Un jugement en faveur de la Ville a été rendu le 10 avril dernier à la Cour supérieure du Palais de justice de Saint-Hyacinthe. La Ville d’Otterburn Park poursuivait la propriétaire du 598, rue Connaught pour des problèmes d’insalubrité majeurs qui rendaient non seulement la maison invivable, mais pourrissait aussi la vie du voisinage qui se plaignait d’importantes odeurs nauséabondes.
Dans son jugement, le juge Jérome Frappier ordonne à la propriétaire de vider la maison de « tous les meubles et objets malpropres ou malodorants qui s’y trouvent » et de démolir complètement la résidence, incluant la fondation, la piscine hors terre et la remise, d’ici le 4 juin, ainsi que de nettoyer le terrain et le garder dans cet état.
Si Mme Harbour ne se soumet pas aux demandes du jugement, la Ville pourra elle-même effectuer les travaux de démolition et de nettoyage, aux frais de la propriétaire, d’ici le 4 juin 2025.
Mme Harbour devra aussi rembourser plus de 36 500 $ à la Ville pour divers montants avancés dans le dossier, notamment des frais d’expertise pour évaluer la maison et autres frais juridiques.
Mme Harbour, qui s’est représentée elle-même en tant qu’avocate, a acquiescé aux conclusions du juge.
Rappelons que la Ville avait confirmé une insalubrité si incrustée dans les murs de la maison que la démolition semblait être la seule option. Selon différents rapports, on rapportait parfois sur le terrain des déchets à l’abandon, la présence de nombreux chats (jusqu’à 18 selon un rapport) et d’odeurs très fortes. Dans le dossier de cour que le journaliste a consulté, on constate aussi que l’insalubrité est aussi pire à l’intérieur, avec des pièces invivables remplies de détritus et de déchets.
Dans différents rapports, la Ville allègue la présence « de fortes odeurs d’urine de chat, de litière, d’excréments d’animaux et d’ordures. » En mai 2023, la Ville avait obtenu la permission du juge d’envoyer sur place des experts et des inspecteurs. Dans un des rapports que le journaliste a consultés, un expert en bâtiment conclut « que des travaux de rénovation dans la résidence ne garantiraient pas une élimination complète et définitive des mauvaises odeurs et seraient aussi trop coûteux eu égard à la valeur du bâtiment ». L’expert recommandait une démolition de la résidence.
On peut supposer que cette saga a coûté très cher aux contribuables d’Otterburn Park. En 2023 seulement, la Ville a versé 74 213,90 $ en frais d’avocat à la firme Dufresne Hebert Comeau pour ce dossier. Au moment de mettre sous presse, nous n’avions pas obtenu tous les montants.
Enfin
Pour Louise Denoncourt, voisine de la maison visée par le jugement, c’est la fin d’un long calvaire. « On va ouvrir le champagne à l’arrivée de la boule de démolition », affirme Mme Denoncourt, qui subit les mauvaises odeurs depuis plus de 10 ans et qui a pensé vendre sa maison à plusieurs occasions. Différents voisins interviewés dans les dernières années affirmaient ne plus recevoir de visite ou manger à l’extérieur en été à cause des odeurs.
Mme Denoncourt se dit soulagée, mais tout de même inquiète pour la suite, car même si la maison va être démolie, elle craint une importante contamination du terrain qui pourrait forcer la ville a retourner devant les tribunaux.
Au moment de mettre sous presse, la maison n’avait pas encore été démolie.
Soulignons aussi que la maison construite en 1974 est toujours à vendre pour un montant de 424 900 $. Le courtier immobilier Marco Bergeron, de l’agence immobilière Exp, n’a pas voulu commenter le jugement pour respecter la confidentialité du dossier. Il confirme toutefois que la démolition de la maison était prise en compte dans le prix de vente affiché. Dans la fiche détaillée du courtier, on peut lire que le courtier affirme ne pas avoir visité l’intérieur de la maison et concède que la maison nécessite une démolition ou des travaux majeurs. Au téléphone, il souligne que le terrain à une bonne valeur marchande, notamment avec l’arrivée de Northvolt.
Invitée à commenter, la Ville a répondu par courriel une courte réponse : « La Ville accueille favorablement le jugement rendu dans ce dossier. Ce verdict est en parfaite adéquation avec la volonté de la Ville à garantir un environnement sain et sécuritaire pour tous nos citoyens. »
De son côté, Mme Harbour n’a pas répondu à la demande d’entrevue du journal.