3 novembre 2025 - 05:00
L’organisme bloque la vente d’un milieu humide pour fin de conservation
La CPTAQ met des bâtons dans les roues de Connexion Nature
Par : Denis Bélanger
Le directeur général de Connexion Nature, Éric Malka. Photothèque | L’Œil Régional ©

Le directeur général de Connexion Nature, Éric Malka. Photothèque | L’Œil Régional ©

Une décision récente de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) empêche Connexion Nature d’ajouter 19,9 hectares de terrains à sa réserve vouée à la conservation.
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L’entreprise Gestion Matthieu Charron souhaitait séparer sa terre de 42,3 hectares pour revendre ou louer la partie cultivable à un agriculteur et vendre la partie en milieu humide à un organisme expert en la matière, soit Connexion Nature dans ce cas-ci. Pour ce faire, la compagnie devait faire une demande d’aliénation de terrain à la CPTAQ. Le terrain convoité par Connexion Nature est adjacent à sa propriété.

La CPTAQ justifie aussi ce refus par le fait que le morcellement de la terre en question viendrait modifier l’homogénéité du secteur avec l’augmentation du nombre de propriétés de petite taille. « Les possibilités d’utilisation à des fins d’agriculture de la propriété de la Gestion Mathieu Charron sont meilleures dans sa contenance actuelle », ajoute-t-on comme argument dans la décision.

Un autre point qui est venu jouer en défaveur de Connexion Nature est le fait que l’organisme ne permet pas l’agriculture sur les lots qu’ils possèdent actuellement. Connexion Nature s’était dit ouvert à avoir une entente avec un tiers pour l’exploitation de la terre, mais n’avait pas proposé de projet concret, chose qui chatouillait beaucoup la Commission.

Modifier le cadre

Le directeur général de Connexion Nature, Éric Malka, estime que la décision était prévisible et la respecte pleinement. Il croit toutefois que la loi actuelle devrait être bonifiée afin de mieux concilier la conservation des milieux humides et l’agriculture.

« Les milieux humides sont très bénéfiques, voire même nécessaires à l’agriculture, en plus de bénéficier directement aux communautés rurales et agricoles où ils se trouvent », poursuit M. Malka.

Ce dernier profite de l’occasion pour rappeler que la région accuse un important déficit en milieux naturels et « plus encore en termes de milieux naturels protégés ». « Avec moins de 20 % du territoire encore à l’état naturel et près de 1 % de protégé, on est bien en deçà des cibles de 30 % fixées par le Canada et le Québec pour les milieux protégés. »

Le propriétaire des lieux, Matthieu Charron, reste pour sa part perplexe devant la décision. « Je ne la comprends pas. On me dit que je peux exploiter la terre, mais les possibilités sont limitées en raison des milieux humides. »

Marc-André Guertin, maire de la Ville de Mont-Saint-Hilaire, grand partenaire de Connexion Nature, est pour sa part déçu de la décision. Il juge regrettable que la CPTAQ ne reconnaisse pas la contribution de la conservation des milieux naturels comme une activité compatible avec l’agriculture.

« Pourtant, les milieux naturels offrent des services écologiques non négligeables pour l’agriculture, comme la protection des pollinisateurs, la recharge de la nappe phréatique, le contrôle des crues printanières, l’apport de haies brise-vent et j’en passe. Je salue les démarches entreprises par Connexion Nature pour faire avancer la protection de l’environnement sur le territoire de la région de la biosphère du mont Saint-Hilaire reconnu mondialement par l’UNESCO. »

De son côté, la CPTAQ refuse de commenter la décision en raison de son devoir de réserve lié à son mandat. « La Commission a pour mission de pérenniser un territoire propice à l’exercice et au développement durable des activités agricoles », a tenu à renchérir la porte-parole, Marie-Eve Bouchard.

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