8 juin 2020 - 08:44
La construction d’une maison à deux adresses crée la grogne
Par: Sarah-Eve Charland

Un immeuble à deux adresses sera construit sur la rue Yolande-Chartrand à Belœil. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Les résidents de la rue Yolande-Chartrand se sont opposés à la construction d’une maison avec un logement accessoire, qui a été acceptée par les membres du conseil de la Ville de Belœil le 25 mai. Ils craignent ainsi un précédent qui pourrait changer le visage du quartier. En réaction, la Ville compte changer le zonage, mais devra tolérer cette dernière construction de ce type.

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Les élus ont autorisé l’usage conditionnel, soit un logement supplémentaire, à la construction d’une maison. Selon la réglementation, il est permis de construire des maisons unifamiliales avec une possibilité d’un logement additionnel.

Étant donné les mesures sanitaires, les consultations publiques qui se déroulent pendant la séance du conseil ont pris la forme de lettres citoyennes. La directrice générale Martine Vallières a lu une quinzaine de lettres qui ont énuméré sensiblement les mêmes arguments. Les résidents du secteur ont acheté leur propriété en ayant la conviction qu’il s’agissait d’une rue comprenant exclusivement des maisons unifamiliales. Ils craignent de perdre une homogénéité des immeubles, une hausse de la circulation et une perte de la valeur de leur maison.

L’immeuble dont il a été question le 25 mai est le deuxième de ce genre sur la rue. Les résidents s’inquiètent donc de voir se multiplier des bâtiments à plusieurs adresses. La Ville précise toutefois qu’il ne s’agit pas de duplex, mais d’une maison ayant un logement supplémentaire qui permettra d’accueillir un autre membre de la famille dans un esprit de bigénération.

« Je m’oppose fermement à cette autorisation. Moi, ainsi que tous les habitants de cette rue, nous sommes très déçus et fâchés de la construction d’un duplex sur la rue Yolande-Chartrand. Pourquoi devons-nous débattre à nouveau de ce sujet? Aucun habitant de cette rue ne laissera passer cette construction. Après tout, c’est nous qui habitons cette rue. Nous souhaitons nous exprimer, être entendus et gagner notre cause une fois de plus », s’est exprimée la résidante Nathalie Povost par le biais d’une communication écrite.

De son côté, le citoyen Steven Martel a ajouté qu’une telle construction nuirait à l’homogénéité de la rue. « Les Bourgs de la Capitale font sa renommée à travers la ville pour la qualité de ses constructions, sa vocation familiale et l’usage intelligent de son espace. […] La construction d’ilots homogènes a toujours été privilégiée. La rue Yolande-Chartrand, à ma connaissance, était le dernier lotissement de maisons unifamiliales à Belœil. Tout a été prévu pour en faire un milieu unique dans la région. »

Changement de zonage

Les élus ont réagi aux commentaires des citoyens en déposant un avis de motion concernant un changement au zonage. Si ce règlement est adopté, il ne sera plus permis d’ajouter des logements additionnels aux maisons unifamiliales du secteur.

Toutefois, le conseiller municipal Réginald Gagnon a mentionné que la Ville ne refusera pas la construction de ce bâtiment pour des raisons juridiques.

« C’est un dossier difficile. On a eu beaucoup d’interventions. J’ai rencontré les citoyens. […] La demande d’usage pour l’appartement sur Yolande-Chartrand a été faite à l’époque où notre règlement l’autorisait. Donc, on a des craintes de recours et de problématiques. La position du conseil va être de laisser passer cette dernière habitation. Par le dépôt de l’avis de motion, on va interdire toute autre construction de ce type sur cette rue étant donné le nombre de citoyens contre. Il n’y en aura pas d’autres », assure M. Gagnon.

Le promoteur accepte

Le directeur aux opérations des Habitations Raymond-Guay, Éric Chartier, a commenté pendant la séance du conseil.

« Bien que nous soyons en désaccord avec le changement de zonage demandé, nous n’avons aucune intention de nous y opposer. Nous avons entendu les résidents et sommes d’accord pour ne plus offrir ce type de bâtiment. Cependant, la [construction] fut recommandée par le Comité consultatif d’urbanisme et accepté au plénier. Nos acheteurs sont déjà en situation précaire et, au moment où nous avons fait la demande, la réglementation était et est toujours en vigueur. Serait-il raisonnable de concéder cette acceptation pour ce projet? Comme il se trouve sur un coin de rue, il n’altèrera pas le trafic de la rue. Dans ce cas, il s’agit d’une seule et unique famille qui habitera les lieux. »

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