7 février 2024 - 07:00
La fin de vie en CHSLD
Par: L'Oeil Régional
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Juste avant de commencer à travailler comme journaliste, j’ai occupé pendant un moment un poste dans un CHSLD. J’étais aux cuisines et à l’entretien ménager. Pour être bien franc, je n’ai pas vraiment aimé ce travail (ok, je détestais, mais le salaire était bien correct à l’époque).

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Le travail en soi, c’était une chose. Mais le lieu, lui, était très déprimant. Passer la moppe et ramasser les poubelles dans les chambres de patients me tuait à petit feu.

C’était carrément un endroit pour entasser des gens en attendant leur mort. Je n’étais pas toujours affecté à la même résidence, et certains des lieux étaient un peu mieux. Mais je me suis toujours senti dans un mouroir. On était loin de ce qu’on peut se faire comme image quand on pense à un milieu de vie…

Je travaillais aussi pendant la période de la bactérie de la C. difficile, qui se traduit par une charmante diarrhée et qui nécessite de passer les chambres des patients à l’eau de javel et au savon. Question de se sentir encore plus à la maison!

Sans ajouter que ces endroits servent de domicile à des aînés en perte d’autonomie physique, mais aussi en perte cognitive. Rien de plus déprimant qu’une panoplie de résidents réunis dans une salle commune pour dîner. Pour les quelques aînés avec toute leur tête, être mis à côté de ses contemporains sans trop conscience de leur existence devait être plutôt débilitant.

Assez pour me promettre de ne jamais terminer mes jours là, quitte à ne pas me rendre à ce moment de ma vie… et bien vivant. Hélas, quand ton entourage ne peut pas t’accueillir, que tu dépéris à vue d’œil et que tu nécessites des soins réguliers, les options se font rares.

J’attendais donc avec intérêt la venue de ces fameuses maisons des aînés, ces lieux d’accueil qui doivent à terme remplacer les centres de soins de longue durée. Une fois vétustes, les CHSLD doivent être remplacés par ces maisons des aînés. On promet « d’y améliorer la fonctionnalité, la sécurité, le confort, l’ambiance, la prévention et le contrôle des infections. Cela permettra également d’offrir aux résidents actuels et futurs des milieux de vie mieux adaptés à leurs besoins, se rapprochant le plus possible de la vie à la maison ».

Voilà bien une description prometteuse. Mais au-delà des murs et de la peinture, je me suis bien aperçu pendant mon court séjour dans ces lieux que l’important, c’est d’abord la qualité et la motivation du personnel. Car, oui, la description que fait mon collègue des lieux après sa visite de vendredi dernier (lire en page 3) redonne un peu d’espoir en la fin de vie. Reste que sans des gens passionnés pour prendre le temps de s’occuper de nos aînés, ce n’est pas l’ajout du Wi-Fi qui va faire la différence. Et les différents portraits de la situation laissent entrevoir non seulement un manque de place pour les aînés, mais surtout une pénurie de main-d’œuvre (!) dans ces établissements.

Donc, comme c’est le cas lors de bien des annonces gouvernementales, j’applaudis doucement, sachant que le problème d’un lit pour soins de longue durée n’est pas à la portée de tous les aînés et que ceux qui se trouveront une place n’auront peut-être pas tout le soutien nécessaire pour mener une fin de vie de qualité.

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