17 avril 2024 - 05:00
Football
« Jay Jay » le grand
Par: Denis Bélanger
« Jay Jay », à droite, écoute les directives de son entraîneur. Photo gracieuseté

« Jay Jay », à droite, écoute les directives de son entraîneur. Photo gracieuseté

Jérémy Lebel des Pirates du Richelieu.
Photo gracieuseté

Jérémy Lebel des Pirates du Richelieu. Photo gracieuseté

Dans une équipe de football, chaque joueur laisse sa marque sur le terrain et le banc à sa façon. Pour Jérémy Lebel des Pirates du Richelieu, sa contribution envers ses coéquipiers et ses entraîneurs est inestimable. Par son attitude et sa persévérance exemplaire, l’adolescent diagnostiqué d’un trouble du spectre l’autisme (TSA) incarne les valeurs préconisées par l’organisation et solidifie par la même occasion l’esprit d’équipe.

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Mieux connu sous le surnom de « Jay Jay », sobriquet qu’il doit à son tout premier entraîneur, cet adolescent de 13 ans de McMasterville fait partie du décor des Pirates depuis 2017. « “Jay Jay” est la preuve que tout le monde a une place dans une équipe de football, peu importe sa situation », rapporte le président actuel du conseil d’administration des Pirates, Louis Martin.

Durant les parties, « Jay Jay », encourage sans cesse ses coéquipiers et ne rouspète jamais sur son temps d’utilisation, comme a pu le constater l’auteur de ces lignes. Le moral du jeune homme demeure bien haut même quand il n’a pas eu l’occasion de sauter sur le terrain une seule fois dans un match. Ses coéquipiers lui rendent bien sa loyauté, l’encourageant constamment. Jamais personne n’a entendu les joueurs ni les parents critiquer son jeu ou son utilisation à certains moments dans une partie. En fait, certains autres parents ont déjà plutôt espéré le voir jouer plus souvent.

Son impact positif sur ses coéquipiers a été souligné à quelques occasions. En 2022, à sa dernière saison pee-wee, son entraîneur-chef, Jocelyn Ostiguy, lui a décerné une médaille honorifique. « Dans une situation où les regards sont tous portés sur la performance, les résultats et l’excellence, on avait simplement le goût qu’il sache qu’on l’aime, qu’il est important pour l’équipe et que sa détermination se doit d’être mentionnée. Les Pirates du Richelieu pee-wee AAA 2022, sans “Jay Jay”, ça n’aurait pas été la même équipe ! »

Une septième saison

« Jay Jay » devrait disputer cette année sa septième saison avec les Pirates, avec la formation bantam. Un bel accomplissement compte tenu de toutes les embûches qui se sont présentées en chemin.

« Quand il était plus jeune, les médecins ne savaient même pas ce qu’il serait en mesure de faire comme activités », se souvient sa mère, Geneviève Rousseau. « Mais lorsqu’il a commencé au football, on ne savait pas s’il serait en mesure de porter de l’équipement ou tenir dans sa bouche un protège buccal », ajoute son père Martin Lebel.

À ses premières années avec les Pirates, « Jay Jay » évoluait dans les rangs atome, une catégorie sans contact. En 2019, il a été confronté aux contacts au niveau moustique. La saison 2020 a été toutefois plus éprouvante pour lui. Il a subi une blessure à l’automne et la saison s’est arrêtée brusquement au début octobre en raison des mesures sanitaires. Il a ensuite tiré une croix sur la saison 2021.

En 2022, il était tenté à un retour. Il s’est présenté sur le terrain en avril à une activité portes ouvertes le jour de son anniversaire et a demandé à ses parents de le réinscrire. « Après chaque saison, nous croyions que c’était sa dernière », souligne Mme Rousseau.

Le degré d’intensité s’est élevé d’un autre cran en 2023 dans les rangs bantam, où il n’y a plus de limites de poids, et chaque joueur court le risque de voir se ruer sur eux des gaillards de plus de 150 lb. « Jay Jay » a complété la saison malgré cette nouveauté. En plus, la saison dernière, il a été utilisé pour la première fois de sa vie à la défense. « C’était intense comme jeu et c’était tout un changement », répond candidement « Jay Jay ».

Un sport d’équipe

« Jay Jay » a toujours voulu faire partie d’une équipe. Un jour, Martin Lebel a eu vent par son patron qu’une équipe civile de la Rive-Nord intégrait des joueurs diagnostiqués avec un TSA. Il a ensuite rencontré le président des Pirates de l’époque, Marc Labrecque, lors d’une activité d’inscription. « Marc Labrecque a été bien important dans le cheminement de “Jay Jay”. Son garçon a un TSA et joue au football. Il nous a encouragés à l’essayer et il s’est montré très rassurant. »

M. Labrecque, maintenant impliqué dans la Ligue de football Montréal-Métro, se souvient encore très bien de « Jay Jay ». « À la dernière finale bantam, j’ai été très agréablement surpris de voir ce petit gars jouer encore au football. Je suis fier qu’on l’ait intégré à notre organisation cette année-là et c’est super qu’il soit encore un Pirate.

M. Lebel reconnaît qu’il a fallu convaincre un peu la maman, puisque le football a eu mauvaise presse ces dernières années en raison des commotions cérébrales. Geneviève Rousseau a fini par accepter. « J’ai décidé d’aller comme soigneuse de l’équipe. J’ai vite constaté que les Pirates étaient une grande organisation et prenaient grand soin des joueurs. »

Martin Lebel et Geneviève Rousseau sont bien contents que leur fils puisse encore continuer à vivre l’aventure d’une équipe sportive. « Bien que nous voulions que les gens en place prennent en considération ses spécificités, nous voulons que notre fils soit traité comme les autres. Ce n’est pas grave s’il ne joue pas dans un match. Pour nous, l’important c’est de socialiser et de travailler fort à l’entraînement », poursuit sur la même lancée Mme Rousseau.

« Jay Jay » démontre de son côté qu’il a conscience de sa grande valeur dans l’équipe. À un gala de fin d’année d’équipe, il a donné en cadeau à son entraîneur sa carte de joueur; une pièce de collection qui a une très grande valeur sentimentale.

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