La nouvelle a été confirmée publiquement le 24 avril par la Ville. Cette dernière avait toutefois tenu deux jours plus tôt une séance extraordinaire du conseil municipal pour mettre fin, par voie de résolution, au statut d’organisme reconnu. La Municipalité a communiqué l’information plus précisément à la directrice générale actuelle de la Maison, Chantal Millette, et au président du conseil d’administration, Kenny Régis.
L’audit de gouvernance, effectué par la firme Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT), montrerait plusieurs manquements et lacunes, dont des contraventions à la Politique de reconnaissance et de soutien aux organismes et au Programme de soutien financier et de reddition de comptes aux organismes ainsi que des déficiences dans le processus décisionnel. Cet audit de gouvernance devait être d’ailleurs officiellement déposé le 28 avril prochain et rendu public à des fins de consultation.
« Les conclusions que nous avons eues étaient assez éloquentes. Nous avons aussi voulu annoncer la nouvelle plusieurs jours avant l’échéance du bail pour permettre à l’organisme de se virer de bord. C’est une des décisions les plus désagréables que j’ai prises en tant qu’élu », déclare le maire Marc-André Guertin.
La Ville dit croire en la mission de l’organisme, mais les recommandations du rapport d’audit doivent être appliquées avant de recommencer à le soutenir. « La reddition de comptes n’est pas terminée. Les états financiers nous ont révélé que le ministère de la Culture a retenu certaines sommes. La prochaine étape est de rencontrer les administrateurs pour notamment s’expliquer, enchaîne-t-il. Je le répète, nous soutenons toutes les initiatives qui sont en faveur de la promotion des activités représentatives des nations autochtones. Nous restons profondément engagés envers la promotion de la culture et le rapprochement entre les peuples. »
Rappelons que les divergences entre la Ville et La Maison autochtone remontent à plusieurs mois. Les deux camps n’avaient pas été en mesure au début de 2024 d’en venir à une entente et un bail avait été reconduit tacitement. Le maire de Mont-Saint-Hilaire, Marc-André Guertin, avait finalement durci le ton en novembre en indiquant que le bail ne serait plus reconduit sous les modalités actuelles de l’entente. La Ville avait accepté avant les fêtes de prolonger le bail de deux mois alors que les discussions allaient dans la bonne voie.
Une chicane interne a toutefois éclaté au sein du musée alors que les deux membres en poste du conseil d’administration, Richard Ruest et Alain O’Bomsawin, ont notifié par voie de mise en demeure que la directrice générale, Chantal Millette, était licenciée sur une base temporaire. Une assemblée générale extraordinaire a eu lieu par la suite et un tout nouveau conseil d’administration a été nommé. Mme Millette est ainsi toujours en poste pour le moment. Ce sont ces nouveaux développements qui ont mené la Municipalité à suspendre les négociations pour faire exécuter par Raymond Chabot Grant Thornton un audit sur l’institution muséale. Et l’occupation du local avait été ainsi prolongée par la suite jusqu’au 30 avril.
Réactions diverses
L’Œil Régional a contacté Kenny Régis et Chantal Millette pour obtenir des réactions, mais ces derniers n’ont pas donné suite à la demande du journaliste. Le fondateur du musée, André Michel, a bien voulu commenter. Notons que M. Michel n’avait pas été impliqué dans les négociations, vu qu’il ne siégeait pas au conseil d’administration. « Le maire Guertin, avec le directeur général, aura atteint son but de récupérer une bâtisse que moi et mes amis, dont [Jean-Paul] Riopelle, avons payée. Reste à savoir ce qu’il adviendra de certaines plaintes envoyées à diverses instances, dont celle envoyée à la Commission des droits de la personne (voir autre texte ici). »
Richard Ruest et Alain O’Bomsawin ont de leur côté affirmé comprendre la décision de la Ville. « Notre intention est de poursuivre la mission de La Maison autochtone, une fois que la restructuration administrative, attendue et nécessaire, sera faite. Cette restructuration vise à assurer une administration pour et par les Autochtones. L’avenir de la Maison passe par une reprise en main collective, guidée par les valeurs, les voix et les visions autochtones », ont-ils écrit par voie de communiqué.
Le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuits, Ian Lafrenière, a de son côté, reconnu que le résultat de ce dossier est bien triste.
« Mon mandat, c’est le rapprochement de nation à nation, et cette fermeture représente un recul, notamment pour le tourisme autochtone. La Maison autochtone offrait une vitrine culturelle importante dans la région de Montréal, l’une des 250 expériences touristiques autochtones au Québec. Je ne commenterai pas ce qui a été rapporté, mais l’audit en cours soulève des préoccupations sérieuses. Cela dit, je demeure un partenaire engagé pour toute initiative qui vise à faire rayonner les cultures autochtones. »