L’ŒIL a rapporté une première fois en 2021 les doléances des voisins du parc, qui se plaignaient de différentes nuisances, dont le bruit jusqu’à très tard le soir, et la Ville fait mention depuis longtemps de son désir d’établir un partenariat avec le Centre de services scolaire des Patriotes (CSSP) pour plutôt aménager un terrain de basket à proximité de l’école secondaire Polybel – qui propose une concentration basketball à ses élèves. Si les discussions avec le CSSP n’ont pas encore abouti, la décision a quand même été prise de ne pas rouvrir le parc Charles-Larocque, malgré tout l’argent qui a été investi pour l’aménagement du terrain et son entretien depuis 2019, soit un montant estimé à un peu plus de 100 000 $.
« Le dossier du parc Charles-Larocque en est un qui soulève les passions et, comme on voyait arriver la date où on devait remettre les paniers, on a dû prendre une décision, sachant qu’on n’aurait pas de nouvelles installations à proposer d’ici la fin de cet été. Après 4 ans, on n’a pas le choix d’en arriver à un constat d’échec : le terrain n’est pas clôturé, pas contrôlé et la cohabitation avec le voisinage est impossible. Comme il existe d’autres endroits à Belœil pour pratiquer le basketball, il n’y a pas de bris de service en ne remettant pas les paniers à Charles-Larocque, qui est la solution qui s’imposait », explique la mairesse de Belœil, Nadine Viau. Dorénavant, les utilisateurs sont invités à plutôt jouer au parc-école Saint-Mathieu, au parc de la Baronne, au parc Eulalie-Durocher et au parc Victor-Brillon. Des plages horaires réservées sont également disponibles au Centre des loisirs. Mme Viau note aussi qu’il reste un autre terrain, plus modeste, dans le parc Charles-Larocque où les jeunes pourront continuer de s’amuser, sans nécessairement pouvoir jouer en équipe. Pour elle, les jeunes joueurs ne seront pas mal pris cet été, même si les autres installations ne sont évidemment pas de la même qualité.
Cette nouvelle a fortement déplu aux utilisateurs du parc et à leurs proches qui y voient un non-sens de pénaliser les jeunes du quartier qui perdent un terrain sportif d’une grande qualité. « Je trouve ça bien décourageant, commente Jean-Philippe Pelletier, parent et résident du quartier dont le fils était un habitué du parc Charles-Larocque. On ne vit pas dans le quartier le plus riche de Belœil, mais pour une fois qu’on avait une belle infrastructure, elle dérange et on la ferme! » Il dénonce « l’ intolérance » des voisins qui a mené la Ville à prendre cette décision et le fait que certains enfants du quartier devront se déplacer beaucoup plus loin pour jouer au basket.
Il a exprimé son désaccord avec la décision de la Ville sur les réseaux sociaux et a aussi mis en place une pétition en ligne demandant à Belœil de faire marche arrière. Au moment d’écrire ces lignes, la pétition récoltait près de 900 signatures, bien qu’on ne sait pas combien de résidents de Belœil l’ont signée. M. Pelletier envisage aussi d’entreprendre d’autres actions pour montrer l’importance du terrain de basket du parc de son quartier.
Vivre-ensemble difficile
Si personne ne remet en cause la pertinence des installations sportives, différentes situations ont mené à la conclusion que le terrain de basketball n’était finalement pas à sa place au parc Charles-Larocque. Nadine Viau relate certaines situations qui ont causé des nuisances pour le voisinage ces dernières années. « Il n’est pas rare que des adultes occupent le terrain et jouent au-delà des heures d’ouverture. Comme le parc n’est pas éclairé, ils s’éclairaient avec les lumières de leurs voitures! Et comme il n’y a pas de toilettes sur le site, il y a eu des cas d’utilisateurs qui ont fait leurs besoins dans les haies des voisins. » Pascal Normand, voisin du parc, constate pour sa part que rares sont les jeunes qui pouvaient effectivement jouer au parc, intimidés par la présence d’adultes. Depuis l’annonce de la Ville et le lancement de la pétition, il déplore aussi un afflux de messages haineux envers le voisinage du parc.
Quel avenir?
La Ville a décidé de fermer le terrain principal de basketball, mais aucune décision n’est encore prise pour ce qui sera mis à la place. Des discussions doivent avoir lieu dans les prochains mois à cet effet et d’autres annonces suivront. « C’est tellement crève-cœur de fermer ça parce que c’est une très belle installation, mais c’est certain que ça ne sera pas perdu et qu’on fera autre chose avec le terrain », assure la mairesse. Elle souligne au passage que la Ville a appris sa leçon et qu’elle va mieux étudier les impacts de nouvelles infrastructures avant leur installation pour éviter la situation comme au parc Charles-Larocque ou encore au parc canin, autre sujet chaud (voir autre texte en page 5). « C’est fou de penser qu’on a pu mettre autant d’argent et d’énergie pour en arriver à ce point. C’est vraiment une situation perdant-perdant de fermer une installation comme ça », conclut Mme Viau.