Toutefois, la Ville d’Otterburn Park devrait poursuivre la propriétaire de cette maison insalubre, une avocate nommée Louise Harbour. Même si la Ville se refuse à commenter le dossier, la responsable des communications Chantal Malenfant confirme « que la Ville a l’intention de compléter toutes les démarches judiciaires requises dans ce dossier pour régler le problème d’insalubrité de cette résidence » qui perdure depuis des années. La porte-parole confirme aussi que des experts ont visité la maison pour confirmer ou non le besoin de démolir la maison.
Rappelons que l’année dernière, L’ŒIL rapportait le cas de plusieurs résidents de la rue Connaught pris avec une voisine avec un style de vie insalubre. Sur son terrain, on trouve parfois des déchets à l’abandon, la présence de nombreux chats (jusqu’à 18 selon un rapport) et d’odeurs très fortes qui s’en dégagent. Dans le dossier de cour que le journaliste a consulté, on constate aussi que l’insalubrité est aussi pire à l’intérieur, avec des pièces invivables remplies de détritus et de déchets.
Dans différents rapports, la Ville allègue la présence « de fortes odeurs d’urine de chat, de litière, d’excréments d’animaux et d’ordures. »
Le 11 mai dernier, la Ville a obtenu le feu vert du juge Jérome Frappier pour envoyer des experts et des inspecteurs. Au moment d’écrire ces lignes, la Ville confirme que leur rapport d’expertise est en cours de préparation et de rédaction. Ce rapport d’expertise vise à recueillir des informations relativement à une demande pour faire démolir le bâtiment, en lien avec l’article 231 de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme.
D’ailleurs, ces experts ont été mandatés à la suite d’un autre rapport rédigé par un expert en bâtiment qui a visité la maison en octobre 2022. Dans son rapport, ce dernier concluait « que des travaux de rénovation dans la résidence ne garantiraient pas une élimination complète et définitive des mauvaises odeurs et seraient aussi trop coûteux eu égard à la valeur du bâtiment ». L’expert recommandait plutôt une démolition de la résidence.
À noter que le juge a donné plus de temps à la Ville pour réaliser ses analyses puisque la propriétaire des lieux a reporté à plusieurs reprises la venue des experts, souvent à la dernière minute. Pour justifier ces reports et l’état général des lieux, la propriétaire dit vivre avec la maladie, réfutant les accusations de mauvaise foi dans le dossier.
Le journal a laissé une chance à Mme Harbour de s’exprimer, mais nous n’avons pas reçu de retour de sa part.
Depuis 2013
Dans le dossier de cour, il est possible de consulter plusieurs avis et mises en demeure envoyés à la propriétaire depuis 2021. Dans un des avis, l’inspecteur de la Ville note l’odeur de détritus et d’excréments, la présence de sacs-poubelle et d’excréments de chiens sur la galerie, la présence d’un véhicule non fonctionnel sur le terrain et une enceinte de piscine ouverte sans sécurité.
En novembre 2021, la Régie intermunicipale de sécurité incendie de la Vallée-du-Richelieu constate une accumulation de tissu et la présence d’environ 17 chats causant une forte odeur d’ammoniac.
Le 7 mars 2022, la Ville constate pour une deuxième année consécutive la présence d’odeurs nauséabondes, d’ordures sur le terrain et d’excréments sur la terrasse.
Dans une mise en demeure envoyée en juin 2022, les avocats de la Ville soulignent que, selon des voisins, le problème d’odeurs perdure depuis au moins 2013 et incommode les résidents des rues Connaught et des Frênes. L’inspecteur note la présence d’odeurs avant même d’arriver sur le terrain. On souligne aussi que la propriétaire est souvent absente et que les animaux sont laissés à eux-mêmes et font souvent leurs besoins un peu partout à l’intérieur de la résidence ».
Dans des échanges de courriels avec la Ville, la propriétaire affirme avoir procédé à un certain nettoyage en mars et avril 2022 et elle affirme s’être débarrassée des chats, fournissant même à la Ville une « cédule de ménage ». Pourtant, en avril 2022, la Ville est informée que les chats sont toujours présents. D’autres inspections en avril et juin de la même année confirment toujours d’importants problèmes de désordre, d’odeurs et de débris, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la résidence.
Le 13 juin 2022, une visite d’inspecteur confirme la présence d’urine et d’excréments sur les planchers et les meubles, un état général de désordre et de malpropreté et une présence importante de mouches. Les murs et les plafonds sont sales et souillés d’excréments de mouches.
Le voisinage n’en peut plus
« Oui, encore un autre été avec des odeurs, souligne Louise Denoncourt au journal, elle qui multiplie les demandes auprès de la Ville pour que des actions soient prises. On pense [que la propriétaire] a repris ses opérations pour sauver les chats; il y en a encore beaucoup dans le secteur. »
Encore cet été, la voisine de cette résidence affirme ne pas avoir été en mesure d’inviter des gens à venir dans sa propre cour en raison des odeurs. Elle confirme encore l’état général de désordre, la présence d’odeurs et la présence de nombreux sacs-poubelle. « Même la [propriétaire], on peut la sentir à distance à l’épicerie. »
Impuissante devant la situation, le voisinage communique avec les avocats de la Ville et attend la suite des procédures. Entre-temps, Mme Denoncourt a quand même peur que ces problèmes déprécient la valeur de sa propre maison et elle affirme qu’une amie courtière en immobilier lui a suggéré de ne pas vendre sa maison sans déclarer ce problème.
Autre dossier
En plus de celle d’Otterburn Park, Louise Harbour possède aussi une résidence à Oka qui a été enquêtée par la Société protectrice des animaux de Montréal.
Dans un article publié en août 2022 par Le Journal de Québec, on apprenait que la SPCA avait ouvert une enquête sur la même personne. Elle était accusée d’avoir enfermé près de 20 chats dans une maison insalubre dont elle est propriétaire. Une citoyenne locale, Josée Craig, après avoir pris connaissance de la situation sur les réseaux sociaux, est allée sur les lieux et a été horrifiée par les conditions dans lesquelles vivaient les chats. Selon ses observations, la maison était jonchée d’excréments de chats et, bien qu’il y avait de la nourriture, il n’y avait pas d’eau pour les animaux.
La SPCA, après avoir été informée, a lancé une investigation. Chantal Cayer, de la SPCA, avait mentionné que la propriétaire pourrait faire face à des accusations du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).
Ni la Ville d’Oka ni la SPCA n’ont répondu à notre demande d’entrevue.