La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a dévoilé les résultats d’une nouvelle étude sur l’état des logements locatifs. La publication touche notamment les municipalités de la région incluses dans la CMM.
« C’est la deuxième année de suite qu’il y a une forte baisse du taux d’inoccupation des logements locatifs. En 2017 aussi, ça avait baissé, mais ça demeurait près du niveau d’équilibre reconnu qui est d’environ 3 %. Ça a baissé de façon assez importante pour l’ensemble du Grand Montréal à 1,8 % en 2018. Sur la Couronne Sud, où on retrouve la MRC de la Vallée-du-Richelieu, le taux est même à 1,5 %. C’est encore plus bas », résume Philippe Rivet de la CMM.
M. Rivet explique que l’augmentation du nombre d’immigrants temporaires a un impact direct sur les taux d’inoccupation de logements locatifs. Il ajoute que la génération des baby-boomers se tourne également vers le logement locatif ajoutant une pression additionnelle sur les taux.
« C’est aussi combiné aux contextes économiques favorables à la formation de nouveaux ménages. Quand ça va bien économiquement, il y a toujours plus de ménages qui se forment. Les jeunes peuvent être plus portés à quitter le foyer familial et à s’établir. Souvent, ils se dirigent vers le logement locatif », ajoute-t-il.
Une pression supplémentaire sur la pauvreté
Le loyer moyen est de 811 $ à Belœil, 836 $ à Mont-Saint-Hilaire, 782 $ à McMasterville, 854 $ à Saint-Basile-le-Grand et 733 $ à Otterburn Park, alors qu’il est de 769 $ dans l’ensemble de la Couronne Sud et de 800 $ dans l’ensemble de la CMM. Afin de s’assurer d’un équilibre budgétaire, un ménage ne devrait pas accorder plus de 30 % de son salaire à payer son logement.
« On le voit depuis un bout de temps. D’une année à l’autre, la situation s’aggrave. Les prix augmentent aussi plus vite que les salaires. Tu travailles au salaire minimum, tu ne peux pas vivre ici », mentionne le travailleur de rue Mohammed Haouche.
Dans la MRC, 52 % de tous les logements construits en 2018 sont locatifs. La moyenne de la CMM est de 45 %. « Les nouvelles constructions sont très dispendieuses. Pour les gens plus pauvres, il n’y a pas de nouvelles constructions », poursuit l’agente de développement social de la Vallée-du-Richelieu Mélodie Georget.
Cette crise du logement entraîne une hausse des prix, précise M. Haouche. Autant pour les personnes seules, les personnes âgées ou pour les familles, les logements abordables sont peu nombreux. Pour trouver un loyer dans leurs moyens, certaines personnes doivent envisager de déménager à Saint-Hyacinthe ou à Longueuil. Mais pour ne pas se déraciner de leur milieu, des personnes choisissent de vivre sans domicile fixe ou dans leurvéhicule.
Au cours de la dernière année, les travailleurs de rue de la région ont effectué 82 interventions auprès de personnes en situation d’itinérance et ont aidé à 319 reprises des personnes qui étaient à la recherche d’un logement.
« Les loyers les moins chers, pour des familles, je n’ai rien vu en bas de 750 $ par mois pour un 4 ½. Et encore, c’est de base. Ce n’est pas nécessairement salubre ou avec des conditions optimales. Le montant d’aide sociale de base est à 669 $. Tu arrives en dessous et tu n’as pas mangé. De ces logements-là, il y en a peu », souligne la ressource famille de la Table de concertation de la petite enfance de la Vallée des Patriotes, Christine Couture.
Des solutions possibles
Les intervenants s’entendent pour dire qu’une association de locataires serait un premier pas dans la bonne direction. Ils saluent l’idée des Villes de transmettre les compétences des Offices municipaux d’habitation à la MRC de la Vallée-du-Richelieu.
Les différents intervenants travaillent à mettre en place un logement d’hébergement d’urgence, ce qui permettrait à des personnes ayant des difficultés financières à avoir un logement pendant quelques mois et lui permettre ainsi de rebondir.
« On est à la recherche d’un propriétaire bon samaritain qui aurait un logement et qui serait prêt à avoir un accord avec des intervenants, explique Mme Georget. On serait là pour superviser ce qui se passe. Le loyer serait payé quand même, mais le propriétaire accepterait que le loyer soit loué dans ces conditions-là. On a besoin de ce logement pour éviter que des gens dorment dans la rue. »
Les intervenants aimeraient également davantage de logements sociaux et abordables. Ils incitent même les municipalités à exiger aux promoteurs un pourcentage des nouvelles constructions en logements sociaux comme l’a proposé Montréal. « Avec toutes les nouvelles constructions à Belœil, on pourrait régler le problème », observe M. Haouche.