23 septembre 2024 - 05:00
Journées de la culture
Jaser de toute et de rien pantoute avec Marcel Sabourin
Par: Olivier Dénommée
Le 28 septembre prochain, Patrick Caux et Marcel Sabourin invitent le public à assister à un entretien intimiste entre les deux acteurs au Centre culturel de Belœil. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Le 28 septembre prochain, Patrick Caux et Marcel Sabourin invitent le public à assister à un entretien intimiste entre les deux acteurs au Centre culturel de Belœil. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Acteur doté d’une longue feuille de route au théâtre comme au grand écran, le Belœillois Marcel Sabourin est aussi un ardent défenseur de la culture populaire, lui qui a été le premier porte-paroles des Journées de la culture en 1997. Et c’est justement le 28 septembre, dans le cadre des Journées de la culture, qu’il sera possible d’assister à une discussion d’une heure entre lui et l’acteur Patrick Caux. Et à en juger par l’entretien commun accordé à L’Œil Régional, on peut s’attendre à un moment unique entre les deux hommes et le public.
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C’est Marcel Sabourin lui-même qui a approché Patrick Caux en début d’année pour organiser une activité où il pourrait partager ses expériences avec le public, même si l’acteur de 89 ans réfute la plupart des qualificatifs élogieux qu’il reçoit. « Je ne suis qu’un acteur, pas un grand du cinéma. Il y en a beaucoup qui ont fait comme moi leur métier, mais j’ai peut-être eu plus de chance que d’autres qui avaient plus de talent que moi mais qui n’ont pas rencontré les bonnes personnes au bon moment. Et il y en a beaucoup qui, même s’ils ont du mérite, tombent complètement dans l’oubli en vieillissant », insiste-t-il. « C’est facilement une des personnes les plus humbles que je connaisse; des gens qui ont eu des carrières moins intéressantes que la sienne se péteraient pas mal plus les bretelles », souligne pour sa part Patrick Caux.

C’est un peu dans cet esprit que la rencontre est prévue. « Pour souligner la carrière et la vie de Marcel, on propose un entretien intime devant public où on va discuter de tout et de rien. Ce sera une discussion très ouverte et les gens pourront aussi poser des questions », poursuit l’acteur résident à Mont-Saint-Hilaire. Avec Marcel Sabourin, il faut s’attendre à tout, allant de l’infiniment grand à l’infiniment petit et tout ce qui se trouve au milieu. L’entretien va aussi aborder la rencontre de Marcel et sa conjointe Françoise, qui sont inséparables depuis une soixantaine d’années, et possiblement les liens forts que le couple a avec la région et particulièrement avec la rivière Richelieu.

L’activité est aussi l’occasion de rappeler l’importance que Marcel Sabourin a toujours accordée aux Journées de la culture et, bien sûr, à la culture en général. « Quand on m’a proposé d’être porte-parole des Journées de la culture, pour moi il n’était pas question que ce soit l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) à l’honneur, mais plutôt ceux qui font pour la première fois du dessin ou qui apprennent à faire de la poésie et qui, peu à peu, deviennent artistes peu importe de quel milieu ils viennent », raconte Marcel Sabourin. À l’époque, il s’était d’ailleurs mis certaines élites à dos pour avoir porté un « vieux coat » sur l’affiche promotionnelle des Journées de la culture. « Ça en avait fait chier plusieurs! Pour eux, la culture c’est l’OSM et le Théâtre du Nouveau Monde (TNM) et il fallait être bien habillé. Mais comment est-ce que ça commence? Avant de jouer dans un orchestre symphonique, ça commence par des ti-culs qui s’amusent à se raconter des histoires et à essayer de faire de la musique avec n’importe quoi. C’est par le jeu d’enfants que tout commence. »

« Si on me voulait comme Monsieur Culture, il fallait parler de créativité, poursuit-il. S’il n’y avait pas de créativité, il n’y aurait pas de culture et c’est chez les enfants que ça doit être développé et c’est par là que l’on fait des gens cultivés et des artistes plus tard! » Pour le Belœillois, Robert Charlebois fait autant partie de la culture que les grands compositeurs classiques comme Mozart. « Charlebois met en chansons ce qu’on est. La culture, c’est d’abord et avant tout de mettre ce qu’on est en paroles, en musique, en peinture. On laisse évoluer ça et ça finit par donner Mozart au bout d’un certain temps », soutient-il.

Ouverture

Marcel Sabourin a toujours aimé faire ce que les autres ne faisaient pas. Or, à l’époque, le cinéma n’était pas aussi populaire qu’aujourd’hui, mais il a toujours voulu « faire des vues », préférant ce médium à la télé et même au théâtre. Il ne se considère pas avant-gardiste pour autant, mais remercie son éducation qui lui a permis d’être celui qu’il est devenu. « J’ai eu la chance d’avoir des professeurs ouverts qui encourageaient la culture : les Jésuites étaient vendus à la cause de l’art. […] Ils m’ont influencé et j’ai eu droit à des professeurs remarquables qui ont donné leur vie à former la gang de petits cons qui passaient devant eux chaque année! », raconte-t-il avec nostalgie.

Même s’il se dit « totalement incroyant », Marcel Sabourin retient deux phrases de son éducation religieuse : « connais-toi toi-même » et « aimez-vous les uns les autres ». « Si tu respectes ces deux phrases, tu es gras dur dans la vie! » Il admet n’avoir aucun regret d’avoir mené la vie qu’il a eue, particulièrement sa décision de devenir acteur, et compte continuer de jouer dans des films aussi longtemps que sa tête et son corps le lui permettront. « Encore aujourd’hui, jouer dans un film c’est du gros gros fun chaque fois! »

Encyclopédie vivante

À l’aube de ses 90 ans, Marcel Sabourin garde de nombreux souvenirs de la société québécoise. Lui-même ayant grandi dans un milieu ouvrier « peu poétique » à Montréal, il se souvient encore du contexte social dans lequel il a évolué, dans un monde où il était essentiellement impensable de vouloir devenir artiste. « À moins d’être bizarre, on ne devenait pas artiste dans cette société-là. Ça n’existait pas, c’était simplement impensable! Les Automatistes [groupe d’artistes associés à Paul-Émile Borduas et signataires de Refus global en 1948], c’était une affaire de fous, mais ce sont les Jésuites qui leur ont permis d’exposer pour la première fois », se souvient-il, soulignant toute l’ironie du fait que ce sont des religieux qui ont donné la parole à ce groupe ouvertement anti-religieux.

« Marcel, c’est une encyclopédie sur deux pattes : il n’y en a plus beaucoup qui ont un tel regard sur la vie, la société et la culture », insiste Patrick Caux, promettant un « moment unique » le 28 septembre. Ceux qui veulent déjà s’immerger dans l’univers de Marcel Sabourin peuvent aussi écouter le film Au boute du rien pantoute, un documentaire de 90 minutes paru plus tôt cette année le mettant en vedette et réalisé par Jérôme Sabourin, son fils aîné. Un film décrit comme « une pièce d’anthologie » par Patrick Caux.

L’entretien entre Marcel Sabourin et Patrick Caux, organisé dans le cadre des Journées de la culture, se tiendra le samedi 28 septembre à 14 h, au Centre culturel de Belœil. L’activité est gratuite, mais le nombre de places est très limité et il est impossible de réserver sa place à l’avance.

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