Rappelons que la semaine dernière, L’Œil Régional rapportait que la continuation de ce procès, prévue initialement à la fin mars 2023, avait été repoussée au 5 février 2024. Le juge assigné au dossier, Benoît Gariépy, avait confondu les dossiers d’Abraham Leblanc et de David Leblanc et avait ainsi fixé les deux causes au même moment.
Notons qu’en raison de l’arrêt Jordan, les procédures judiciaires ne peuvent pas s’étendre au-delà de 30 mois après l’arrestation d’un accusé. Abraham Leblanc a été arrêté le 29 janvier 2020. Le report de sa cause en février 2024 irait au-delà du 30 mois.
La juge Lucie Rondeau n’a pas voulu commenter spécifiquement le dossier d’Abraham Leblanc, mais assure que la direction de la Cour est bien informée des difficultés liées aux délais judiciaires qui persistent depuis longtemps en Montérégie, et ce, dans toutes les matières. « La Cour applique des mesures de gestion en vue d’assurer un suivi régulier des délais judiciaires. Dans ce contexte, le dossier d’Abraham Leblanc, à l’instar de bien d’autres, est susceptible de faire l’objet d’interventions spécifiques avant la date fixée. »
La magistrate précise aussi qu’un seul juge siège à temps plein au palais de justice de Saint-Hyacinthe en matière criminelle depuis quelques années en raison de l’absence prolongée de l’autre juge pour des raisons médicales. En principe, le district devrait avoir deux magistrats pour ces causes.
« Les règles applicables en l’espèce ne nous permettaient pas, jusqu’à tout récemment, de pourvoir ce poste laissé vacant. Par ailleurs, l’augmentation du nombre de juges à la Cour en mai 2022 (à la suite d’une demande formulée à l’automne 2020) a conduit à l’ajout d’un troisième poste à Saint-Hyacinthe et à la nomination, le 8 février dernier, de l’honorable Christian Jarry. Ce poste additionnel et le processus récemment enclenché pour pourvoir celui vacant en raison d’une absence prolongée permettent d’envisager que les délais s’amélioreront sous peu », renchérit Lucie Rondeau.
Une cause au civil
Le report de la cause au criminel risque d’avoir des incidences sur la poursuite au civil déposée en août dernier par quatre héritiers de Lionel Martineau. Paul, Carole, Gaston et Jacques Martineau réclament un total de 310 000 $ à Abraham Leblanc à titre de dommages et intérêts pour responsabilité civile. Le tribunal avait suspendu le traitement de cette poursuite l’automne dernier pour attendre l’issue du procès criminel. Ce dossier doit finalement revenir devant le tribunal en mai.
Rappels des faits
L’événement ayant entraîné la mort de Lionel Martineau remonte au 26 octobre 2019. Cette journée-là, l’homme âgé de 92 ans promenait son chien dans la rue Jeanne-Mance à Belœil. Son chien aurait marché sur le terrain d’Abraham Leblanc qui s’affairait à monter son abri d’auto. Abraham Leblanc aurait demandé plusieurs fois à M. Martineau de quitter son terrain avec son chien. Il n’appréciait pas la présence de l’animal, car il y avait un enfant à proximité. Abraham Leblanc aurait dit à M. Martineau d’arrêter et aurait éventuellement poussé l’homme âgé qui s’est barré les pieds et est tombé par la suite sur le trottoir.
Abraham Leblanc a été arrêté le 29 janvier 2020. En plus de l’accusation d’homicide involontaire, des accusations de voie de fait causant des lésions corporelles se sont ajoutées. M. Leblanc a obtenu par la suite sa remise en liberté avec conditions à respecter et un engagement de 2000 $ sans dépôt. Avant ce malheureux événement, il n’avait aucun antécédent judiciaire.