À son arrivée à l’École d’éducation internationale (EEI) de McMasterville au début de la dernière année scolaire, Vincent Feurprier ne connaissait encore personne, mais il avait commencé la batterie quelques mois plus tôt et cherchait des amis pour jouer. Il a fait la rencontre de Damien Rioux et de son petit frère Vincent, et la chimie a vite opéré entre les trois, les menant à former un groupe reprenant des classiques du rock. « Ça fait 10 ans que je joue de la musique, dont le piano et plus récemment la basse, mais quand on a commencé à jouer ensemble, j’ai commencé à apprendre la guitare, puis le chant », raconte Damien Rioux, 14 ans.
« On a commencé avec “Roadhouse Blues” des Doors, puis “Wish You Were Here” de Pink Floyd, puis on a fait un medley de Genesis en vue de Secondaire en spectacle », poursuit-il. De l’aveu du jeune trio, leur amour pour le « vieux rock » vient de leurs parents, et ils se plaisent à faire découvrir ces classiques à un public moins exposé. « Ce sont de bonnes chansons et on voulait les mettre à l’honneur. Les chansons des années 2020, on les a déjà entendues mille fois, alors on a voulu faire connaître ces vieilles chansons à tout le monde à la place », insiste le chanteur. Le groupe a d’ailleurs eu la chance de jouer à plusieurs occasions le midi à l’EEI. « De faire des petits shows comme ça avec des chansons un peu moins connues aujourd’hui, ça permet de faire découvrir différents styles musicaux et peut- être donner le goût à certains auditeurs d’aller plus loin », croit le batteur Vincent Feurprier, 15 ans.
Le nom Bacatoune est venu alors que les trois musiciens se penchaient sérieusement sur la musique de Genesis. « Mon frère et moi, on est de grands fans de Genesis et on a vu deux fois The Musical Box, le groupe hommage à Genesis. Au début, on pensait à Boîte à musique pour notre groupe, mais c’était un peu trop proche, alors on l’a tourné en québécois et ça a donné Bacatoune », résume Damien Rioux.
Trois personnalités
En entrevue comme sur scène, les trois musiciens affichent leurs personnalités très différentes les unes des autres. Si Damien parle beaucoup et ne semble jamais manquer d’énergie, son petit frère Vincent, 13 ans, se montre plus discret et très concentré. « Il est tellement calme, il ne fait aucune face en jouant! » rigole Damien. De son côté, Vincent Feurprier admet vouloir travailler ses expressions faciales pendant qu’il joue, lui qui est encore très concentré sur la musique. C’est donc à Damien que le rôle d’entertainer revient entièrement sur scène. « Pendant les chansons, on peut dire qu’il n’a pas peur d’avoir l’air fou », lance le batteur. « Ça ne me dérange pas de hurler comme un perdu de temps en temps, de faire le fou ou de presque me mettre à danser sur scène pour entraîner le public. Tout ça n’est pas prévu : on ne fait que définir l’ordre des chansons et j’improvise ce que je fais sur le coup », reconnaît le chanteur.
Bacatoune surprend aussi par ses arrangements, même s’il n’est composé que de trois musiciens. « L’arme secrète » du groupe, c’est en fait Vincent Rioux, le claviériste de 13 ans. « Je joue toujours deux instruments en même temps, le piano d’une main et la guitare ou la basse de l’autre. » Cela a semé la confusion auprès de certains spectateurs qui ne comprenaient pas comment ils faisaient pour entendre en même temps une guitare et une basse sans voir les deux instruments sur scène. « Avec Vincent qui joue deux instruments et moi qui joue et chante, c’est un peu comme si on était cinq musiciens en tout temps », croit Damien Rioux.
En plus des mini-performances le midi, le trio a fait ses preuves à Secondaire en spectacle, où il s’est rendu en finale régionale, mais dans la catégorie hors concours comme le groupe ne jouait pas en français, favorisant plutôt de la musique instrumentale de Genesis, et a été invité à jouer durant le gala de fin d’année à l’EEI et, enfin, à la fête nationale. « Comme on a eu la chance de jouer des chansons à l’école, on a pu solidifier notre interprétation de ce qu’on allait jouer à la Saint-Jean-Baptiste et, rendus là, on était bien à l’aise », soutient Vincent Feurprier.
Spectacle mémorable
Les trois musiciens gardent d’ailleurs précieusement le souvenir de leur performance du 24 juin, leur premier spectacle extérieur et en dehors d’un contexte scolaire, mais aussi leur plus long spectacle avec un set de 45 minutes. « Je n’ai pas trouvé ça stressant comme expérience. On a joué devant du monde qu’on ne connaissait pas, mais c’était le fun de le faire et ça nous a donné une très belle expérience de scène en dehors de l’école », commente Damien Rioux.
« Quand on a commencé le show, vers 17 h 15, on était les premiers. Il n’y avait pas tant de monde, mais les gens qui étaient là ont pris la décision de venir écouter la musique qu’on proposait. On a eu un public de qualité qui a apprécié ce qu’on faisait avec de la musique québécoise allant des années 70 à aujourd’hui », renchérit Vincent Feurprier.
De son côté, Vincent Rioux a adoré jouer dehors, avec un soundman différent. « On est habitués avec quelqu’un qui met le son le moins fort possible, nous obligeant à tricher un peu pour jouer plus fort, mais cette fois, le son était très fort et se propageait très bien! », remarque-t-il. Vincent Feurprier confirme que cette fois, il entendait très bien ses collègues, chose qu’il peine souvent à faire lorsque le son est moins fort que son jeu de batterie.
Geneviève Paradis, mère des deux frères, partage ses impressions, vues du public. « Au début, le public ne s’attendait à rien, car personne ou presque n’avait encore entendu les gars jouer du québécois. Il y avait peut-être 50 ou 60 personnes au début de la performance, mais je pense que ça avait monté à 200 quand ils ont joué “J’entends frapper”. Le son était fort et Damien a été une vraie boule d’énergie. Ils ont joué comme si c’était la dernière fois qu’ils montaient sur une scène et ont mis le paquet! » Elle note aussi que Bacatoune a appris les chansons en un temps record : malgré l’école et les examens de fin d’année, le groupe a monté son spectacle en moins de trois mois.
Le spectacle de Bacatoune a été rendu encore plus mémorable avec la participation de deux musiciens de plus à la toute fin : Cédric Rioux et Jean-Michel Feurprier ont monté sur scène aux côtés de leurs fils le temps de deux chansons. « C’était toute une expérience, et un rêve d’un jour jouer avec mes gars », confie Cédric Rioux, qui a joué de la guitare pour l’occasion. « Ça a permis aux gars de jouer quelque chose d’un peu plus costaud », ajoute Jean-Michel Feurprier, à la basse.
Le spectacle de la fête nationale s’est conclu avec du Plume Latraverse et du Offenbach, des chansons où les musiciens ont tout donné. « C’était intense et on a mis toutes nos énergies restantes pour ces deux chansons », confirme Vincent Feurprier, qui a vécu « du bon stress » pendant ce spectacle. « J’ai vraiment hâte de voir la suite pour nous. On ne se donne pas de limite et on veut aller le plus loin possible. Si ça se trouve, on va bientôt commencer à composer nos propres chansons ou devenir le prochain groupe hommage à Genesis; ça peut aller dans n’importe quelle direction et on est prêts à accepter ce qui va s’offrir à nous. »
Au moment de l’entrevue, aucun autre spectacle n’était encore au programme pour Bacatoune, mais le trio commençait déjà à penser à la prochaine édition de Secondaire en spectacle, où il pourrait concocter un medley de chansons québécoises. « On veut continuer d’ajouter des chansons rock à notre répertoire et aussi élargir notre répertoire québécois pour un éventuel show de la Saint-Jean-Baptiste encore plus gros », lance quant à lui Damien Rioux, sentant que Bacatoune pourrait être invité à nouveau à la fête nationale dans le futur. En tout cas, le groupe accepterait volontiers l’invitation si elle lui était faite.