Une lettre a été envoyée par la Municipalité au conseil d’administration de la Maison l’informant que des irrégularités ont été constatées. Plusieurs sources ont confirmé à L’ŒIL l’existence et certains passages de cette lettre. Le nouveau président du conseil d’administration de l’organisme, Kenny Regis, n’a toutefois pas voulu divulguer la lettre, mais a bien voulu commenter la décision.
« Nous allons collaborer dans tout ce processus d’enquête. Les supposées irrégularités se sont produites avant que j’arrive en poste. Nous avons néanmoins décidé de ne plus autoriser aucune dépense. Les autres membres du CA étaient d’accord. Une fois que tout sera éclairci, nous allons nous asseoir avec la Ville. »
De son côté, le maire Marc-André Guertin estime devoir faire attention aux choix de mots dans ce dossier, par souci d’éthique et de respect pour le musée. Il a toutefois confirmé qu’une démarche de vérification de gouvernance est en cours et que la firme Raymond Chabot Grant Thornton a été mandatée dans ce dossier. « Nous nous retrouvons dans une situation inusitée. »
Rappelons qu’un bail et une nouvelle entente doivent être ficelés pour que l’organisme puisse continuer d’occuper le bâtiment municipal de la montée des Trente. Le bail actuel a été prolongé au 28 février. M. Guertin n’a pas voulu spéculer sur le sort qui serait réservé au musée si le tout n’était pas encore réglé à cette date.
Un dossier qui dérape
Après plusieurs mois de négociations et d’échanges parfois tendus, un dénouement semblait se dessiner à l’approche des fêtes. La Ville et les membres du conseil d’administration avaient co-signé un communiqué pour indiquer que le bail était prolongé jusqu’en février et que les deux organisations étaient confiantes de s’entendre incessamment.
Une chicane interne a toutefois éclaté au même moment. Le CA de la Maison, alors représenté par le président Alain O’Bomsawin et le vice-président Richard Ruest, a envoyé une mise en demeure le 18 décembre à la directrice générale Chantal Millette pour l’aviser de sa mise à pied temporaire avec solde. Le CA estimait que sa relation avec André Michel, l’artiste et fondateur du musée, mais aussi son conjoint, la plaçait en conflit d’intérêts.
Malgré la mise en demeure, une assemblée générale extraordinaire a eu lieu le 21 décembre et de nouveaux membres ont été nommés au conseil d’administration. À la suite de cette assemblée, Alain O’Bomsawin et le vice-président Richard Ruest ont été exclus du conseil. Réjean O’Bomsawin avait été nommé président, mais a annoncé sa démission le 28 décembre. Kenny Regis a été nommé président par la suite.
André Michel écorché
Le conseiller élu du Conseil des Abénakis d’Odanak, Jacques T. Watso, a envoyé une lettre pour dénoncer l’appropriation culturelle qui se produit présentement au musée. « La Maison, plutôt que de mettre pleinement en valeur les créations et les perspectives des artistes autochtones, sert davantage à exposer les œuvres de non-autochtones, notamment celles d’André Michel et de Riopelle, qui peignent fréquemment des sujets autochtones. Comme d’autres avant eux, ils doivent s’adapter au paysage changeant de notre ère s’ils souhaitent continuer à soutenir la cause autochtone de manière respectueuse et pertinente. »
M. Watso, aussi ancien candidat de Québec solidaire, ajoute que les Premières Nations sont les mieux placées pour gérer les institutions qui les concernent. Il reconnaît néanmoins l’apport d’André Michel dans la mise en lumière de la culture autochtone dans l’espace public. « À l’époque, un tel espace de rencontre et de partage n’aurait peut-être jamais vu le jour sans le soutien de son fondateur. »
André Michel n’a pas voulu commenter la lettre de Jacques T. Watso ni l’audit présentement en cours. La lettre « Maison autochtone : un espace à laisser aux premiers concernés » dans son entièreté peut être lue dans la section opinion.