M. Lamoureux, qui dirige également les messes dans les églises de Mont-Saint-Hilaire et d’Otterburn Park, explique que la Fabrique Trinité-sur-Richelieu n’a plus les moyens de supporter les coûts de rénovation. « Nous n’avons pas cet argent » déclare-t-il, en rappelant que les travaux urgents et à moyen terme sont estimés à un total de 1,4 million de dollars.
Un audit récent a révélé l’urgence des travaux de réparation pour garantir la sécurité de l’église Saint-Matthieu, avec des coûts initiaux estimés à 800 000 $ pour les réparations immédiates, auxquels s’ajoutent des travaux à moyen terme, chiffrés à 625 000 $. En décembre 2023, la Ville de Belœil et la Fabrique avaient déposé une demande de subvention dans le cadre du Programme d’amélioration et de construction d’infrastructures municipales du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation. La demande a toutefois été rejetée, laissant la Fabrique dans l’incapacité de financer les travaux essentiels.
Jacques Lamoureux souligne que cette situation oblige la paroisse à envisager la vente pour préserver ces bâtiments. « Le but premier d’une paroisse, ce n’est pas d’être propriétaire de bâtiments », illustre-t-il. « Le but, c’est de faire connaître la pastorale dans la réalité d’aujourd’hui. » M. Lamoureux insiste sur la nécessité d’adopter de nouvelles approches pour maintenir la mission religieuse, même si cela implique de laisser aller des églises. « Garder ces bâtiments, c’est la mort pour nous. Entre choisir le passé et risquer l’avenir, on a choisi de risquer l’avenir. »
Du côté de Belœil, la mairesse Nadine Viau confirme que la Ville ne prévoit pas racheter l’église, mais rappelle toutefois qu’elle a monté une réserve de 330 000 $ pour soutenir d’éventuels travaux d’urgence, si les élus le souhaitent. Elle précise toutefois que la Ville est limitée dans son intervention. « La responsabilité première de la sauvegarde de l’église incombe à la Fabrique Trinité-sur-Richelieu », indique Mme Viau, ajoutant que la Ville continuera d’appuyer les efforts de préservation de la Fabrique.
La Ville rappelle avoir a déjà pris plusieurs mesures en faveur de la préservation du patrimoine de l’église Saint- Matthieu, notamment en citant le bâtiment comme bien patrimonial en 2022, puis en réalisant un carnet de santé en 2023 pour évaluer les travaux nécessaires « Nous souhaitons surtout que les réparations soient effectuées pour éviter une détérioration du bâtiment, précise Mme Viau. On ne veut pas se retrouver dans la même situation que la maison du Bedeau », cite-t-elle en exemple.
Selon les règlements de zonage de la Ville de Belœil, tout projet de réaffectation de l’église devra conserver un usage communautaire, interdisant ainsi la construction de condos, par exemple. Un éventuel acheteur sera aussi tenu de préserver l’intégrité de l’édifice, qui reste protégée par la Ville en raison de son statut patrimonial. M. Lamoureux se montre optimiste quant à la possibilité que des projets créatifs et respectueux du patrimoine de l’église émergent. « Avec la vente, peut-être qu’un projet qui peut satisfaire tout le monde va s’imposer. Ailleurs, où des églises ont été vendues, des solutions ont été trouvées. On pourrait être surpris par des projets auxquels on n’avait pas pensé. » Soulignons qu’au rôle d’évaluation de la Ville, la valeur du bâtiment est chiffrée à 4 302 700 $.
Au moment de mettre sous presse, L’ŒIL n’avait pas réussi à joindre la Ville de McMasterville pour des commentaires.