Natif de la Beauce, Daniel Larose se voyait vieillir à la campagne. C’est en apprenant l’histoire d’un vigneron québécois qu’il a eu le déclic.
«Je suis un amateur de vin. Quand j’ai vu un vignoble au Québec, je me suis dit wow! J’adore le vin, je veux une terre et je ne me voyais pas avec des vaches ou des cochons. Un vignoble, ça va être trippant», raconte-t-il.
Il n’en fallait pas plus pour convaincre Daniel de prendre des cours de viniculture à l’Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe. La fermette de Saint-Antoine, nichée aux abords de la rivière Richelieu, offrait le parfait mélange entre tourisme et champêtre.
Si la fermette n’abrite aujourd’hui plus de moutons, l’influence de son histoire se fait sentir jusque dans les étiquettes des bouteilles de la Matrone (rouge), l’Androgyne (rosé) et le Malfrat (blanc), où figurent des visages mi-humains, mi-moutons dessinés par l’artiste de Belœil Geneviève Royer. Le nom, Vignoble du Mouton Noir, est d’ailleurs un clin d’œil à l’ancienne vocation du bâtiment ainsi qu’au tempérament de son copropriétaire, qui de son propre aveu, aime faire les choses différemment.
Relaxer
Le vignoble de Saint-Antoine compte présentement 3800 vignes dans ses champs. Les propriétaires aimeraient mettre en terre d’autres plants l’an prochain, pour atteindre un total de 7000.
Aussi propriétaire d’une agence de communications à Montréal, Daniel Larose estime qu’il met entre 700 et 800 heures de travail par an dans son vignoble depuis les dernières années, une passion qui lui permet de s’évader.
La conjointe de Daniel admet avoir eu au départ plus de difficulté à s’adapter à ce nouvel environnement, elle qui se définit d’abord comme une «fille de ville». Elle a finalement réussi à trouver son compte dans les nombreuses réunions du clan familial et dans l’aménagement paysager, elle qui a gagné à quelques reprises le concours Maisons fleuries.
«Daniel est tellement un passionné qu’il nous transmet sa passion. Moi, ma passion, c’est mes enfants. J’adore les fleurs. Je me voyais difficilement à la campagne et finalement j’ai appris à apprécier la place», lance Chantal Pageau.
Vendanges tardives
Le couple a travaillé avec un maître de chais qui a créé des vins à l’image du duo dynamique. Les heureux propriétaires réalisent depuis deux ans leurs vendanges tardivement (à la mi-octobre cette année). Les vins qui en résultent n’ont que très peu d’acidité à cause de microfissurage qui se produit sur les fruits. Une découverte que le couple a faite à la suite d’une erreur.
Le couple travaille à terminer la boutique pour le printemps prochain, mais les projets ne manquent pas pour le vignoble. Ils aimeraient implanter une terrasse à l’extérieur, transformer la partie de la grange qui servait à l’entreposage du foin en salle de réception, avec une cuisine pour traiteurs.
Si le couple souhaite produire à terme 10 000 bouteilles, dont 40% de la production sera dédiée au rouge et 30% au blanc, les intéressés ne trouveront pas les vins antoniens à la SAQ. Ils devront déguster les produits directement au vignoble, sur les abords du Richelieu.