15 novembre 2023 - 07:00
La fonction ingrate
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Si on remonte le temps de deux ans exactement, nous étions en pleine période électorale municipale. Nous avons assisté à ce moment à un énorme renouveau dans notre coin de pays. Sur les 13 maires et mairesses à être élus dans la MRC de La Vallée-du-Richelieu, 7 étaient nouveaux; parmi eux, des élus en provenance de villes aussi grosses que Belœil et Mont-Saint-Hilaire.

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Deux ans plus tard, nous prenons un mince temps d’arrêt pour dresser les bilans de quatre des élus des villes les plus peuplées de notre région. Les élus de Belœil (Nadine Viau), de Mont-Saint-Hilaire (Marc-André Guertin), de McMasterville (Martin Dulac) et d’Otterburn Park (Mélanie Villeneuve) ont accepté de prendre environ une heure avec notre équipe pour discuter des enjeux de leurs villes respectives.

Nous en avons aussi profité pour découvrir un peu la personne derrière la fonction. Une fonction souvent ingrate qui a énormément changé avec le temps. Être un élu municipal, c’est faire partie d’un gouvernement de proximité, c’est-à-dire répondre aux besoins directs des citoyens, que ce soit l’entretien des routes, la collecte des déchets, la gestion de l’eau; normal donc de vouloir mieux connaître ceux qui prennent ces décisions.

Depuis quelques années, les défis que relèvent les élus vont au-delà des tâches qu’on confiait initialement aux élus municipaux. Je pense aux impacts des changements climatiques sur nos infrastructures, je pense à toutes les régies intermunicipales; fini la police locale ou les pompiers volontaires. Les villes doivent maintenant se coordonner entre elles pour offrir ces services de plus en plus coûteux et spécialisés. Sans parler de la crise du logement et des enjeux de mobilité, des défis de plus en plus complexes qu’on dépose sur les épaules des élus municipaux qui ont rarement une formation en urbanisme ou en gestion municipale. Il faut donc apprendre à la vitesse grand V.

Avec un salaire pas toujours aussi reluisant qu’on pense, surtout pour les petites municipalités où les élus doivent partager leur temps entre le travail, la vie de famille et la municipalité. Une mairesse me confiait qu’avec son salaire d’élue actuelle, qui lui demande tout son temps, elle ne pourrait pas se payer une maison dans sa propre ville.

Tout ça dans un univers de réseaux sociaux où les faits et gestes sont scrutés à la loupe. Les citoyens sont présents sur les plateformes et ils veulent s’adresser directement aux élus. Et ils veulent des réponses rapidement. Il y a tellement de pages Facebook de type « Spotted » où les citoyens s’expriment qu’il est difficile de les suivre. Et c’est sans parler du harcèlement ou de la violence verbale ou écrite… Pas pour rien que certains jettent la serviette.

Dans une entrevue accordée au 98,5, vendredi dernier, le maire de Varennes et président de l’Union des municipalités du Québec, Martin Damphousse, rappelait que dans la dernière année, il y a eu un record de départs dans le milieu. Plus de 300 élus ont remis leur démission. Nous en avons eu quelques-uns ici aussi. Matière à réflexion!

Je n’écris pas ces mots pour tenter de les prendre en pitié. Au contraire, je le fais pour souligner encore une fois l’énorme respect que j’ai pour eux. J’aime le rappeler une fois de temps en temps. Et c’est pour ça que nous prenons le temps de les rencontrer pour discuter avec eux dans les prochaines éditions, à commencer cette semaine avec le maire de McMasterville, Martin Dulac. Bonne lecture.

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