L’organisme qu’il a fondé à Sainte- Madeleine en 1981 avec l’aide de sa conjointe de l’époque, Johanne Hallé, perd du même coup son plus ardent ambassadeur et un pilier. « Mon père était un véritable capitaine, toujours prêt à affronter les tempêtes et à ajuster les voiles pour mener Mira vers de nouveaux horizons. Son esprit d’innovation, sa résilience et sa détermination ont été le vent qui a porté cette grande aventure. C’est un honneur pour moi de poursuivre son œuvre, en restant fidèle à sa vision », a mentionné Nicolas St-Pierre, qui poursuit l’œuvre de son père depuis 2015, à titre de directeur général de la Fondation Mira.
Au fil des ans, la vision audacieuse et le dévouement d’Éric St-Pierre ont permis à Mira de devenir une référence mondiale dans le domaine des chiens-guides et d’assistance, souligne l’organisme. Plus de 4000 chiens ont ainsi été remis gratuitement depuis sa création.
« Éric était bien plus qu’un fondateur; il était un mentor, un innovateur et une source d’inspiration pour tous ceux qui ont eu la chance de croiser son chemin. Son amour pour les chiens et sa détermination à améliorer la qualité de vie des personnes handicapées ont été les moteurs qui ont guidé chaque étape du développement de la fondation », a témoigné Philippe Angers, président du conseil d’administration de Mira.
Son plus grand succès
Humble, il n’était pas très à l’aise de recevoir des honneurs. Il a toujours tenu à partager son succès avec toute son équipe et avec « le bon petit monde » qui a cru, dès le départ, en lui et à la mission de la Fondation Mira.
« Je n’ai pas fait tout cela tout seul, disait-il en parlant de Mira. Je ne serais arrivé à rien sans ceux qui m’ont soutenu et encouragé à coup de 2 $ et de 3 $ depuis 1981. Former un chien et faire rouler la Fondation Mira, c’est pour moi une passion, un cadeau de la vie. »
Natif de Mont-Saint-Hilaire, Éric St-Pierre a toujours été fasciné par les chiens, mais il n’a pas toujours été fidèle au meilleur ami de l’homme. Adolescent et grand fan d’Adamo, c’est plutôt la musique qui meuble son univers. Il sera tour à tour le Éric du groupe Éric et les Gamins et le Éric qui a popularisé la chanson « Nathalie ». Ce 45 tours se vendra à 100 000 exemplaires et fera même du jeune interprète la révélation masculine de l’année au Gala des artistes de 1967. La même année, l’honneur du côté féminin reviendra à une chanteuse prometteuse : Nanette Workman!
Heureusement pour les non-voyants, la carrière du beau Éric tourne court. « Je n’étais pas un gars de show, racontait Éric St-Pierre. Je n’étais pas dans mon élément. »
Il préfère de loin entraîner des chiens à toutes sortes de tâches, un don qu’il a développé très jeune. C’est en rendant service à une personne qui avait du mal avec son chien-guide provenant des États-Unis que M. St-Pierre a eu l’idée de combler un vide.
« Des chiens-guides, ça existe depuis 1929 aux États-Unis, mais ça s’exporte très mal, racontait-il en entrevue. D’autant plus que la formation est en anglais et que nos hivers sont plus rigoureux. J’ai fait le tour des écoles américaines pour suivre une formation, mais on m’a refusé partout. Elles ne voulaient pas former la concurrence. »
Éric St-Pierre s’est donc inscrit à l’Institut Nazareth et Louis-Braille de Montréal où il a suivi une formation complète d’instructeur en mobilité. « Je voulais penser, agir et ressentir comme les personnes non voyantes. Je me suis promené avec un bandeau sur les yeux avec une canne blanche dans les rues et le métro. Tout cela m’a permis de mettre au point mon programme de formation pour chiens-guides, puis d’assistance. » Il s’est installé à Sainte-Madeleine presque par obligation. « Obtenir un permis pour ouvrir un chenil, ce n’était pas évident. À Sainte-Madeleine, on avait le droit. »
C’est le 21 octobre 1981 qu’il présentera finalement ses deux premiers chiens-guides entraînés selon la recette St-Pierre. Puis, au début des années 1990, surviennent deux événements marquants pour la Fondation Mira, soit la création d’un programme de chiens-guides à l’intention des jeunes aveugles en 1991 et le lancement du programme de chiens d’assistance offerts aux enfants et aux adultes qui présentent à la fois un handicap visuel et moteur.
Des dons
À l’occasion du décès de son cofondateur, la famille St-Pierre souhaite exprimer sa gratitude envers tous ceux qui l’ont soutenu tout au long de sa vie professionnelle et personnelle. En hommage à sa mémoire, elle encourage ceux qui le souhaitent à faire un don à la Fondation Mira au mira.ca afin que son héritage puisse perdurer.
Mira poursuit l’objectif d’accroître l’autonomie et l’inclusion sociale des personnes vivant avec un handicap visuel ou moteur ainsi que des jeunes présentant un trouble du spectre de l’autisme (TSA) en leur fournissant gratuitement un chien spécialement entraîné pour répondre à leurs besoins. Chaque chien représente un investissement de plus de 40 000 $ pour l’organisme, qui se finance uniquement grâce aux dons du grand public et du secteur privé.