure.

Jeune alter ego

Bien que Roxane Chamberland sera seule à performer le 4 juin, le projet s’est concrétisé avec l’aide de Delphine Lefebvre, jeune résidente de Belœil et fille d’une de ses plus vieilles amies de danse. « C’est une danseuse naturelle. Elle n’a jamais suivi de cours, mais elle danse tout le temps! Elle a embarqué dans le projet avec moi. C’est une fille tellement fine et généreuse. Je n’ai pas d’enfants, mais j’ai l’impression de faire un parallèle avec Isadora en donnant à la prochaine génération. Elle est aussi en quelque sorte mon alter ego pour faire les mouvements que je ne peux plus faire. » Delphine Lefebvre sera présente dans la salle en plus d’être la vedette d’une exposition photo en marge du récital, où elle s’est prêtée au jeu de prendre différentes poses, affublée d’une couronne de fleurs… qui n’est pas faite de vraies fleurs! « Un objet central au projet est une de mes vieilles pointes de ballerine, que j’ai décousue et transformée en fleurs », précise l’artiste.

À chacun sa chanson

Le public aura aussi son rôle à jouer dans le récital : ceux qui s’y inscrivent auront le devoir d’aussi fournir le titre de la chanson qu’ils préfèrent pour danser. « Ça met les gens dans une réflexion autour de la danse par rapport à eux-mêmes et ça les oblige à se commettre! » Roxane Chamberland accepte autant les classiques incontournables que les plaisirs coupables, qui feront ainsi partie d’une liste d’écoute qui résonnera à la fin du récital. « J’ai déjà plus d’une vingtaine d’inscriptions sur une quarantaine de places et je vois à quel point c’est éclaté! Il y a des slows, de la musique des années 50 et 80, du boom-boom… ça promet d’être un party éclectique! »

À l’issue du récital, Roxane Chamberland espère que les spectateurs seront touchés par l’expérience somatique qu’ils vont avoir vécue et surtout qu’ils auront envie de danser, d’une manière ou d’une autre! « Et ça va être un beau moment partagé, chose dont on a sérieusement manqué ces dernières années », conclut-elle.

Le récital Être isadorable est présenté une seule fois, le dimanche 4 juin à 14 h, dans les locaux d’Expression, Centre d’exposition de Saint-Hyacinthe (495, avenue Saint-Simon, Saint-Hyacinthe). Pour y participer, il faut réserver sa place au plus tard le 1er juin à l’adresse education@expression.qc.ca et écrire le titre de sa pièce musicale préférée pour danser. Info : www.expression.qc.ca.

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