2 mars 2023 - 11:41
Inflation et hausse des taux d’intérêt
La demande augmente considérablement auprès des organismes communautaires
Par: Olivier Dénommée

Selon le Grand Chevalier Claude Lebrun, il a été possible d'observer une hausse de 60 % de la demande au comptoir alimentaire géré par les Chevaliers de Colomb de Belœil par rapport à l'année précédente. Photothèque | L'Œil Régional ©

Si les défis dans le milieu communautaire se font déjà nombreux depuis des années, l’inflation galopante et l’explosion des taux d’intérêt observée dans la dernière année ne font rien pour aider les différents organismes à répondre à la demande toujours croissante pour leurs services.

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C’est du moins ce qui a pu être observé par certains organismes contactés par L’OEil Régional, particulièrement du côté des banques alimentaires. La directrice du Grain d’Sel, Doris Hamelin, constate une hausse dans la demande d’aide alimentaire constante de 35 à 40 % comparativement à l’an dernier.

« Cette hausse est encore plus marquante depuis juin 2022. C’est la première fois que nous avons autant de demandes d’aide alimentaire pendant les mois de juin, juillet et août – jusqu’à 60 % de plus au mois de juillet », remarque-t-elle. Mme Hamelin note qu’encore récemment, le nombre de familles recevant un panier alimentaire de façon hebdomadaire auprès de son organisme frôlait le 100 (totalisant 262 personnes). « Les familles n’arrivent plus à tout payer même en occupant un emploi et nous le constatons directement lorsque nous les rencontrons pour ouvrir leurs dossiers. »

Même son de cloche du côté du comptoir alimentaire des Chevaliers de Colomb de Beloeil. « On observe une hausse de 60 % de la demande par rapport à l’année dernière. Et on s’attend à ce que ça soit encore pire dès mai comme on anticipe une hausse de 10 % du prix de la nourriture en épicerie. On va commencer à devoir rationaliser la nourriture en attendant de se rendre à la prochaine guignolée », affirme Claude Lebrun, Grand Chevalier des Chevaliers de Colomb de Beloeil.

Des activités-bénéfices, comme un spectacle au profit de la banque alimentaire, sont prévues dans les prochains mois afin d’aider l’organisme à répondre à la demande, mais M. Lebrun s’inquiète de la conjoncture économique qui pourrait affecter toujours plus de citoyens de la région. « On aide beaucoup de gens seuls, des familles monoparentales et on voit de plus en plus d’itinérants, mais on constate que de jeunes couples qui travaillent n’arrivent quand même pas. Ce n’est facile pour personne ces derniers mois.»

Généreux malgré tout 

Claude Lebrun précise toutefois que les difficultés économiques n’ont pas eu d’effet substantiel sur la générosité des gens, du moins pas pour le moment. « Au niveau des dons, la population se montre encore généreuse, mais on craint toujours que les gens finissent par se prioriser avant de donner à une cause. […] De la pauvreté, il y en a toujours eu et il y en aura toujours et il nous faudra des dons substantiels de fondations pour poursuivre notre mission. On travaille sur ça. »

La Friperie familiale Notre-Dame-du- Bon-Conseil, située à Otterburn Park, se dit pour sa part satisfaite de la générosité de la population, lui permettant de vendre des vêtements et d’autres articles à des prix dérisoires à ceux qui en ont besoin. « Nous sommes là pour la communauté et pour venir en aide aux personnes en besoin et aux réfugiés de la région », rappelle Martha E. Quesada, coordonnatrice de la Friperie.

Pas  qu’une histoire de pauvreté 

Une hausse de l’achalandage a aussi pu être constatée chez Meublétout, à McMaster- ville, et à la Boutique aux fringues, à Belœil, mais la directrice des deux magasins d’articles de seconde main n’est pas prête à l’associer uniquement à la baisse du pouvoir d’achat des gens dans la région. « On voit une clientèle très variée et les gens sont plus jeunes qu’avant, mais ce n’est pas qu’une histoire de pauvreté : certains fréquentent les friperies par conscience environnementale », soutient Marie Motte.

D’autres le font parce qu’il est possible de tomber sur des « pépites » à une fraction du prix. Mais, selon elle, il reste encore beaucoup de travail à faire pour déstigmatiser l’achat de vêtements de seconde main. « Il faut continuer de faire sauter les barrières et il y a encore du chemin à faire. Faire affaire avec une boutique aux fringues permet d’éviter l’enfouissement en plus de favoriser l’économie circulaire. »

 

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