D’abord, l’écoulement du temps. M. Leblanc est accusé d’avoir poussé un vieil homme, Lionel Martineau, et d’avoir causé sa mort à la suite d’une chicane. Je ne suis pas juge, donc j’évite de me prononcer sur la culpabilité de l’accusé, ni sur la peine qu’il mérite ou non. Mais reste que le triste événement s’est déroulé en octobre 2019. C’est avant la pandémie! Depuis, ni la famille de la victime ni l’accusé et son entourage ne peuvent tourner la page, presque quatre ans plus tard.
Pis encore, une confusion dans le traitement de deux dossiers par le juge Benoît Gariépy pourrait forcer le report du dossier en … 2024! Presque cinq ans après les faits! Et dans ce cas-ci, l’erreur pourrait faire avorter toute la patente, notamment en raison du fameux arrêt Jordan. L’arrêt établit que le délai maximal entre le dépôt d’accusation et la tenue d’un procès est de 30 mois pour les tribunaux supérieurs, à moins de circonstances exceptionnelles. Je ne pense pas qu’une erreur technique soit une circonstance « exceptionnelle ». Je peux donc comprendre la frustration de la famille de M. Martineau qui attend justice. Mais surtout, qui doivent encore endurer cette attente. On dirait toutefois qu’il y a ici un petit manque d’impunité; qu’une erreur aussi grossière de confusion des dossiers puisse se conclure par un potentiel abandon de procédure me sidère.
Parlant de manque d’impunité, nous pouvons le constater aussi du côté du cas de Réginald Gagnon qui poursuivait la mairesse Nadine Viau pour une histoire de diffamation. Il semble qu’on a la preuve ici qu’un élu peut dire à peu près n’importe quelle grossièreté et s’en tirer sans trop de conséquence, en laissant le soin aux avocats de la Ville de déterminer si un montant ou non sera versé à la victime (voir page 3).
Au moment où mes collègues et moi avons entendu la mairesse Viau s’en prendre directement à M. Gagnon lors de la séance municipale publique en octobre dernier, nous n’avions aucun doute au journal que ce dernier allait répliquer de façon légale, comme il l’a fait avec une poursuite de 60 000 $.
Et il a gagné son pari; impossible pour le moment d’avoir le montant de l’entente, en raison de l’aura de confidentialité qui entoure une entente à l’amiable. Mais en lisant la défense de la Ville de Belœil, je ne peux qu’imaginer qu’un montant substantiel a étéversé. Je ne suis pas juge, mais la défense frôlait selon moi un peu l’absurde.