11 janvier 2023 - 07:00
La mémoire collective
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

J’ai l’âge de me souvenir du verglas. J’avais 14 ans à l’époque. Mais je n’ai aucun « vrai » souvenir. Un numéro d’humour de Jean-Marc Parent, quelques images de topos de fin de soirée. J’habitais la région de Sorel-Tracy et je pense qu’on a manqué de courant pendant une heure. Et encore! On est loin du triangle noir.

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Je pense que je me souviens du premier ministre Lucien Bouchard et du PDG d’Hydro-Québec, André Caillé. Mais je ne sais plus si ces images viennent de mon adolescence, ou de mes cours de gestion de crise à l’université.

Je n’ai pas de cicatrices, pas d’histoires. Et franchement, quand j’ai vu les premiers reportages sur les 25 ans du verglas la semaine dernière, j’ai roulé les yeux au ciel. Encore? Faudrait en revenir.

Puis, c’est Guy Dubé, l’ancien maire d’Otterburn Park, qui m’a ouvert les yeux. Il m’a demandé si le journal allait glisser un mot des événements. Je me disais qu’on en avait tellement parlé dans différentes éditions dans le passé et que, de toute façon, je n’avais pas vraiment le temps de replonger dans les archives.

Puis, j’ai relu l’entrevue qu’il m’avait accordée en 2008, dix ans après les événements, alors que j’étais un jeune journaliste. J’ai commencé en novembre 2007 à L’ŒIL et, dès mon arrivée, mon rédacteur en chef m’a confié quelques sujets d’entrevue en vue de la préparation du « Spécial 10 ans du verglas ». Je n’étais plus à Sorel-Tracy; j’étais dans la Vallée-du-Richelieu et, ici, les gens avaient tous une histoire. Eux, ils avaient connu les camps de fortune, le bois de chauffage hors de prix, les rues impraticables, le manque d’électricité pendant des semaines. J’ai eu la chance d’avoir en entrevue des gens qui avaient de belles histoires à partager. Je me souviens de cette entrevue avec Benoit Hamel, alors coordonnateur de la conservation et des affaires universitaires pour l’Université McGill, qui m’avait résumé l’impact du verglas sur la montagne. La presque quasi-totalité des arbres avait été touchée par la crise. Je vous invite d’ailleurs à vous rendre sur le site web de la Réserve naturelle Gault. Un récent article sur les impacts du verglas est d’une lecture fascinante.

En parlant du verglas cette semaine, tout le monde autour de moi avait son anecdote, son souvenir. Oui, même 25 ans plus tard.

M. Dubé a accepté de revisiter son implication dans la crise. Il était bouleversé en 2008 lors de notre première rencontre. J’ignorais qu’il était tout aussi touché 15 ans après notre entrevue. À la lecture de mon texte, j’ai compris pourquoi. Fallait être là pour comprendre.

En fin d’entrevue, la semaine dernière, il m’a parlé du devoir de mémoire. Je sais qu’il a approché les élus d’Otterburn Park pour en discuter et, cette semaine, j’ai vu sur la page Facebook de la Ville un montage d’images de l’armée, des employés.

Alors même si je n’étais pas là, mon travail m’impose ce devoir de mémoire. Ce ne sont que quelques modestes mots, mais je m’en sers pour souligner le travail de milliers d’hommes et de femmes qui ont travaillé fort pendant cette crise. Bravo à vous.

Et comme me le répétait M. Dubé, en espérant que nous serons mieux préparés la prochaine fois. C’est beau la résilience, mais si on pouvait éviter tout ce trouble, ça ferait notre affaire!

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