«Mon travail a été une passion jusqu’à la fin, dit M. Rémy. Je travaille six jours par semaine. Mais rencontrer des gens, ce n’est pas un travail. J’échange, j’écoute, je m’amuse; il faut s’amuser. J’aurais pu continuer, mais à 66 ans, la retraite s’impose.»
Le directeur de la Caisse Desjardins Belœil – Mont-Saint-Hilaire prend sa retraite aujourd’hui, le 31 octobre. Il compte bien profiter de son temps avec la famille, dit-il d’abord, en parlant de ses sept petits-enfants (le huitième en route!). «Je veux être présent. Le plus vieux a cinq ans. Si on n’entre pas dans leur vie à cet âge, à 10 ans, il est trop tard.»
La famille l’aidera à combler «le vide de la retraite». «Quand tu as un titre, tu es reconnu. Quand tu enlèves ton titre, dit-il en montrant l’épinglette de Desjardins sertissant son veston, tu deviens normal; la personne sans la fonction.»
Le plus grand deuil, la dernière «claque dans la face» aura été la soirée d’adieu organisée par ses amis le 29 septembre dernier. «J’ai shaké pendant deux heures, dit celui qui n’aime pas être fêté. Je suis content, mais je ne le cherche pas.»
Coopératif
Dès le début de l’entretien, Jacques Rémy parle de l’importance des valeurs de la coopérative et de Desjardins. Oui, il aura fait un saut de quelques années dans le milieu des banques. Il a été, entre autres, chef de l’administration pour la Banque Royale du Canada à Mont-Wright, dans le Grand Nord. Il avait 23 ans: «Comme responsable, tu apprends à te débrouiller. Je devais loger et m’occuper des employés, des 5000 personnes sur le chantier de la mine. Tu apprends à prendre tes responsabilités rapidement.»
Même s’il a aimé ce passage à la banque, tout le volet coopératif n’y était pas. Ces valeurs de la coopérative, il les aura apprises tôt, au cégep, alors qu’il travaille à la coop étudiante, avant de siéger à son CA. «J’ai vécu une belle expérience. On achète des biens pour les vendre le moins cher possible à nos membres. C’est une belle formule de partage.»
Avec le Mouvement Desjardins, c’était la même chose: «Nous faisons en sorte d’enrichir les membres de la caisse avec les ristournes, mais aussi les membres de la collectivité. C’est près de 425 000 $ que nous avons remis aux différents cause et organisme de la région, ici cette année. Ces montants sont investis dans le milieu.»
Le natif de Saint-Marc-sur-Richelieu rappelle tout au long de l’entrevue l’importance de la coopérative, de l’implication dans le milieu, de l’achat local. Ces valeurs ne sont pas étrangères à sa propre implication sur le CA de plusieurs organismes économique, comme la Chambre de commerce et d’industrie de la Vallée-du-Richelieu ou le Centre local d’emploi, tout comme les organismes charitables, comme la Maison Victor-Gadbois ou le Centre de répit l’Intermède. Ou encore son implication auprès des Chevaliers de Colomb, ce qui a permis au directeur de côtoyer un peu plus la misère cachée de la région.
«Il a toujours été près des organismes, souligne son ami Gilbert Desrosiers, avec qui il a siégé pendant plus de dix ans à la Chambre de commerce. Il respectait les valeurs coopératives de Desjardins et c’était un excellent gestionnaire, toujours humain. Ce qui n’est pas le cas de tous les gestionnaires.»
C’est aussi un gars extrêmement drôle et festif une fois la cravate détachée. Mais surtout, tient à noter M. Desrosiers, Jacques Rémy est le pire golfeur de la Vallée-du-Richelieu!
Jacques Rémy était «complètement dévoué à la région», insiste l’ancien maire de McMasterville Gilles Plante. «On peut compter ses amis sur les doigts d’une main, dit-on. Et bien Jacques est l’un de ces doigts, dit le politicien à la retraite. Que ce soit pour soutenir financièrement l’achat d’une zamboni, le projet de la gare ou les écoles, Jacques était présent, dit-il. «Il n’était pas obligé de faire tout ce qu’il a fait, mais il réussissait à convaincre le CA et à vendre ses idées.»
Regroupement
Après avoir été directeur des services courant et administratif, puis directeur des services aux entreprises à la Caisse populaire de Belœil, Jacques Rémy est nommé directeur général de la caisse populaire d’Upton. Après avoir touché à tout, il revient enfin à Belœil le 6 janvier 1998 (le premier jour du verglas). Ses vingt dernières années de carrière auront été marquées, entre autres, par les regroupements des caisses de Belœil, suivis par le regroupement avec celles de Mont-Saint-Hilaire, de Saint-Jean-Baptiste ainsi que de Saint-Marc, Saint-Antoine et Saint-Charles-sur-Richelieu.
Chaque regroupement représente un challenge, de l’apprentissage; de comprendre le milieu et ses valeurs, ses mentalités, explique M. Rémy. Il faut être à l’écoute, respecter les gens, voir le talent des gens et leur donner l’espoir qu’ils peuvent grandir dans la caisse.»
Malgré toutes les difficultés qu’entraînent les regroupements, comme de jongler avec les différentes cultures ou encore la réduction du nombre de postes, M. Rémy part à la retraite avec le sentiment du devoir accompli. Les employés vont lui manquer, et il ne peut s’empêcher de nommer ses adjointes Francine Chabot Marie-Claude Hogue.
Il va continuer de siéger aux conseils d’administration en respectant ses mandats, mais il attendra avant d’accepter d’autres offres, dont certaines sont déjà sur la table. Pour le moment, ce sera la famille. Et il promet de troquer la cravate par la hache afin d’aller bucher le bois.
Bonne retraite M. Rémy.