17 avril 2019 - 15:13
La crainte et la peine
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Si pour certains le sens moral suffit à les empêcher de commettre des actes répréhensibles, ça ne suffit pas pour une bonne partie de la population. D’où les règles et les lois. Et qui enfreint le code reçoit une punition. La punition est intrinsèque à notre système de justice.

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Mais encore faut-il se faire pincer!
Il est généralement admis en criminologie que la peine n’a pas un effet aussi dissuasif que voudrait le croire notre gros bon sens. Si c’était le cas, l’ultime punition qu’est la peine de mort devrait réussir à freiner les meurtres dans notre société. C’est plutôt un échec de ce côté.
La bête humaine est très émotive et il lui arrive de ne pas voir plus loin que le bout de son nez. En gros : on ne pense pas toujours aux conséquences de nos actes et la corrélation entre un délit et sa conséquence est un concept plutôt flou au moment de commettre un crime.
Un exemple? Prenons bien au hasard l’idée de remettre une contravention d’environ 300 $ à un jeune surpris à vapoter entre les murs ou sur le terrain de l’école Ozias-Leduc. Ça pourrait être seulement 50 $. Ça pourrait être 1000 $. L’idée, c’est que ça n’a pas tant d’importance. C’est le risque de se faire prendre qui compte le plus.
Les jeunes prennent donc des vapoteuses de plus en plus subtiles (et nocives) et se moquent bien de la réglementation.
Cette façon de narguer l’autorité, typique des adolescents de toute époque, pousse les adultes de l’école à passer par la répression. La Commission scolaire des Patriotes (CSP) se défend bien de serrer la vis, même si une lettre envoyée aux parents (texte en page 3) semble dire le contraire. « Cette lettre-là venait informer les parents de la Loi sur le tabac. Dans le fond, l’école va appliquer simplement la Loi existante qui s’applique à toutes les écoles, pas juste à celle-ci ou ceux de la CSP. […] Un inspecteur du ministère peut arriver à tout moment à l’école. Ce n’est pas nouveau », explique la responsable des communications. La lettre voulant que l’école passe en mode répression n’est qu’un avertissement, un rappel, dit-elle.
Faudra se décider. Si c’est un rappel, ça ne sert à rien. Ça ne fonctionnait pas dans les derniers mois; on aura beau placarder les murs de l’école avec le montant de l’amende, ça ne changera rien. « Un inspecteur peut arriver à tout moment. » Cette menace, c’est du vent.
Toutefois, si l’intention de passer à l’action et de peupler l’école de « donneux » d’amendes est réelle, ça risque plus de fonctionner. Mais c’est un pas que l’école ne semble pas prête à faire pour le moment, selon la CSP. Et est-ce vraiment ce qu’on veut comme école? Je l’admets, difficile de trouver un juste milieu.

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